Lot 31
  • 31

Marbouty, Caroline -- Charles-Augustin Sainte-Beuve

Estimate
2,000 - 2,500 EUR
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Description

  • Marbouty, Caroline -- Charles-Augustin Sainte-Beuve
  • [Pensées. Souvenirs]. Recueil autographe de Mme Marbouty, avec une page et des notes autographes de Sainte-Beuve. 1832-1889.
  • ink on paper
Album in-8 (201 x 128 mm) d'environ 160 p. Demi maroquin violet foncé, dos orné de fleurons romantiques portant le titre Pensées. Souvenirs en lettres dorées, tranches jaspées (Reliure de l'époque, vers 1830). Étiquette Gardet, papetier rue Vivienne. Sous une chemise-étui en demi-maroquin bleu, dos à nerfs.
Coins émoussés.

Carnet intime d'une amie de Balzac, annoté par Sainte-Beuve.



Connue aujourd'hui pour avoir accompagné Balzac à Turin en juillet 1836 déguisée en homme sous le nom de Sand (!), Caroline Marbouty (1803-1890) est l'une de ces bas-bleu qui, s'essayent à la carrière d'auteur sous la Restauration et la Monarchie de Juillet ; elle publie neuf livres ou opuscules. Émule de George Sand, elle disait vouloir vivre et écrire librement. Elle fit la connaissance de Sainte-Beuve en 1833, qui lui promit de présenter un de ses manuscrits à la Revue des deux mondes. Sans qu'on sache s'il le fît, Saint-Beuve lui dédia en 1836 un sonnet, "Sonnet à Madame M..." dans ses Pensées d'août. Les pages qu'il laisse dans le présent carnet de la littératrice témoigne de cet attachement. À quelques endroits dans le carnet de son amie (sur environ deux pages et demie), Sainte-Beuve note quelques réflexions ; ainsi, entre deux pages datées d'octobre 1836 et juin 1837 : "Quand l’âme est souffrante, que l’homme est délaissé et solitaire, que lui dit la nature ? En vain, il cherche une union avec elle ; tout est mort et froid pour lui. Le vent qui agite les arbres dont la cime se perd aux nues, ces fleurs si belles, ce ciel si pur, cette atmosphère si vaste, cette terre, ces eaux, cette nature si immense, il les embrasse de l’œil et ne peut les saisir par l’âme. En vain il leur demande une liaison, un appui, une société, la nature reste muette pour lui..."



Le carnet d'une vie. Commencé en 1832, ce carnet accompagne Mme Marbouty toute sa vie. En prose et en vers, elle y jette pensées, poèmes, citations sur une page qu'elle semble saisir au hasard (les dates se chevauchent sans ordre chronologique), en prenant soin de noter le lieu où elle écrit. Très diverses, ces pensées concernent la vie et l'amour, l'affaire Lafargue, la poésie de son temps ("Lamartine, Victor Hugo, Berbier, Béranger forment à eux quatre le clavier poétique..."), la médecine et les aliénistes, examens philosophiques, etc. Vers la fin de sa vie, elle écrit : "La vie n'est pas un écheveau qu'on dévide, c'est un écheveau qu'on démêle".



Provenance : Simone André Maurois (ex-libris). -- Dr. Lucien-Graux (13 décembre 1957, n° 185).



Références : D. Pion, "De la femme supérieure à la dixième muse, les fausses positions d'une femme auteur, Caroline Marbouty", in La littérature en bas-bleus : romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet, 1815-1848, 2010, p. 63-81. -- M. Serval, Une amie de Balzac, Mme Marbouty. Paris, Émile-Paul Frères, 1925 (livre dont nous joignons un exemplaire).



Retranscription des deux pages dictées par Sainte Beuve :
"La bonté est une grandeur, une puissance ; c’est l’ambition de l’être élevé qui, n’ayant pu rien saisir qui puisse le satisfaire, se réfugie dans celle-là seule à la portée de tous."
En dessous : "(écriture de Sainte-Beuve sous ma dictée. 1837 : r. de Grenelle. Pte chambre)"



"Quand l’âme est souffrante, que l’homme est délaissé et solitaire, que lui dit la nature ? En vain, il cherche une union avec elle ; tout est mort et froid pour lui. Le vent qui agite les arbres dont la cime se perd aux nues, ces fleurs si belles, ce ciel si pur, cette atmosphère si [vaste], cette terre, ces eaux, cette nature si immense, il les embrasse de l’œil et ne peut les saisir par l’âme. En vain il leur demande une liaison, un appui, une société, la nature reste muette pour lui. Vivante et active, il n’a pourtant ni ses secrets, ni ses communications. La force et la [magnificence] qui l’entourent semblent narguer son isolement et sa misère. Semblable au malheureux qui assiste aux somptueuses [] du riche sans même en être aperçu, l’être solitaire, en face de la nature, se demande puisqu’un même créateur les a formés, pourquoi un lien d’amour attractif ne les a pas unis et n’a pas rempli ainsi le vide immense de son être.
Le monde est ainsi fait : le [] nous grandit sans [mesure), comme le malheur nous abaisse sans raison ni pitié."
En marge : (Dictée à Sainte-Beuve).

Condition

Coins émoussés.
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