- 20
Mattia Preti
Estimate
30,000 - 40,000 EUR
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Description
- Mattia Preti
- Saint Jérome
- Huile sur toile
huile sur toile
Provenance
Collection de la famille de Félix D’Ollières, Aix-en-Provence, depuis le XVIIIe siècle
Condition
To the naked eye:
Except the fact that the painting is under a very dirty and old varnish, it is in a very good condition. It has been relined in the first half of the 20th century, a bit too strong.
We notice a 15 cm. long white streak near the centre of the painting, in the upper part of the red clothe (bird dropping) due to the fact that the painting was stored in a attic for a long time.
Under U.V. light:
The painting appears under a green thick and uniform varnish. We notice a restoration along the left edge. We also notice a little retouching on Saint Jerome’s left eye, as well as some scattered points of restoration on his right arm and shoulder.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
Nous remercions le Dr. Nicola Spinosa d'avoir confirmé l'authenticité de l'oeuvre d'après photographie.
Ce très beau Saint Jérôme émergeant de l’obscurité, oeuvre inédite et conservée depuis plusieurs centaines d'années dans une collection du Sud de la France, est une œuvre caractéristique du luminisme expressif de Mattia Preti.
Alerté par une trompette annonçant le Jugement Dernier, Saint Jérôme tourne son regard dans sa direction. Toutefois ses yeux ne s’arrêtent pas à l’instrument annonciateur et semblent regarder plus loin, vers un ange que le spectateur ne percevra jamais. La lumière met en évidence le corps de Saint Jérôme, marqué par l’âge et les traitements auto-infligés, dont la pierre serrée dans la main droite constitue le témoin. Sa main gauche, quant à elle, agrippe un crâne symbolisant la vacuité de l’existence terrestre. Devant lui, un crucifix repose sur une souche d’arbre, comme un inexorable rappel à la foi chrétienne. Son habit rouge de cardinal semble avoir glissé de ses épaules et ne couvre désormais plus que sa taille.
Mattia Preti arriva à Rome vers 1630. Le climat artistique romain orienta ce premier contact vers le Caravagisme nordique, alors représenté par des artistes comme Valentin, Sérodine ou le néerlandais Mathias Stomer. Par la suite, il put parfaire son enseignement au contact de Pietro Testa, Francesco Mola ou encore Poussin, entre 1630 et 1640. Dans les années 1650, l’art de Preti se teinte d’un goût marqué pour la culture émilienne, celle de Lanfranco et de Guerchin, sensible dans ses fresques de l’abside de San Andrea della Valle. Présent à Naples entre 1653 et 1660, ce séjour marqua un retour aux anciennes tendances. Ses œuvres reflètent alors des méditations sur Ribera, sur le luminisme de Caracciolo. Toutefois, c’est bien la découverte de Giordano qui marqua le moment essentiel de cette période. À Giordano, Preti doit en effet sa nouvelle technique d’empâtement, son trait rapide et sommaire, dont le goût résolument baroque apparaît par exemple dans le Festin de Balthazar (Naples, Capodimonte). De 1660 à sa mort, Preti travailla à Malte. De ce détachement provincial, qui l’isole des courants nouveaux, naît un langage cristallisé, immuable, sensible dans des œuvres comme le Baptême du Christ (musée de La Valette) ou dans les décors de l’église de San Giovanni à La Valette. Sa palette évolue toutefois : il renonce peu à peu au chromatisme néovénitien riche et varié. Les couleurs brillantes, comme l’orange, le jaune et le bleu se raréfient et sa palette se restreint et s’assombrit. On assiste dans l’art de Preti à un retour du ténébrisme. En outre, l’artiste se faisant plus âgé, son art se fait plus introspectif et se dépouille des artifices, comme en témoigne par exemple son Christ à la Colonne (La Valette, National Museum of Fine Arts).
De cette période date le Saint Jérôme conservé dans la salle capitulaire de la Collegiate Parish Church of the Virgin Mary à Senglea. Il s’agit d’une composition très semblable à la nôtre, datée de la fin des années 1660. Le succès que rencontra cette composition est attesté par l’existence de plusieurs œuvres semblables, de qualité toutefois inférieure, mentionnées par John T. Spike[1]. Ainsi, cette figure de Saint Jérôme, tout comme celle du Christ à la Colonne, dénotent, par leur religiosité exacerbée, empreinte de désespoir, une véritable méditation sur la mort.
Ce très beau Saint Jérôme émergeant de l’obscurité, oeuvre inédite et conservée depuis plusieurs centaines d'années dans une collection du Sud de la France, est une œuvre caractéristique du luminisme expressif de Mattia Preti.
Alerté par une trompette annonçant le Jugement Dernier, Saint Jérôme tourne son regard dans sa direction. Toutefois ses yeux ne s’arrêtent pas à l’instrument annonciateur et semblent regarder plus loin, vers un ange que le spectateur ne percevra jamais. La lumière met en évidence le corps de Saint Jérôme, marqué par l’âge et les traitements auto-infligés, dont la pierre serrée dans la main droite constitue le témoin. Sa main gauche, quant à elle, agrippe un crâne symbolisant la vacuité de l’existence terrestre. Devant lui, un crucifix repose sur une souche d’arbre, comme un inexorable rappel à la foi chrétienne. Son habit rouge de cardinal semble avoir glissé de ses épaules et ne couvre désormais plus que sa taille.
Mattia Preti arriva à Rome vers 1630. Le climat artistique romain orienta ce premier contact vers le Caravagisme nordique, alors représenté par des artistes comme Valentin, Sérodine ou le néerlandais Mathias Stomer. Par la suite, il put parfaire son enseignement au contact de Pietro Testa, Francesco Mola ou encore Poussin, entre 1630 et 1640. Dans les années 1650, l’art de Preti se teinte d’un goût marqué pour la culture émilienne, celle de Lanfranco et de Guerchin, sensible dans ses fresques de l’abside de San Andrea della Valle. Présent à Naples entre 1653 et 1660, ce séjour marqua un retour aux anciennes tendances. Ses œuvres reflètent alors des méditations sur Ribera, sur le luminisme de Caracciolo. Toutefois, c’est bien la découverte de Giordano qui marqua le moment essentiel de cette période. À Giordano, Preti doit en effet sa nouvelle technique d’empâtement, son trait rapide et sommaire, dont le goût résolument baroque apparaît par exemple dans le Festin de Balthazar (Naples, Capodimonte). De 1660 à sa mort, Preti travailla à Malte. De ce détachement provincial, qui l’isole des courants nouveaux, naît un langage cristallisé, immuable, sensible dans des œuvres comme le Baptême du Christ (musée de La Valette) ou dans les décors de l’église de San Giovanni à La Valette. Sa palette évolue toutefois : il renonce peu à peu au chromatisme néovénitien riche et varié. Les couleurs brillantes, comme l’orange, le jaune et le bleu se raréfient et sa palette se restreint et s’assombrit. On assiste dans l’art de Preti à un retour du ténébrisme. En outre, l’artiste se faisant plus âgé, son art se fait plus introspectif et se dépouille des artifices, comme en témoigne par exemple son Christ à la Colonne (La Valette, National Museum of Fine Arts).
De cette période date le Saint Jérôme conservé dans la salle capitulaire de la Collegiate Parish Church of the Virgin Mary à Senglea. Il s’agit d’une composition très semblable à la nôtre, datée de la fin des années 1660. Le succès que rencontra cette composition est attesté par l’existence de plusieurs œuvres semblables, de qualité toutefois inférieure, mentionnées par John T. Spike[1]. Ainsi, cette figure de Saint Jérôme, tout comme celle du Christ à la Colonne, dénotent, par leur religiosité exacerbée, empreinte de désespoir, une véritable méditation sur la mort.
Note sur la provenance :
Cette œuvre de Mattia Preti appartient de longue date à une illustre famille de parlementaires d'Aix-en-Provence. Jean-Baptiste de Félix dut son ascension sociale au Cardinal Fleury, ministre de Louis XV. Il le fit nommé sous-gouverneur du Dauphin en 1757. Son fils Louis Nicolas, menin du Grand Dauphin devint, sous Louis XVI, ministre de la Guerre et maréchal de France. La famille possédait également les châteaux d’Ollières dans le Var, de la Reynarde dans les faubourgs de Marseille et de Grignan dans la Drôme.
[1] John T. Spike, Mattia Preti, Catalogo ragionato dei dipinti, Florence, 1999, p.398.