Lot 265
  • 265

VOLTAIRE. L.A.S. À FYOT DE LA MARCHE. 20 OCT. 1761. 4 P. IN-4 + 1.F. D'ADRESSE. SUR "OLYMPIE" ET LE PRÉSIDENT DE BROSSES

Estimate
4,000 - 6,000 EUR
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Description

  • Voltaire
  • Lettre autographe signée [à Claude-Philippe Fyot de la Marche]. Ferney, 20 octobre 1761.

Catalogue Note

4 pages in-4 (230 x 187 mm), sur un bifeuillet. Signée "V.". Date erronée d’une autre main au dernier feuillet. Sur sa pièce Olympie et ses démêlés avec le Président de Brosses

Le sujet de sa tragédie, écrite en 6 jours, lui a été inspiré par son ami : "vous avez été le génie qui m'a conduit. Vous devez savoir, en qualité de génie, que le sujet d'une tragédie me passait par la tête. Je ne voulais ny de froide politique, ny de froide rhétorique, ny de froides amours. J'ay trouvé tout ce que les plus grands noms ont de plus imposant, tout ce que la religion secrette des Anciens, si sottement calomniée par nous, avait de plus auguste, de plus terrible et de plus consolant, tout ce que les passions ont de plus déchirant, les grandeurs de ce monde de plus vain et de plus misérable, et les infortunes humaines de plus affreux. Ce sujet s'est emparé de moy avec tant de violence que j'ay fait la pièce en six jours en comptant un peu les nuits". Olympie met en scène les querelles entre généraux et héritiers d’Alexandre le Grand, dont sa fille Olympie (personnage imaginaire) au lendemain de la mort de celui-ci.
Puis Voltaire présente ses respects à la fille de son correspondant, Mme de Paulmy, avant d’évoquer le travail d’un graveur pour l’éditeur Cramer et enfin sa querelle avec Charles de Brosses qui a refusé l’arbitrage de la famille de La Marche dans l’affaire les opposant [une question de bois abattus et vendus sur le domaine de Tournay, bailliage de Gex, loué par le Président de Brosses à Voltaire] : "Je luy ay écrit à luy-même une lettre très ample dans laquelle je luy mets devant les yeux tous ses procédez et je finis par luy dire que s'il y a un seul homme dans Dijon qui l'approuve, je me condamne. Ah monsieur, vous riez de ce petit fétiche. Je ne ris pas. S’il a un visage de singe ; il a un cœur de boue. […] J'aimerais mieux vous envoyer ma tragédie, mais venez la voir jouer sur mon téâtre, il est joly. Nous y avons représenté Mérope, nous avons fait pleurer jusqu'à des Anglais. Oh que le cher Ruffey [Gilles Germain Richard de Ruffey, magistrat et membre de l’Académie de Dijon] aurait dormi !"

Le différend concernant les bois de Tournay ne devait trouver son épilogue qu’après le décès des deux protagonistes, par une transaction entre le fils de Brosses et Mme Denis.

[On joint :]
Feuillet d'adresse autographe à l’un de ses autres correspondants, Jacques Abraham Clavel de Brenles, assesseur baillival à Lausanne, et résident à Ussières (3 lignes sur un feuillet in-4, avec cachet cire rouge).

Référence : Correspondance, Pléiade, VI, p. 627-629.