STATUE, DOGON-TELLEM, MALI |

Statue, Dogon-Tellem, Mali

Collection Jacques Viault, Paris, acquis ca. 1980
Collection privée, France

Good condition overall for an object of its age. Wear consistent with age and use within the culture. Both feet are missing. Beautiful thickness to the encrusted patina which is very well preserved.
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Tandis que l’épaisse patine rituelle, comme pétrifiée par le temps, atteste la très grande ancienneté de cette statue d'autel, son iconographie et la formulation des volumes annoncent le style Dogon identifié par Hélène Leloup comme "Bombou-Toro" - style qui se développera, à partir du XVII^e siècle, dans la région Sud de la falaise de Bandiagara. Elle illustre superbement les emprunts aux anciennes traditions artistiques Djenneké et Tellem, dont se nourrirent les nouveaux arrivants d'origine Mandé, à partir du XIV^e siècle. A la croisée de la statuaire Tellem (puissance des volumes, patine) et du style Bombou-Toro, dont les statues "paraissent refléter la vision quotidienne des à-pic de la falaise, le côté abrupt de l'environnement qui transmet au sculpteur ses caractéristiques rigoureuses" (Leloup, Statuaire Dogon,1994, p. 166), cet archétype s'impose comme un brillant jalon dans "la longue réflexion" (idem), qui, entre le XIV^e et le XVII^e siècle, offrit sa singulière identité au style Bombou-Toro.       La pose - mains placées sur le bas du ventre - serait caractéristique, chez les Dogon, de la représentation de la femme enceinte. « Ces statues, sous la garde des sociétés de femmes, appartenant aux autels féminins, symbolisent l’ancêtre féminin, spécialement invoquée contre la stérilité et pour le bon déroulement de la grossesse, préoccupation primordiale pour les femmes. Elles étaient aussi utilisées lors des séances de filage du coton au cours desquelles on enseignait les filles et lors des initiations féminines » (Leloup, idem, n° 85). Enfin, l'élément en fer fixé au sommet de la tête témoigne, au même titre que la patine, de son rôle séculaire de statue-autel.