Lot 266
  • 266

VOLTAIRE. L.A.S. À FYOT DE LA MARCHE. 30 JUILLET [1762]. 3 P. IN-4. SUR L'AFFAIRE CALAS + L.A. À G. CRAMER [7 JUIN 1763]

Estimate
5,000 - 7,000 EUR
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Description

  • Voltaire
  • Lettre autographe signée [à Claude Philippe Fyot de la Marche]. Aux Délices 30 juillet [1762].
3 pages in-4 (228 x 184 mm), sur un bifeuillet. Signée "V". Sur l'affaire Calas et des tragédies de Pierre Corneille, au président du Parlement de Bourgogne. "La Bourgogne n’est pas une province de la Chine. Si Confucius et Mencius avaient fait vos loix les fils liraient au moins les mémoires de leur père. Je veux croire que s’il n’a pas voulu voir vos raisons c’est qu’il s’en raporte à vous et aux arbitres que vous avez choisis l’un et l’autre. Autrement il faudrait gémir sur la nature humaine. Je pleure quelquefois sur elle, et vous verrez bien par les nouveaux mémoires sur l'horrible avanture des Calas qu'il y a de quoy pleurer. Il est malheureusement plus aisé d’etre roué que d'obtenir une revision du conseil. Mais que dites vous des pénitents blancs et des deux trous de leur masque ? C'est pourtant cette mascarade qui a mis sur la roue un pere de famille vertueux. Jay vu son fils qui a partagé ses fers et je l’ay vu fondre en larmes. Les fanatiques et les parricides ne pleurent point. Si je voulais peindre l’innocence je peindrais ce jeune homme. Les tragédies de Corneille me consolent un peu de celle de Calas. Elles sont pourtant bien remplies de boure. Je plains surtout votre dessinateur s'il est obligé de lire les pièces sur lesquelles il travaille. C’est un cruel employ de lire Attila, Agesilas, Pulcherie, Othon, Don Sanche d'Aragon, Andromède, la Toison d'Or, Pertarite, Teodore, Tite et Berenice. Danchet et labbé Pellegrin n'ont rien fait de si mauvais. Comment peut-on tomber ainsi de la nue dans la fange ! Cela doit faire trembler quiconque a sa petite portion d'une étincelle de génie. Il est plus sur de s’en tenir à cultiver son champ ; mais quand jay serré mon bled je sens qu'il faut encor autre chose. Les plaisirs de la campagne ne suffisent pas à l’esprit humain […] Je demanderai à Corneille la permission de venir vous faire ma cour pendant les vendanges". À cette date, Voltaire combat pour la révision du procès de Jean Calas (exécuté en mars 1762) et s’est attelé à la publication en 12 volumes du théâtre de Corneille, avec planches gravées, qui allaient paraître à Genève, chez Cramer en 1764 (voir lot 46). [On joint :]Lettre autographe [à Gabriel Cramer]. Mardy [7 juin 1763] (1 p. ½ in-8, 185 x 125 mm). À propos des choix de caractère pour l’impression du théâtre de Corneille : "Même caractère je crois pour touttes les tragédies ou soi disant telles de Pierre, et de Tomas. Le pis aller sera de commencer le onzième tome par le comte d’Essex. Les comédies suivront en petit caractère si on veut".   Référence : Correspondance, Pléiade, VI, p. 993-994, et VII, p. 273.