Lot 260
  • 260

VOLTAIRE. L.A.S. À SON AMI THIERIOT. AUX DÉLICES, 20 NOVEMBRE [1757]. 3 PAGES IN-4. SUR LA GUERRE DE SEPT ANS.

Estimate
3,000 - 5,000 EUR
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Description

  • Voltaire
  • Lettre autographe signée à Nicolas Claude Thieriot. Aux Délices, 20 novembre [1757].
3 pages in-4 (242 x 183 mm), sur un bifeuillet, adresse autographe au verso, marque postale "Genève", cachet de cire rouge aux armes. À propos d’un épisode de la Guerre de Sept Ans, à un ami de longue date qui lui servit parfois d’agent littéraire et qui fut également un correspondant de Frédéric II de Prusse. Voltaire commente les nouvelles qu’il a apprises à travers les lettres de son ami, dont celle de la mort de Lady Elizabeth Montagu, comtesse de Sandwich et femme de lettres britannique. Puis il évoque la victoire des armées de Frédéric II face aux troupes françaises et autrichiennes à Rossbach le 5 novembre précédent : "on dit le désastre fort grand, et la terreur plus grande encore. Le roy de Prusse se croioit perdu, anéanti sans ressource quinze jours auparavant, et le voyla triomphant aujourd’hui : c’est un de ces événements qui doivent confondre toutte la politique. La postérité s’étonnera toujours qu’un électeur de Brandebourg après une grande bataille perdue contre les Autrichiens, après la ruine totale de ses alliez, poursuivi en Prusse par cent mille Russes vainqueurs, resserré par deux armées françaises qui pouvaient tomber sur luy à la fois, ait pu résister à tout, conserver ses conquêtes et gagner une des plus mémorables batailles qu’on ait données dans ce siècle. Je vous réponds qu’il va substituer les épigrammes aux épîtres chagrines. Il ne fait pas bon à présent pour les Français dans les pays étrangers. On nous rit au nez, comme si nous avions été les aides de camp de M. de Soubise. Que faire ? Ce n’est pas ma faute. Je suis un pauvre philosophe qui n’y prends ni n’y mets. Et cela ne m’empêchera pas de passer mon hiver à Lausanne dans une maison charmante, où il faudra bien que ceux qui se moquent de nous viennent dîner". Il se console par la nouvelle de la prise d’un navire anglais, chargé de tapis de Turquie : "Cela tient les pieds chauds, et il est doux de voir de sa chambre vingt lieues de pays, et de n’avoir pas froid". Référence : Correspondance, Pléiade, IV, p. 1154-1155.