Lot 193
  • 193

MISTRAL. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ALPHONSE DAUDET, 28 NOV. 1877. 3 PAGES ET DEMIE SUR 2 FF, CHEMISE DE MAR. NOIR.

Estimate
1,000 - 1,500 EUR
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Description

  • Mistral, Frédéric
  • Lettre autographe signée à Alphonse Daudet, datée Maillane, 28 Nov. 1877
3 pages et demie sur 2 feuillets in-8 (210 x 133 mm), écrites à l’encre brune, sous chemise demi-maroquin noir moderne. Très belle lettre, presque entièrement consacrée au roman de Daudet : Le Nabab (Charpentier, 1877), mais également à Zola. Mistral vient de lire le roman de son ami Daudet, et sa lettre montre qu’il connaissait parfaitement les « clefs » très parisiennes du livre. Le roman fut en effet inspiré par François Bravay (1817-1874), homme d’affaires en Egypte et député du Gard. (Sur cet « irrégulier de la banque et de la politique », voir Auriant, François Bravay ou le « Nabab », Mercure de France, 1943). Je ne sais quel sera le sentiment des lecteurs du Nabab qui n’ont pas connu B[ravay], mais pour moi qui ai vu de près ce météore financier et dépensier, la lecture de ton nouveau chef-d’œuvre a été délicieuse. Tu as raconté l’histoire de ce pauvre et bon parvenu avec un accent et une vérité de relief extraordinaires. […] Si le brave colosse — que nous avons connu et plaint, pendant qu’il parcourait son épopée burlesque — pouvait lire ton roman, il pleurerait à chaudes larmes et dirait : aco is bèn veu ! Il poursuit longuement son analyse, parle de Morny (Morna dans le roman) dont Daudet fut le secrétaire en 1860, et ne trouve à reprocher au livre que son excès de richesse, une prodigalité de détails dans certaines descriptions. Mais c’est à tort que ses amis craignent que, par admiration, il ne tombe dans le zolisme : Tu es toi, comme partout, tu es bien et toujours toi. Et si son ami admire Zola, c’est simplement par affinité de tempérament méridional, très-sincère et très-franc. Quant à lui, il vient de terminer son étude de mœurs réalistes, je veux dire mon dictionnaire épique [Le Trésor du Félibrige, qui sera publié en 1878]. Il lui en enverra le prospectus et le spécimen : Tu pourras t’expliquer [...] le charme artistique qui a pu me soutenir pendant tant d’années. Mon dictionnaire [...] n’est pas autre chose que l’immense photographie des mœurs et du génie d’un peuple [...]. Il termine par ses hommages à sa femme et à monsieur Léon [Léon Daudet, futur écrivain]. Cette lettre semble inédite. Seul, un extrait en a été cité par Auriant dans Le Double Visage d’Alphonse Daudet (A l’Ecart, 1980, p. 60). Intéressante lettre de critique littéraire écrite sur le vif. Elle témoigne de l’amitié unissant ces deux Méridionaux depuis de nombreuses années, dont l’un, installé dans la capitale, venait de publier un roman très parisien, tandis que l’autre, à Maillane, se consacrait au Félibrige. Traces de pliures, infime restauration de scotch aux pliures.