Lot 181
  • 181

Proust, Marcel

Estimate
15,000 - 20,000 EUR
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Description

  • Proust, Marcel
  • À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Placard manuscrit. [1914-1918].
  • ink on paper
Exceptionnel et très précieux placard inédit, encore inconnu.

Provenant de l’exemplaire de luxe sur papier bible des Jeunes filles en fleurs qu’avait reçu Suzy de son oncle.



Placards composé de 19 fragments, dont 5 grands sont entièrement manuscrits et 5 sont imprimés avec des ajouts manuscrits. Ils sont répartis en 5 colonnes sur une feuille in-folio (498 x 645 mm), au filigrane "J Daguerre". Annotation manuscrite du typographe "N° 26" au crayon bleu dans le coin supérieur gauche.
Traces de pliures, petite déchirure à l’une des pliures, sans atteinte aux papiers contrecollés.




Les épreuves de Grasset retravaillées pour la N.R.F. Après la publication de Du côté de chez Swann en 1913, Grasset avait commencé, en 1914, celle du volume suivant, mais la guerre survint et retarda la publication. Proust en profita alors pour corriger son texte : travaillant à partir des épreuves imprimées pour Grasset en 1914, il corrigea le texte et l’augmenta considérablement. Pour rendre la nouvelle version plus lisible, Mlle Rallet, la dactylographe de la N.R.F. (maison d'édition auprès de laquelle Proust avait décidé d’éditer la suite de son roman) qui avait pour tâche de tout retranscrire (Kolb, XVII, p. 444 et note), eut l’idée originale de coller bout à bout les fragments manuscrits provenant du "cahier violet" et les épreuves, corrigées ou non, sur de grandes feuilles. Ce faisant, elle morcela ainsi à la fois le manuscrit de Proust, les épreuves corrigées de Grasset (pour l’édition prévue en 1914) et celles de Gallimard (pour l’édition de 1919) en vue de la première édition de ce volume (1919), formant ainsi "une extraordinaire marqueterie" (P. Clarac). Enthousiasmé par le résultat, Proust commente ainsi ces placards : "le manuscrit […] malgré mon affreuse écriture […] est ravissant et a l’air d’un palimpseste à cause de la personne qui le collait avec un goût infini" (Kolb, XVIII, p. 295).



Les placards joints à l’édition de luxe de 1920. Si l’achevé d’imprimer d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs est à la date du 30 novembre 1918, l’ouvrage ne sortit en librairie que le 23 juin 1919, publié par la Nouvelle Revue Française, bientôt couronné par le Prix Goncourt le 10 décembre et, sous l’effet du succès, réimprimé le 16 décembre. Après cette consécration, Proust ne tarda pas à lancer l’idée, peut-être pour des raisons financières, d’une édition de luxe du roman. Parue en avril 1920 chez Gallimard, elle fut limitée à 50 exemplaires disponibles par souscription (en fait 51, puisqu’il existe un exemplaire n° 0 en plus des exemplaires numérotés de I à L). Très recherchée, cette édition bénéficia d’une présentation matérielle tout à fait particulière : réimposé au format in-quarto assez inhabituel (324 x 217 mm), imprimé sur papier bible, ce volume est protégé par un luxueux portefeuille recouvert d’un papier peint au pochoir ; chacun des exemplaires est en outre accompagné d’un portrait de Proust imprimé en héliogravure d’après celui de Jacques-Émile Blanche et, surtout, de deux des placards susmentionnés. Ces placards ont donc un très grand intérêt pour la compréhension du roman : bien plus que d’"extraordinaire[s] marqueterie[s]" ravissantes à contempler, ces placards dispersés en 1920 au gré des collections sont des manuscrits uniques de parties du roman dont aucune bibliothèque ne conserve la version manuscrite. Fr. Goujon a montré que cette édition de luxe exploitait le dernier manuscrit que Proust avait envoyé à son éditeur en octobre 1917, celui de la "deuxième partie" du roman, ainsi qu’il appelait celle autour des jeunes filles.



Les trois placards de l’exemplaire de luxe de Suzy Proust. On sait que Proust offrit un des précieux exemplaires à sa nièce en août 1920 (Kolb, XIX, n° 188). À raison de deux placards pour chacun des 51 exemplaires de luxe, on pensait qu'avaient ainsi été dispersés 102 placards ; or il semble que l’exemplaire de Suzy en comportait trois, non deux : celui qui a été révélé par la vente de la Collection Patricia Mante-Proust (Sotheby's, Paris, lot 215), les deux de la présente collection (lots 181 et 182).



Encore inconnu sur le marché, ce placard correspond au long fragment des pages 39 (ligne 31 : "Dès lors…") à 52 (24e ligne et suivantes) des Jeunes filles en fleurs (Pléiade, t. II), où l’on rencontre plusieurs passages célèbres relatifs à la vie à Balbec : la souffrance du narrateur face au mépris de M. de Stermaria (encore appelé "Silaria" dans cette étape du travail) et le souhait concomitant qu’il a d’attirer l’attention du beau-frère de Legrandin ou du roi d’Océanie, sa grand-mère qui s’obstine à ignorer son amie Mme de Villeparisis, le directeur de l’hôtel, ou Françoise qui, en nouant des relations avec les autres domestiques, contrarie la vie quotidienne du héros et de sa grand-mère, etc.



Les quatre plus longs passages manuscrits correspondent à la comparaison de la salle à manger du grand hôtel de Balbec derrière les fenêtres desquelles s’agglutinent, comme derrière un "merveilleux aquarium la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois" ; à la carrière du directeur de l’hôtel de Balbec ; à l’apparition de Mme de Villaparisis et aux personnes que le narrateur croit reconnaître sous les traits des garçons de café ; et, enfin à Françoise qui, par les relations qu’elle noue avec le personnel de l’hôtel, rend incommode le séjour de sa maîtresse.



Le placard présente plusieurs variantes importantes par rapport au texte publié en 1919.



Inédit et inconnu, ce placard n’a pas été répertorié par Pyra Wise.



Références : P. Clarac, "Remarques sur le texte des Jeunes filles en fleurs. Projet d'une édition". -- Fr. Goujon, "Le Manuscrit de À l'ombre des jeunes filles en fleurs : le "cahier violet", p. 7-16. -- P. Wise, "Le généticien en mosaïste", p. 141-150.

Condition

Traces de pliures, petite déchirure à l'une des pliures, sans atteinte aux papiers contrecollés.
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