Lot 42
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Deux importantes armoires à médailles formant paire en marqueterie en contrepartie d'écaille et de laiton et monture de bronze doré, l'une par l’atelier d’André-Charles Boulle, vers 1720-1730, et probablement restaurée par Jean-Faizelot Delorme, l'autre vers 1760-1770

Estimate
600,000 - 1,000,000 EUR
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Description

  • Haut. 130,5 cm, larg. 122 et 124 cm, prof. 44,5 et 45 cm
  • Height 51 1/3 in; width 48 in and 48 3/4 in; depth 17 1/2 in and 17 3/4 in
la façade ouvrant à deux vantaux à décor de rinceaux, centrés d'un masque d'Apollon, ornés des figures de Socrate et Aspasie dans un entourage de sept médailles de l’Histoire de Louis XIV, avec des équerres dans les angles ; les côtés à décor de rinceaux feuillagés ; l'une estampillée J.F.L. DELORME ; l'autre marquée du JME ; le bronze d'Aspasie marqué au revers FAIT / RICH... / par / Sabatié

Provenance

- Probablement ancienne collection du duc de Sutherland à Stafford House, vers 1848 (visible sur une vue d’intérieur)
- Ancienne collection Ogden Mills (1857-1929), acquises vers 1910 pour son hôtel au 73 rue de Varenne, puis sa fille Béatrice, comtesse de Granard, puis par descendance
- Vente Christie's à Londres, The Exceptionnal Sale, le 4 juillet 2013, lot 20

Literature

A. Pradère, "Les armoires à médailles de l'Histoire de Louis XIV par Boulle et ses suiveurs" in Revue de l'Art n°107, 1997

Condition

Please note that this pair is the 3rd owned by the philantropist Ogden Mills (1857-1929) for his hôtel particulier located rue de Varenne . The other two pairs having been sold in 2002 and 2012 respectively. This lot is composed of 2 "armoires à sept médailles", one attributed to the workshop of A-C Boulle circa 1720-30, the other slighltly later circa 1760-70, by an ébéniste reknowed for his skill to restore and create "Boulle marquetry" work. Adrien Faizelot Delorme has restored the earlier one and stamped it and certainly realized the other one from the original model. Both pieces are constructed in the tradition of Parisian ébénisterie of their time. The earlier with a removal back panel using bevel-edged oak panels in pegged frame while the other shows a construction more linked with the years 1760-70 illustrated with a more refined construction with the back fully incorporated. The inspection of the mounts also inderlines the theory that Delorme restored one armoire while making the other to match it. Some appear to have been cast from the earlier piece. So they also show a similar patina and expected identical traces of previous restoration. -The earlier one (illustrated on page 118) : The veneer with minor horizontal and vertical cracks, plus marks and scratches on the surface of the varnish. The brass ground in good restored condition. Minor replacements to the tortoishell. The veneer on the inside of the doors sanded and varnished. One scratche on the top. The mounts with traces of mercury gilding, and expected wear. The other armoire (illustrated on p. 119) is in the same overall good condition. Made to form a pair they have also kept some slight différences such as the chasing of the mounts. Attractive model in good restored condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Sur les vingt-cinq d’armoires à médailles répertoriées aujourd’hui par Alexandre Pradère, seules huit d’entre elles appartiennent à des collections privées, dont les deux exemplaires de la collection de Robert de Balkany. L’article d’Alexandre Pradère rassemblant l’ensemble des informations disponibles sur le sujet, il convient simplement d’insister sur le succès ininterrompu de ces meubles depuis leur création probablement à la fin de la Régence, vers 1720-1725. L’étude des prix de ces armoires obtenus en vente publique reflète une certaine stabilité dans le courant du XVIIIe siècle avec un prix moyen de 1000 livres par meuble entre 1762 et la fin du siècle qui connaît une baisse générale des prix. Il fallait donc plus ou moins compter 2000 livres pour s’offrir une paire d’armoire à médaille dans la seconde moitié du siècle (le record étant de 3000 livres lors de la vente Gaillard de Gagny en 1762, les armoires sont alors présentées comme étant l’ouvrage de Boulle père).

Les armoires à médailles sont très bien représentées dans les collections publiques et les musées. Six sont conservées au château de Versailles, deux au Palais de l’Elysée et deux au ministère des affaires étrangères. Cinq d’entre elles se trouvent en Angleterre, deux au château de Windsor, deux au château de Chatsworth et une à l’Ashmolean museum à Oxford. Enfin deux armoires sont aujourd’hui conservées au musée de l’Ermitage à Saint Petersburg permettant d’en totaliser dix-sept. Les huit autres se trouvaient réparties entre les anciennes collections Beauvau (deux armoires), Patino (deux armoires) et Ogden Mills (quatre armoires).

Il ne serait pas surprenant d’utiliser le terme de paire pour qualifier la juxtaposition de deux meubles en contrepartie en tant que paire ce type de meuble en marqueterie dont le découpage des plaques de laiton et d’écaille de tortue implique la création d’une « première partie » (sur fond d’écaille) et une contre-partie (sur fond de laiton). On trouve en effet tout au long du XVIIIe siècle des armoires à médailles présentée en pendant ; les deux, soit sur fond d’écaille, soit sur fond de laiton. Il est intéressant de citer à ce titre la vente Le Bœuf, le 8 avril 1783, lot 210 : « Deux armoires semblables aux précédentes, mais en contre-partie ; l’on ne peut rien avoir de plus noble ni de plus riche que ces quatre meubles pour l’ornement des cabinets (…) ». Cet éloge valant pour les quatre meubles, le lot précédent correspondant à deux autres armoires en première-partie, montre très clairement la façon dont on les présentait. La vente Lebœuf par ailleurs illustrée, apporte une confirmation de l’identification du modèle (voir illustration).

La collection Ogden Mills

Fils d’un richissime banquier américain qui lui laissa à sa mort une fortune considérable, Ogden Mills (1856-1929) appartenait à de nombreux conseils d’administration de sociétés dans lesquelles son père avait investi. Passionné de courses de chevaux, il s’y consacra et mena de nombreux chevaux à la victoire. Sa fille Béatrice (1883-1972) épousa Lord Granard en 1909, ils s’installèrent à Paris dans l’hôtel de Taverny au 73 rue de Varenne qu’ils aménagèrent dans les années 20 et constituèrent une très importante collection de mobilier du XVIIIe siècle.

Ogden Mills possédait notamment deux autres armoires à médailles, en première et contrepartie, vendues chez Christie’s à Londres le 5 juillet 2013, lot 30.