Lot 114
  • 114

CROCHET ANTHROPOMORPHE, RIVIÈRE BLACKWATER, MOYEN SEPIK, PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE |

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
bidding is closed

Description

  • haut. 108 cm ; 42 1/2 in
Crochet anthropomorphe, Rivière Blackwater, Moyen Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Provenance

Acquis en juin 1935 par Etienne de Ganay lors de l'expédition "La Korrigane" (1934-1936) (inv. n° 39.3.910)
Paris, Hôtel Drouot, Collection Océanienne du Voyage de La Korrigane, 4-5 décembre 1961, n° 158
Collection Philip Goldman, Londres
Serge Schoffel, Bruxelles
Collection privée européenne

Literature

Schoffel, Art en Premier, 2016, pp. 82-89

Catalogue Note

Le 5 octobre 1935, les membres de l’expédition de La Korrigane se divisent en deux groupes. Le couple Charles et Régine Van den Broek part en direction des villages de Blackwater, Monique de Ganay, souffrante, demeure sur le yacht tandis que son mari Etienne et Jean Ratisbonne se dirigent vers les lacs Chambri (Coiffier, Régine van den Broek d’Obrenan. Une artiste à bord de La Korrigane, 2014, p. 132). Le 6 octobre, ces derniers visitent le village Iatmul d’Aïbom, où Etienne de Ganay acquiert auprès d’un habitant un crochet sculpté en bois pour la somme d’un shilling. La fiche de terrain (n°1594) établie par Monique de Ganay précise que ce crochet est appelé kaikutu. L’origine de ce style de crochet anthropomorphe présentant trois paires d’excroissances latérales semblerait provenir de la région des Blackwater. On retrouve sur ces deux types d’objets le même motif des deux spirales opposées. Une dizaine de crochets de ce style a pu être répertorié dans les musées et leur dimension moyenne se situe entre 1 et 1,30 mètre. Le Museum der Kulturen de Bâle en possède au moins quatre; deux rapportés par Alfred Bühler en 1959 (inv. n° vb. 16800, collecté à Yensan et inv. n° vb. 14958, collecté à Yensemangwa), et deux collectés par Paul et Dadi Wirz en 1955 (inv. n° vb. 16875, à Japanaut et inv. n° vb. 16770, à Momeri). Celui du Linden-Museum de Stuttgart (inv. n° inv. 83890) présente la particularité d’être orné de deux couples d’animaux en relief sur les côtés latéraux de la figure centrale. Il peut ainsi être comparé à celui de la collection Jolika (Friede,  New Guinea Art. Masterpieces from the Jolika Collection, 2005, n° 278) avec un cacatoès en relief sculpté sur sa face avant et qui provient de la région de Blackwater. Celui du Museum of Anthropology du Queensland (Howarth, Myth + Magic. Art of the Sepik river, Papua New-Guinea, 2015, p. 149) présente des sortes de larmes en zigzag similaires à ce crochet. Celui rapporté de Màdanàm par Otto Reche (Rüdlinger et Bühler, Die Kunst Neu-Guineas, 1962, n° 36) est le seul connu doté d’une tête animale. Tous ces crochets proviennent donc de villages différents, ce qui pourrait accréditer le fait qu’ils fussent des compensations matrimoniales ou des compensations pour homicides suite à des conflits.

Commentaire par Christian Coiffier, ex-chargé des collections océanienne du musée de l’Homme et ex-chargé de missions au musée du quai Branly-Jacques Chirac

On October 5, 1935, the members of the La Korrigane expedition split into two groups. Husband and wife Charles and Régine Van den Broek set off towards the Blackwater villages, Monique de Ganay, taken ill, remains on the yacht, while her husband Etienne along with Jean Ratisbonne, head for the Chambri Lakes (Coiffier, Régine van den Broek d’Obrenan. Une artiste à bord de La Korrigane, 2014, p.132). On October 6, they visit the Iatmul village of Aïbom, where Etienne de Ganay buys a carved wooden hook from a resident for the sum of one shilling. The field sheet (No. 1594) established by Monique de Ganay states that this hook is called Kaikutu.

This style of anthropomorphic hook, with three pairs of lateral protuberances, seems to originate in the Blackwater region. These two types of objects both feature the same pattern in two opposite spirals. A dozen hooks of this style have been recorded in museums and their average size is between 1 and 1.30 metre in height. The Museum der Kulturen in Basel has at least four; two brought back by Alfred Bühler in 1959 (inv. No.vb.16800, collected in Yensan, and inv. No.vb.14958, collected in Yensemangwa), as well as two collected by Paul and Dadi Wirz in 1955 (inv. No vb.16875, in Japanaut and inv. No vb.16770, in Momeri). The one held in the Linden-Museum in Stuttgart (inv. No.83890) stands out for its adornment, with two pairs of animals in relief on the lateral sides of the central figure. It can be compared to the one from the Jolika Collection (Friede, New Guinea Art. Masterpieces from the Jolika Collection, 2005, No. 278) with a cockatoo carved in relief on its front and originally found in the Blackwater region. The one from the Museum of Anthropology, Queensland (Howarth, Myth + Magic. Art of the Sepik river, Papua New-Guinea, 2015, p.149) displays a form of chevron-shaped tears similar to the ones on this hook. The one brought back from Màdanàm by Otto Reche (Rüdlinger and Bühler, Die Kunst Neu-Guineas, 1962, No 36) is the only known exemplar adorned with the head of an animal. All these hooks therefore come from different villages, which could well mean that they were matrimonial compensations or compensations for homicides during conflicts.

Commentary by Christian Coiffier, formerly in charge of the Oceanic collections at the Musée de l'Homme and former project manager at the Musée du quai Branly-Jacques Chirac.