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Jean-François de Troy
Description
- Jean-François de Troy
- Episodes de l'histoire de Jason : Créüse consumée par la robe empoisonnée, Le combat des soldats nés des dents du serpent
- Huile sur toile, une paire
Créüse : porte au dos une ancienne inscription manuscrite : Esquisse de Coypel ainsi qu'une inscription manuscrite sur un morceau de papier : Le récit de la mort d'Hippolyte maquette de Coypel né à Paris en 1625 mort en 1727.
Provenance
Tableau réalisé entre décembre 1742 et le 15 février 1743, date de son expédition à Paris pour accord de la direction des Bâtiments du Roi puis renvoyé à Rome;
Collection du peintre;
Sa vente, Paris, 9 avril 1764, n°286 ;
Collection de Jean-Baptiste Deshays;
Sa vente, Paris, 26 mars 1765, n°132 ;
Collection de l'Abbé X;
Sa vente [vente de l'abbé ***], Paris, 2 décembre 1765, n°142 à Paris ;
Collection particulière française;
Vente des biens de M. de C. ; Hôtel des Chevau-Légers, Versailles, 16 décembre 1990, n°148 ;
New-York, collection particulière
Le combat des soldats nés des dents du serpent:
Tableau réalisé entre décembre 1742 et le 15 février 1743, date de son expédition à Paris pour accord de la direction des Bâtiments du Roi puis renvoyé à Rome;
Collection du peintre;
Sa vente, Paris, 9 avril 1764, n°286 ;
Collection de Jean-Baptiste Deshays;
Sa vente, Paris, 26 mars 1765, n°132 ;
Collection de l'Abbé X;
Sa vente [vente de l'abbé ***], Paris, 2 décembre 1765, n°142 à Paris ;
Collection Eugène Plantrou Fils, Rouen en 1935 ;
Collection particulière;
Vente anonyme, Salle des Ventes de Rouen, 23 juin 1969, lot 28;
New York, collection particulière, acquis à la précédente vente
Exhibited
Copenhague, Palais de Charlottenborg, Exposition de l'art français au XVIIIe siècle, 25 aout - 6 octobre 1935, n°221 (comme Jason domptant les taureaux) ;
New York, Wildenstein, The Arts of France from François 1er to Napoléon 1er: A Centennial Celebration of Wildenstein's Presence in New York, 26 octobre 2005 - 6 janvier 2006, n°68
Literature
A. de Montaiglon et J. Guiffrey, Correspondance des Directeurs de l'Académie de France à Rome avec les surintendants des bâtiments, tome X, Paris, 1887-1908, p. 34-35,49, lettre adressée par l'artiste à Orry ;
Gazette de l’Hôtel Drouot, 1990, n°46, p.57 ;
C. Leribault, Jean François de Troy (1679-1752),Paris, 2002, p.381, no. P294
Le combat des soldats nés des dents du serpent:
A. de Montaiglon et J. Guiffrey, Correspondance des Directeurs de l'Académie de France à Rome avec les surintendants des bâtiments, tome X, Paris, 1887-1908, pp.34,49, lettre adressée par l'artiste à Orry ;
C. Leribault, Jean François de Troy (1679-1752), Paris, 2002, p.380, no. P291
Condition
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Catalogue Note
Ces deux huiles sur toile que nous présentons font partie d’un corpus de sept études pour des tapisseries sur le thème de l’histoire de Jason et Médée tirée du livre VII des Métamorphoses d’Ovide, pour la Manufacture des Gobelins. Ils sont le fruit d’une commande passée en 1742 par le nouveau surintendant des Bâtiments de Louis XV nommé en 1736 : Philippe Orry, Comte de Vignory. Il s’agit de modelli, c’est-à-dire des esquisses préparatoires destinées à obtenir l’approbation du commanditaire. Jean-François de Troy (1679-1752) travailla derechef pour celle-ci, après s’être illustré avec la suite de l’Histoire d’Esther (série de 7 vendue chez Sotheby’s Paris le 23.06.2011) commandée tout comme celle de Jason par Philippe Orry. Ce dernier voulait revigorer l’art de la tapisserie, figé dans l’éternelle reproduction des modèles de tentures anciennes. A l’origine cette commande avait d’ailleurs été passée à Jean-Baptiste Oudry. Mais de Troy parachevait ses œuvres dans des délais bien plus brefs que ses confrères qui le jalousaient, il proposait de surcroît des tarifs inférieurs d’un tiers du prix, ce qui dut séduire le surintendant. Le musée du Louvre a déposé l’ensemble des cartons dans différents musées de province en 1872.
Les épisodes figurés dans les œuvres que nous proposons sont l’épisode trois et l’épisode six. Christophe Leribault [1] nous dévoile que la réalisation des sept pièces s’étendit de 1742 à 1746. Le XVIIIe est le siècle de la valorisation de l’esquisse en tant qu’œuvre à part entière digne d’intégrer les plus nobles collections. Il est intéressant de se pencher sur l’utilisation de ces modelli qui ont été exposés en France tandis que leur auteur les expédiait de Rome afin de garantir sa réputation. Toute la série de Jason et Médée fut exposée individuellement dans la galerie d’Apollon en 1748.
L’épisode 3, Le combat des soldats nés des dents du serpent, correspond au moment où Jason, après avoir dompté les taureaux, sème des dents de serpent sur le Champ de Mars. Des guerriers venus pour l’attaquer retournent alors leurs armes et s’entretuent, tandis que les argonautes acclament Jason. Il est intéressant de noter que le travail préparatoire diffère de la composition finale au niveau de la temporalité, pour des raisons de bienséance. Orry avait dû demander la modification de la scène ; en effet dans le modello de de Troy les corps sans vie jonchent le sol, tandis que la composition finale montre l’action même de la bataille.
L’épisode 6 est celui de Créüse consumée par la robe empoisonnée, présent de la perfide Médée. Jason tente d’arracher le vêtement de sa défunte épouse mais est à son tour mortellement ensorcelé.
Ces scènes héroïques empreintes de cruauté que sont les épisodes de Jason et Médée dénotent avec l’ambiance élégante, les personnages féminins graciles et le foisonnement de la gamme chromatique qui sont des composantes récurrentes de l’art de de Troy. C’est cette fureur émanant des œuvres qui leur aurait valu des critiques sur le salon de 1742. Les deux épisodes présentés recèlent ce dynamisme nouveau dans son iconographie, conférant une certaine monumentalité et une lisibilité accrue. Ces deux œuvres synthétisent l’ambition décorative de l’art de la tapisserie et l’assimilation du genre historique par de Troy. Les tapisseries sur le thème de Jason et Médée issues des modelli de l’artiste connurent une diffusion presque aussi importante que celles sur l’Histoire d’Esther.
Les deux cartons se trouvaient dans la collection de l’artiste jusqu'à sa mort.
[1] Christophe Leribault, Jean-François de Troy (1679-1752), préface par Alastair Laing, Arthena, 2002