Lot 311
  • 311

ZOLA (ÉMILE). LETTRE A.S. À FLAUBERT, 30 NOVEMBRE [18]78. 4 P. LETTRE TRÈS AMICALE OÙ IL ÉVOQUE SES ROMANS

Estimate
3,000 - 4,000 EUR
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Description

  • Zola, Émile
  • Lettre autographe à Gustave Flaubert, signée émile Zola, datée Médan, 30 novembre [18]78
4 pages sur un bifeuillet in-8 (210 x 136 mm) à l’encre noire sur papier vergé, sous chemise demi-maroquin noir moderne. Lettre très amicale à Flaubert dans laquelle il est question de Nana et de L’Assommoir Cette lettre date des débuts de la période naturaliste, à une époque où Zola et ses jeunes amis écrivains, encore débutants, voyaient en Flaubert leur « Maître » à tous. Zola et Flaubert s’étaient rencontrer en 1871. Zola, qui vient d’avoir des nouvelles de Flaubert par leur ami Maupassant, a su que le travail allait bien, mais que les affaires marchaient mal. L’éditeur Charpentier ne donnant pas suite à une proposition de Flaubert (une édition de luxe de Saint Julien l’Hospitalier), Zola met en garde son ami : Charpentier est un lâcheur. Il faut le mettre au pied du mur, pour en obtenir une réponse nette. Vous avez eu tort de ne pas exiger tout de suite de lui un engagement formel. Il essaiera aussi de trouver un journal pour publier la féerie de Flaubert (Le Château des cœurs). Puis il évoque son travail, la rédaction de Nana (qui paraîtra en 1880) : Nana marche bien, mais lentement. Je n’ai que trois chapitres et demi sur seize. La grande difficulté, c’est que ce diable de livre procède continuellement par vastes scènes, par tableaux où se meuvent vingt à trente personnages [...], et il me faut conduire tout ce monde, les faire agir et parler en masse, sans cesser d’être clair, ce qui est souvent une sacrée besogne. Enfin, je ne suis pas mécontent. Je crois que c’est très raide et très bonhomme à la fois. Mon ambition est de montrer la popote des putains, tranquillement, paternellement. Mais je ne serai pas prêt avant un an. À propos du théâtre et de la représentation de L’Assommoir (qui aura lieu en janvier 1879) : Quant au drame de l’Assommoir, je ne crois pas qu’il passe avant le milieu de janvier. Nous n’avons pu encore trouver une Gervaise; on finira par prendre la première femme venue. Les autres rôles sont distribués assez mal. Il veut se désintéresser le plus possible de l’aventure. Mais il s’avoue très tourmenté par l’idée de faire du théâtre. Je viens de lire Augier, Dumas, Labiche, et vraiment il y a une bien belle place à prendre à côté d’eux, pour ne pas dire au-dessus d’eux. Il a appris que Goncourt travaillait ferme à son roman des deux clowns (Les Frères Zemganno, 1879). Quant à Daudet, il serait souffrant et triste. Il lui souhaite bonne chance et bon travail et l’exhorte : Faites de beaux livres, cela vous consolera, si vous avez du chagrin. Quand le travail marche, tout marche. Et vous n’en êtes pas moins un bien grand écrivain, notre père à tous, même si on vous embête. Bibliothèque du Colonel Daniel Sickles (I, 20-21 avril 1989, n° 243). Correspondance, éd. sous la dir. de B.H. Bakker, Presses de l’Université de Montréal et Centre national de la Recherche scientifique, t. III, p. 278.