Lot 253
  • 253

[VALLÈS]. JEAN LA RUE. JACQUES VINGTRAS. TRILOGIE. EXEMPLAIRES DE LÉON HENNIQUE, SUR HOLLANDE, AVEC ENVOIS.

Estimate
6,000 - 8,000 EUR
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Description

  • Jean la Rue. Jacques Vingtras. Paris, Charpentier, 1879. — Jacques Vingtras. Le Bachelier. Paris, Charpentier, 1881. — Jacques Vingtras. L’Insurgé, 1871. Paris, Charpentier et Cie, 1886.
Ensemble 3 volumes in-12, demi-maroquin rouge avec coins, dos à nerfs portant le titre doré, tête dorée, non rogné (Pougetoux pour les deux premiers volumes, Blanchetière-Bretault pour le troisième). Éditions originales. Il n’a été tiré pour chaque volume que 10 exemplaires en grand papier, tous sur hollande. Ces trois ouvrages forment la trilogie de Jacques Vingtras, œuvre majeure de Jules Vallès. L’auteur, condamné à mort pour sa participation active à la Commune de Paris, notamment à la Semaine sanglante, vécut en exil à Londres de 1872 à 1880. Il y fixa le projet et le schéma de cette œuvre romanesque en partie autobiographique qui dénonce l’injustice sociale (cf. En français dans le texte, n° 307). Importants exemplaires de Léon Hennique (1851-1935), tous tirés sur hollande. Le premier volume porte ce superbe envoi autographe : A un de ceuxde la barricade littéraireA Léon HenniqueJules Vallès Jules Vallès possédait, selon les mots de Maupassant, un amour immodéré pour les « barricades ». Dans une lettre écrite de Londres en 1879 et adressée à Zola, l’ancien communard employait d’ailleurs le terme de « barricade » pour renforcer le caractère protestataire de son Vingtras, mué en une sorte de barricade littéraire (Roger Bellet, Dans le creuset littéraire du XXe siècle, 1995, p. 14) : Aussi ai-je besoin plus que jamais qu’on vienne au secours de ma barricade Vingtras [...]. Zola répondit à cet appel en prenant la défense de l’écrivain et travailla à sa réhabilitation. D’autres écrivains se rallièrent à la cause, à l’image de Léon Hennique. Le romancier naturaliste du groupe de Médan rédigea sur le champ un article élogieux dans le Voltaire du 2 juin 1879 : Ce livre est poignant, basé sur une observation impitoyable, si vivant [...] J’ai dévoré le roman de Jean La Rue. C’est à mon avis, le livre le plus remarquable de l’hiver. L’auteur de Jacques Vingtras, a droit à un succès, et il l’aura, aujourd’hui ou demain. [...] Jean La Rue a eu le courage de prêcher l’irrespect des anciens et la saveur de la modernité à une époque où la franchise d’une pareille opinion pouvait lui coûter cher. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup à penser comme lui, et nous n’avons pas oublié. Le second volume est également pourvu d’un envoi de l’auteur à Léon Hennique. Vallès, décédé en 1885, n’a cependant pas pu adresser et dédicacer le troisième volume à Hennique : ce dernier porte seulement son ex-libris. Le bibliophile fit relier à l’époque les deux premiers volumes par Pougetoux, relieur habituel de Huysmans ; pour le troisième il s’adressa à Blanchetière-Bretault, qui a respecté l’unité de l’ensemble. On joint dans le premier roman, une lettre autographe de Vallès (une page in-12 repliée) : Je venais pour vous prier de rédiger vous-même la réclame que nous allons mettre en tête du Cri du Peuple. Je n’ai pas eu le temps de lire tout votre roman, et je voudrais qu’il fût bruyamment annoncé dès demain matin. Portrait de l’auteur ajouté aux volumes I et III. De la bibliothèque Léon Hennique.