Lot 14
  • 14

Tête, Maori, Nouvelle-Zélande

Estimate
180,000 - 250,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • wood
  • haut. 21,5 cm ; 8 1/2 in

Provenance

Collection Kenneth Athol Webster (1906-1967), Londres / Wellington, ca. 1950 (inv. n° Webster Coll1010)
Wayne Heathcote, Londres
Collection privée américaine, acquis en 1993

Exhibited

Cannes, Palais Miramar, Arts d'Afrique et d'Océanie, 6 juillet - 29 septembre 1957

Literature

Kamer et Kamer, Arts d'Afrique et d'Océanie, 1957, p. 39 et 88, n° 420

Catalogue Note

Primordiale dans la culture Maori, la tête était considérée comme la partie la plus sacrée du corps, siège du savoir et de la puissance. Omniprésente dans les décors sculptés, démesurée sur les sculptures de tiki, elle trouve son apogée dans les têtes autonomes sculptées en bois. Longtemps conservée dans la collection de Kenneth Athol Webster, celle-ci illustre superbement son goût raffiné pour les arts polynésiens et tout particulièrement pour les créations provenant de Nouvelle-Zélande.

Figure emblématique dans le milieu des collectionneurs, Kenneth Athol Webster fait partie, au même titre que William Ockelford Oldman et James Thomas Hooper, des grands noms anglo-saxons de la découverte et de la reconnaissance des arts océaniens. Lorsque Hélène et Henri Kamer décidèrent, en 1957, d’organiser une Exposition des Arts d’Afrique et d’Océanie (Cannes, Palais Miramar), ils sollicitèrent ainsi Webster pour le prêt de la majorité des œuvres destinées à y représenter l’art Maori. Parmi ces pièces choisies pour « leurs caractères plastiques et leur importance dans le domaine de la création artistique » (Kamer et Kamer, Arts d’Afrique et d’Océanie, 1957, p. 11) s’impose cette tête ancestrale.

Par l’exceptionnel traitement du visage, entièrement envahi de tatouages curvilignes - asymétriques sur le front - et les très belles incrustations d’haliotis marquant les yeux et les dents d’un bleu brillant, cette œuvre est l’une des plus abouties du corpus. Véritable marqueur identitaire, « représentation visuelle du whakapapa (généalogie) d’un individu et de la place qu’il y occupe » (Smith, Maori. Leurs trésors ont une âme, 2012, p. 86), le tatouage moko est d’une qualité remarquable. A travers ce répertoire de motifs se traduit tant l’histoire personnelle de l’ancêtre représenté que sa position hiérarchique au sein de la société. Ainsi, seuls les plus hauts dignitaires et les grands guerriers avaient le privilège de porter un moko facial complet. Profondément gravé, il souligne ici la puissance et la dignité de l’ancêtre, identifiable par toute la communauté. Selon Terence Barrow (Maori Art of New Zealand, 1978, p. 34-37) - qui établit une analogie entre ces têtes sculptées et celles momifiées des grands chefs - ces œuvres étaient de véritables portraits qui pouvaient, en cas de perte ou de dégradation des têtes momifiées, s’y substituer. Exposées sur des palissades en bois lors des grandes cérémonies ou fixées sur des corps sculptés, elles incarnaient la présence et le mana des figures ancestrales les plus importantes.

Au sein du corpus rarissime des têtes sculptées, celle-ci personnifie, par l’ensemble de ses qualités plastiques et esthétiques, l’essence même de l’art Maori. Etroitement apparentée à la tête de la collection de Ménil (La rime et la raison: Les collections Ménil (Houston-New York), 1984, n° 316), elle s’affirme comme un majestueux témoignage de l’art sculptural figuratif polynésien.

A primordial element in Maori culture, the head was regarded as the most sacred part of the body, a seat of knowledge and power. Ubiquitous in sculpted decors, particularly large in scale in tiki sculptures, this motif reaches its apex in the standalone heads sculpted in wood. This head was long preserved in the collection of Kenneth Athol Webster and superbly illustrates his refined taste for Polynesian arts, and especially for the works of art emanating from New Zealand.

Kenneth Athol Webster was an emblematic figure in the collectors' community and along with William Ockelford Oldman and James Thomas Hooper is considered one of the great Anglo-Saxon figures in the discovery and recognition of the Pacific Islands. In 1957 when Hélène and Henri Kamer decided to host an exhibition entitled Exposition des Arts d'Afrique et d'Océanie (Cannes, Palais Miramar), they solicited Webster for the loan of the majority of the pieces intended to represent Maori art. Among these pieces which were chosen for "their aesthetic characteristics and their importance in the field of artistic creation" (Kamer and Kamer, Arts d'Afrique et d'Océanie, 1957, p. 11), this ancestor head stands out.

The exceptional treatment of the face, completely covered in curvilinear tattoos - asymmetrical on the forehead - and the very beautiful abalone incrustations marking the eyes and teeth in brilliant blue, make this work one of the most accomplished within the corpus. A true identity marker and "visual representation of the whakapapa (genealogy) of an individual, and of his place in it " (Smith, Maori. Leurs trésors ont une âme, 2012, p. 86), the moko tatoo on this piece is remarkable for its exceptional quality. The personal history of the ancestor represented, as well as his hierarchical position within society, is conveyed through this repertoire of motifs. It was the sole prerogative of the highest dignitaries and great warriors to wear a full facial moko; deeply carved in this piece, it underlines the power and dignity of the ancestor, identifiable by the whole community. According to Terence Barrow (Maori Art of New Zealand, 1978, p. 34-37) - who establishes an analogy between these sculpted heads and the mummified heads of the great chiefs - these pieces were real portraits which could, in the event of loss or degradation of the mummified heads, be substituted for them. Displayed on wooden palisades during great ceremonies or affixed to sculpted bodies, they embodied the presence and mana of the most important ancestral figures.

Within the exceedingly rare corpus of Maori sculpted heads, this particular piece - with the full gamut of its artistic and aesthetic qualities - represents the very essence of Maori art. Closely related to the head in the Ménil collection (La rime et la raison: Les collections Ménil (Houston-New York), 1984, No. 316), it stands out as a commanding specimen of figurative Polynesian sculptural art.

Maori head, New Zealand