Lot 136
  • 136

MALLARMÉ. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À MME H. LEJOSNE, TOURNON, LE 8 FÉVRIER 1866, 4 P. IN-8. BELLE LETTRE DE JEUNESSE

Estimate
3,000 - 4,000 EUR
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Description

  • [Manet, Edouart] -- Stéphane Mallarmé
  • Lettre autographe signée à Mme H. Lejosne, datée Tournon, le 8 février 1866
4 pages in-8 (205 x 134 mm), sur un bifeuillet, papier de petit deuil, sous chemise demi-maroquin noir moderne. Belle lettre de jeunesse, dans laquelle Mallarmé commente quelques-uns de ses plus beaux poèmes. Mme Lejosne, née Valentine Cazalis, était la cousine du médecin et poète Henri Cazalis, ami intime du jeune Mallarmé. Avec son mari le commandant Hippolyte Lejosne, elle tenait à Paris un salon, fréquenté par Baudelaire (voir lot 46), Manet, Delacroix, Barbey d’Aurevilly, etc. Elle fut une amie attentive et dévouée pour Mallarmé, dont elle admirait le talent. Le poète s’excuse d’abord de son retard auprès de sa correspondante, qui s’était montrée impatiente de recevoir quelques-uns de mes vers ! Mais la faute en est au négligent Cazalis... Mallarmé a recopié pour elle quelques strophes, mais voudrait les retoucher bientôt. Il précise à ce sujet : Je n’ai pas choisi mes plus longs poèmes, toujours pour cette raison que je les rêve meilleurs. Ceux que vous recevrez sont bien peu de chose — de simples soupirs. De fait, ce sont quelques-uns de ses plus beaux vers qu’il lui envoie. Il se livre alors à un admirable commentaire de ses propres poèmes : L’un, rêverie automnale [Soupir]; l’autre [Brise marine], ce désir inexpliqué qui nous prend parfois de quitter ceux qui nous sont chers, et de partir ! le troisième [Don du poème], la tristesse du Poète devant l’enfant de sa Nuit, le poème de sa veillée illuminée, quand l’aube, méchante, le montre funèbre et sans vie : il le porte à la femme, qui le vivifiera ! Vous connaissez les deux pages de prose [Le Phénomène futur]. Il évoque ensuite Hérodiade, car la sympathie exquise que lui témoigne sa correspondante va, assure-t-il, lui donner une vraie force dans mon travail d’Hérodiade, que vous connaîtrez cet été, œuvre de mon Rêve et d’élection, vers la ruche (on sait que Mallarmé ne terminera jamais ce grand poème) ce que j’ai fait jusqu’ici a été simplement un effort, qui vous dira mieux ma gratitude. Il termine en lui adressant ses vœux, vraiment ridicules, pour l’année qui va presque finir (singulière formule, car cette lettre fut écrite en février !), et la charge de transmettre ses respects aux siens, tout en évoquant le souvenir de l’unique visite que je vous fis. Comme l’indique Bertrand Marchal, cette lettre permet de préciser un point important, déjà suggéré par J. Crépet et Cl. Pichois : c’est sans doute par Mme Lejosne que Baudelaire eut connaissance du Phénomène futur (texte qui ne sera publié qu’en 1875), qu’il citera dans Pauvre Belgique ! Correspondance, éd. B. Marchal, Folio-Gallimard, 1995, p. 285-286 (avec la mention, p. 664 : Autographe : inconnu).