Lot 29
  • 29

BAUDELAIRE. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À POULET-MALASSIS, DATÉE DU 28 FÉVRIER [18]59, 3 P. BAUDELAIRE ET SAINTE-BEUVE

Estimate
2,000 - 2,500 EUR
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Description

  • Charles Baudelaire
  • Lettre autographe signée à Poulet-Malassis, datée du 28 février [18]59, signée Ch. Baudelaire.
3 pages in-8 (251 x 132 mm) sur un bibeuillet, sous chemise demi-maroquin noir moderne. Lettre importante sur les rapports de Baudelaire et de Sainte-Beuve. écrite d’Honfleur, où le poète était venu chercher le repos auprès de sa mère et tâcher d’oublier sa pauvreté, cette lettre est presque entièrement consacrée à l’affaire Sainte-Beuve/Babou. Malgré les prières de Baudelaire, Sainte-Beuve n’a jamais publié d’article sur Les Fleurs du Mal. Dans un article de La Revue française du 20 février 1859 soulignant les erreurs de jugement du critique, Hippolyte Babou, ami de Baudelaire (il lui aurait suggéré le titre Les Fleurs du Mal), reproche notamment à Sainte-Beuve de n’avoir pas ouvertement pris la défense du poète lors de son procès : Il glorifiera Fanny [d’Ernest Feydeau], l’honnête homme, et gardera le silence sur Les Fleurs du Mal, écrivit-il. Cet article mettait Baudelaire dans une position inconfortable par rapport à Sainte-Beuve, qui lui écrivit pour se dédouaner. Il fait à Poulet-Malassis le compte rendu de la réponse du critique, il dit avoir reçu une lettre épouvantable de Sainte-Beuve, mais que celui-ci, qui l’avait d’ailleurs aidé de ses conseils lors du procès, n’a pas cru que Baudelaire avait inspiré cet article à Babou. Ou Babou a voulu m’être utile (ce qui implique un certain degré de stupidité), ou il a voulu me faire une niche; ou il a voulu, sans s’inquiéter de mes intérêts, poursuivre une rancune mystérieuse. Après s’être enquis d’une traite de 1035 F, Baudelaire revient à ses inquiétudes : Voyez donc comme cette affaire Babou peut m’être désagréable. Il parle d’un ignoble article du Figaro, où on l’accuse justement de se moquer des chefs du Romantisme, puis de gravures de Debucourt, et en vient à l’article sur Théophile Gautier, qu’il a envoyé à L’Artiste et qui ne paraît pas (il sera publié le 13 mars). Il n’a pas reçu d’épreuves, et enfin personne n’a pensé à m’envoyer le prix de mon article ; (100 francs pour 25 colonnes à peu près !). Le monde est bien méchant... La dernière page est entièrement occupée par un long post-scriptum, où, après avoir évoqué Théophile Gautier (alors en voyage en Russie), il revient sur l’affaire Babou, qui semble l’obséder : Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c’est que la lettre de Sainte-Beuve. Il paraît que depuis douze ans il notait tous les signes de malveillance de Babou. Décidément, voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller. Ce qu’il y avait de dangereux là-dedans, c’est que Babou avait l’air de me défendre contre quelqu’un qui m’a rendu une foule de services... Finalement, Baudelaire écrira le même jour une troisième lettre à Sainte-Beuve, pour se justifier à nouveau de cette affaire. Vente Jules Claretie (Drouot, 21 janvier 1918, n° 27). Correspondance, éd. Cl. Pichois, Pléiade, 1973, t. I, p. 560-561. Il est précisé que l’autographe n’a pas reparu depuis 1918. — Voir Lettres à Baudelaire, éd. Cl. Pichois, p. 336-337 pour la lettre épouvantable de Sainte-Beuve à Baudelaire.