VOLTAIRE. LETTRE AUTOGRAPHE À D'ALEMBERT. [LES DÉLICES] 5 FÉVRIER [1758]. 2 PAGES IN-8. SUR L'ENCYCLOPÉDIE.

2 pages in-8 (170 x 110 mm), sur un bifeuillet, adresse autographe, trace de cachet cire rouge.  Sur l’Encyclopédie et les attaques dont elle est l’objet, notamment en raison de la parution de l’article "Genève". "À la réception de votre lettre du 28, jay lu vite les articles dont vous parlez, homme selon mon cœur, mon vrai, mon courageux philosophe, ces articles augmentent mes regrets, non il n’est pas possible que la saine partie du public ne vous redemande à grands cris, mais il faut absolument que tous ceux qui ont travaillé avec vous, quittent avec vous. Seraient-ils assez indignes du nom de philosophes, assez lâches pour vous abandonner ? J’écrivis d’abord à M. Diderot et je luy dis ce que je pense. Je luy ay écrit encor. Jay redemandé mes articles. Et je nay point eu de réponse. Ce procédé est rare".Voltaire ironise sur le temps qu’il aura fallu aux partisans sociniens pour élaborer leur profession de foi et renouvelle son soutien à d’Alembert : "La seule politesse que je fasse, consiste à dire que vous avez fait beaucoup d’honneur à la ville, que votre article est l’éloge de la liberté, et que le gouvernement doit être très flatté ; que d’ailleurs vous n’avez certainement voulu blesser personne. […] Mme de Pompadour semblait faitte pour protéger l’Enciclopédie. L’abbé de Bernis doit chérir cet ouvrage, s’il a le temps de le lire. Ne se feront-ils pas tous deux honneur d’en être le soutien […] Je ne me console point que les fanatiques vous rendent Paris désagréable et vous empêchent de revoir les Délices. […] Que Paris est encore bête ! Cicéron et Lucrèce passèrent-ils par les mains des censeurs de livres ? Pourquoi cette rage contre la philosophie ? Je ne m’accoutume point à voir les sages écrasés par les sots. J’ai le cœur navré." Référence : Correspondance, Pléiade, V, p. 54-55. -- Éd. Kehl, LXVIII, 70-71.