Lot 25
  • 25

Jacques Linard

Estimate
50,000 - 70,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • Jacques Linard
  • Coupe de raisins sur un entablement
  • Signé en bas à droite LINARD et daté en bas au centre 1631
  • Huile sur panneau
    En bas à droite la marque de la Collection du Marques de Remisa 261 M. de. R.

Provenance

Collection du Marquis de Remisa ;
Collection privée, Madrid

Condition

To the naked eye: The painting appears in a moderately satisfactory condition and needs a restoration. It has been formerly cradled and is now wedged. We notice some little horizontal cracks, especially in the upper part on the painting, which caused a little loss in the left edge. The painting appears under a thick varnish. We notice an uplift area on an around 10 cm. long horizontal line, above the date, lower centre. We suspect that a slight primer was applied on the background to unify it. Under U.V. light: The painting appears under a tick green uniform varnish. We cannot notice any restoration.  
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Cette très belle nature morte aux raisins est un exemple représentatif du talent de Linard. Sur un fond obscur, posée sur une table, se détache une opulente coupe de raisins noirs et blancs disposés sur des feuilles de vigne dans un plat en étain. Le clair-obscur très franc, l’éclairage violent jeté sur les fruits renforcent l’impression de présence. Leur texture, leur consistance, rendues presque sensibles, suscitent l’envie. Mais au-dessus de ces nourritures bachiques volète un papillon, symbole de l’éphémère, rappelant à un spectateur peut-être trop tenté le caractère périssable des plaisirs terrestres.

Jacques Linard se fit une spécialité de ce type de natures mortes à portée allégorique. Il composa ainsi un certain nombre de vanités, dont une, la Vanité au papillon de 1634, reprend le symbole de notre tableau. Par ailleurs notre œuvre n’est pas sans rappeler Les abricots aux papillons de nuit, également datée de 1631, dans lequel la discrète symbolique du petit papillon laisse la place à deux papillons plus visibles, amplifiant la métaphore d’une vocation irrémédiablement éphémère. Après avoir tenté, durant les années 1620, de se dégager de l’influence flamande, toutes ces œuvres correspondent à une époque de renouveau dans la manière de Linard. La composition des Cinq sens au paysage, du musée de Strasbourg et datée de 1638, est peut-être la plus ambitieuse de Linard. Celle-ci, à travers des symboles comme les dés, les cartes, le miroir et le fruit, le cahier de musique et la flûte, exprime clairement la fragilité de la connaissance poursuivie à travers les sens.

De la vie de Jacques Linard, peu d’éléments sont aujourd’hui connus. Mentionné à Paris pour la première fois en 1626, il fut en contact avec le peintre Vignon, dont l’activité de marchand de tableaux participa peut-être à la diffusion de ses œuvres. Ses allégories de sens semblent avoir été très à la mode entre la deuxième moitié des années 1620 et dans les années 1630. Ainsi, Georges de Scudéry, dans son Cabinet de M. de Scudéry, gouverneur de Notre-Dame de la Garde (1646) n’hésita pas à mentionner son nom aux côtés de ceux de Titien et Raphaël.

Note sur la provenance :
Ce tableau faisait partie de la collection du marquis Gaspar de Remisa (1784 – 1847), qui fut l’un des hommes d’affaires les plus importants de tout le XIXe siècle espagnol. À la tête de l’une des plus grandes fortunes de son temps, il occupa de nombreuses fonctions, de l’exploitation de mines à la fondation d’un journal, El Corresponsal, qui fut édité jusqu’en 1844. En outre, il s’intéressa beaucoup au monde de la culture, parvenant même à être nommé président de la Société Artistique et Littéraire de Madrid. Dans sa demeure madrilène de la calle de la Salud, il réunit une collection très importante de peintures qui fut évaluée à plus de quatre cents œuvres, d’artistes comme Murillo, des Rives, Zurbaran, Velasquez et Goya. Pour son aptitude aux affaires et sa protection des Beaux-Arts, il fut distingué par les titres de Marquis de Remisa et Vizconde de Maison Sanz, par la reine Isabel II.