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Jean-Bernard Restout
Description
- Jean-Bernard Restout
- Tête d'homme
- Huile sur papier marouflé sur toile
Provenance
Condition
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Catalogue Note
Torse nu, le visage rougi et les yeux hagards, un homme nous scrute. Sa barbe épaisse et ses cheveux en bataille ajoutent à la désinvolture de son expression. Son regard étourdi, ses traits et sa posture relâchés, sa peau rougie dénotent un état de griserie, voire d’ivresse. Sa barbe fournie cache un sourire que l’on devine ironique. Le fond neutre, le caractère ébauché indiquent que nous avons probablement affaire à une étude préparatoire.
Cette idée est renforcée par l’existence d’une autre œuvre de Jean-Bernard Restout, dans laquelle le modèle présente quelques points communs avec le nôtre. Il s’agit du tableau intitulé Les plaisirs d’Anacréon, morceau d’agrément de l’artiste à l’Académie royale en 1765 vendue chez Sotheby's New York le 6 juin 2012, lot 64 (voir fig. 1). Notre modèle semble cependant plus âgé, son front est plus ridé et ses joues plus rougies. L’artiste lui aura probablement préféré une figure plus jeune, moins silénique à intégrer dans sa grande composition. La pose est toutefois très semblable : le dos est légèrement voûté, les épaules relâchées et le bras droit passe derrière un dossier. Le buste est orienté vers la droite, tandis que la tête est tournée dans la direction inverse. Quant au regard, il se dirige vers le spectateur.
Anacréon, surnommé Le chantre de Téos, est l’un des plus grands poètes lyriques grecs. Chantant librement l’amour, l’ivresse et les plaisirs, il est l’auteur de cinq grands livres de poésie dont il ne reste aujourd’hui que des fragments. Un dessin préparatoire pour le tableau d’Anacréon, fait au fusain et conservé à la bibliothèque de l’Université de Varsovie (voir fig. 2), montre un poète considérablement vieilli par rapport à la figure définitive. On peut supposer que le projet initial de Restout était de représenter un modèle relativement âgé afin de mieux évoquer celui qu’on appelle également « Le vieillard de Téos. » Mais s’agissant d’une grande composition d’histoire, à sujet non-mythologique, l’impact moral d’une telle représentation a toutefois pu le faire changer d’avis. Déjà, Diderot, dans son compte rendu du Salon de 1765, tout en louant la qualité du tableau, regrettait le caractère aviné et luxurieux de la figure du poète.
Mais notre modèle, comme Anacréon, faisant fi des considérations morales, semble chanter : « il vaut bien mieux m’apprendre à boire la douce liqueur de Bacchus, à jouer avec la belle Cypris. Déjà ma tête se couronne de cheveux blancs. Enfant, apporte-moi de l’eau et du vin écumant : il plonge mon âme dans l’oubli des peines. Bientôt après tu me couvriras d’un linceul : les morts n’ont plus de désirs. ».
Fils du peintre Jean Restout, Jean-Bernard Restout obtint le prix de Rome en 1758. Après avoir étudié à Rome, il retourna à Paris et fut reçu à l’Académie royale en 1765. Ses figures brossées, sa facture assez libre rappellent l’héritage de son père. Néanmoins, contrairement à ce dernier, qui se consacra presque exclusivement à la peinture religieuse, Jean-Bernard s’adonna aussi bien au genre allégorique qu’à la peinture religieuse ou mythologique.
[1] Anacréon, Ode XXXVII Il faut jouir de la vie, traduction par Ernest Falconnet Paris, 1838