Lot 101
  • 101

STATUE, BAULÉ, CÔTE D'IVOIRE |

Estimate
100,000 - 150,000 EUR
bidding is closed

Description

  • haut. 43 cm ; 17 in

Provenance

Daniel Hourdé, Paris
Alain de Monbrison, Paris
Collection Marceau Rivière, Paris, acquis ca. 1990

Catalogue Note

Témoin magistral du prestigieux corpus de la grande statuaire Baulé la figure féminine de la Collection Marceau Rivière illustre le talent individuel d’un maître sculpteur aujourd’hui identifié comme le « Maître de la coiffure en tresse ». D’une exceptionnelle qualité son œuvre s’affirme par la sensibilité dans le traitement des visages – notamment dans la facture des yeux soulignés par des paupières lourdes -, le raffinement des scarifications et les très belles coiffures en cheveux tressés. Etroitement apparentée à la figure féminine publiée en 1967 par Pierre Meauzé (Sotheby’s, New York, 11 mai 2012, n° 104), cette statue s’impose par sa majestueuse présence et par sa rarissime gestuelle asymétrique : la main droite posée sur le sein, signifiant sa qualité de mère protectrice. Par ses dimensions majestueuses et l’exaltation d’une beauté parfaitement maîtrisée, cette statue illustre avec force la démarche des devins komyen les plus puissants qui, pour capter leur auditoire et démontrer leurs pouvoirs, commanditaient les sculptures les plus éloquentes. Sublimation des forces sauvages de la nature, elle s’affirme dans l’harmonie du visage aux traits idéalisés, et dans la délicatesse des signes de beauté façonnés par la main de l’homme, en particulier la coiffe d’une complexité raffinée et les nombreuses scarifications dont les lignes contribuent au rythme de la composition.

S’ajoute la très belle patine sombre qui permet selon toute vraisemblance de l’identifier à un asie usu - représentation dictée par le devin d'un "génie de la brousse" sous la forme d'un bel humain. Les statues d’asye usu étaient conçues comme un réceptacle, un lieu de résidence pour les esprits permettant aux hommes, et au devin lui-même, de les apaiser, de les honorer et de communiquer avec eux. Plus la statue était belle, plus l’esprit était bienveillant. Dans cette métamorphose de l’esprit de la nature, l’art remplissait une fonction supérieure : « surmonter l’instinct, l’irrationnel, dépasser le désordre du monde pour inscrire dans des plans nets, des contours précis, un équilibre, dominer l’impulsivité, immobiliser l’esprit volatile, lui fixer la contrainte d’une mesure, d’une musicalité. […] Imposer à un être indocile et turbulent une architectonique, une densité, des lignes harmonieuses, doucement incurvées » (Boyer, Baulé, 2008, p. 33-34).

A superb exemplar from the prestigious corpus of the great Baule statuary, the female figure from the Marceau Rivière Collection illustrates the individual talent of a master sculptor today identified as the "Master of the braided coiffure". His work’s individuality shines through in the sensitive treatment of faces, especially in the figuration of the eyes, emphasized by heavy lids, the refinement of the scarification, and the beautiful braided coiffures.

Closely related to the female figure published by Pierre Meauzé in 1967 (Sotheby's, New York, 11 May 2012, No. 104), this statue stands out for its regal presence and for its rare asymmetrical gestures. The right hand placed on its breast, indicates its quality as a protective mother. The figure is a powerful illustration of the approach of the most powerful komyen diviners who, to captivate their audience and demonstrate their powers, commissioned the most eloquent sculptures. A sublimation of the wild forces of nature, it asserts itself in the harmony of the face with its idealized features, and in the delicacy of the canons of beauty shaped by the hand of man. The ability of the carver to present great detail is shawn in in particular in the coiffure with its sophisticated intricacy, and the numerous scarifications the lines of which contribute to the rhythm of the composition.

The very beautiful dark patina, in all likelihood, identifies it with an asye usu - a representation detailed by the diviner of a "genie of the bush" in the form of a handsome human being. Asye usu statues were designed as receptacles, places of residence for spirits allowing men and the diviner himself, to appease, honour and communicate with them. The more beautiful the statue, the more benevolent the spirit. In this metamorphosis of the spirit of nature, art fulfilled a superior function: "to overcome the instinct, the irrational, to transcend the disorder of the world in order to strike a balance through clear planes and precise outlines, to dominate impulsiveness, to immobilise the volatile spirit, to compel it through measure, musicality. [...] Imposing on an unruly and turbulent being an architectonic, a density, harmonious, softly curving lines" (Boyer, Baulé, 2008, p. 33-34).