Jean-Baptiste Greuze

Vente anonyme, Paris, Sotheby's, 21 juin 2012, lot 26

To the naked eye: The painting appears in relatively satisfactory condition. It was cleaned since its buying at the 2011 sale by the actual owner. It has been relined, most likely in the middle of the 20th century. The relining was correctly realized. The painting is presented in a sculpted and gilt frame with an important decorative pediment in its upper part. Under U.V. light: The painting has been partially unvarnished. The varnish has been lightened in some areas of the painting. Thus, some of the old varnish still remains in the trees and floral wreath. We notice some restorations in the sky, figure’s face; and especially an important restoration area located on the whole lower left quarter, on the mirror and below. We distinguish a quite large intervention, most probably realized in order to hide an old tear or a too strong pentimento on the mirror. This restoration was correctly realized.
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Greuze, bien qu'il ne fût pas reçu à l'Académie pour sa peinture d'Histoire, en devint membre en 1769 en tant que peintre de genre. Malgré une profonde déception, il sut finalement tirer parti de cet échec en devenant l'un des peintres de jeunes filles les plus célèbres de son temps.

Ce tableau comme plusieurs œuvres de Greuze nous délivre un message. En effet cette jeune femme tient dans sa main un cadre ovale représentant un cœur transpercé d'une flèche, symbole de déception sentimentale. Cet élément, allié au paysage dépouillé et à l'attitude mélancolique du modèle, vêtu à l'antique, rappelle les œuvres peintes à la fin du XVIIIe siècle par Greuze. En effet, les figures féminines en larmes accompagnées d'objets altérés ou brisés font référence à la nostalgie de l'enfance et à la perte de la virginité et de l'innocence comme Diderot le suggéra pour des œuvres telles que Le miroir brisé ou La cruche cassée conservées à la Wallace Collection de Londres. Ces tableaux peuvent être teintés d'érotisme ou, au contraire, faire appel à la morale. Dans notre œuvre, la flèche n'a pas atteint sa cible et la couronne de victoire que tient la jeune femme semble se faner, tout le pathos de la composition semble simplement suggérer la nostalgie d'un amour perdu. Ce type de sujet remplaça les scènes de genre dramatiques dans la veine de L'Accordée du village passées de mode à la fin de la carrière de Greuze. Des personnalités telles que Bachaumont ou le Marquis de Marigny admirèrent les tableaux de cette dernière production et contribuèrent certainement à les mettre à la mode.