Lot 19
  • 19

Rome, dans le style du XVIIe siècle Urne couverte en porphyre

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
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Description

  • Urne couverte en porphyre
  • l'urne en porphyre reposant sur quatre lions en bronze doré, Allemagne, XVIIe siècle; le couvercle surmonté d'une chimère en bronze doré, Italie, première moitié du XVIIIe siècle
  • 49 x 45 cm; 19 1/3 by 17 2/3 in.

Literature

D. del Bufalo, Red Imperial Porphyry, Power and Religion, Turin, 2012, p. 155, n° V122;
P. Malgouyres, Porphyre, la pierre pourpre des ptolémées aux Bonaparte, Paris, 2003, p. 119, n° 29 et 30.

Condition

Good condition overall with some old repairs, barely visible, to the lid and some natural veining to the porphyry at several places. One diagonal restored break to the top left of the cover, another smaller restoration to the right side of the cover. A few minor chips to the lower edges of the porphyry cover. There appears to be some natural veining to the porphyry vase in the center, and a small old repair to the lower right. Minor oxidation to the giltbronze lions and Chimera, which have been associated (one lion slightly loose).
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Catalogue Note

Fascinant par sa couleur pourpre inimitable et sa pérennité, le porphyre fut l'un des matériaux les plus ardemment recherchés dès la fin de l'Antiquité romaine, souvent associé au prestige aristocratique et à la propagande impériale et royale. Cette pierre rare et précieuse fut exclusivement extraite, à l’époque romaine, d’une seule carrière égyptienne découverte dans le massif du Gebel Dokhan. L’exploitation de cette carrière prit fin au Ve siècle apr. J.-C., poussant dès le Moyen-Age au réemploi d’éléments architecturaux antiques en porphyre - redécouverts lors des fouilles – qui seront retaillés, souvent montés en or ou en bronze doré et parfois même ornés de pierres précieuses. Suger, abbé de Saint-Denis de 1122 à 1151, explique cette pratique : « … nous avons adapté au service de l’autel un vase de porphyre admirablement fait de la main du sculpteur et du polisseur, qui restait inutile dans un coffre depuis de nombreuses années, le transformant avec de l’or et de l’argent, d’amphore qu’il était précédemment, en la forme d’un aigle » (cf. Ph. Malgouyres, op. cit., p. 84). L’Aigle de Suger, l’un des fleurons des objets d’art médiévaux du musée du Louvre, est supposé avoir contenu les cendres de l’abbé de Saint-Denis (inv. n° MR 422). Il en sera de même pour l’importante collection d’objets montés en porphyre de Louis XIV, dont la majorité fut sculptée à partir de colonnes antiques excavées à Rome au XVIIe siècle.

La forme oblongue et évasée de cette urne s’inspire des baignoires antiques en bronze. Elle en reprend d’ailleurs le motif des deux anneaux latéraux qui n’avaient d’autre fonction que d’en faciliter le transport. Une vingtaine de baignoires antiques en porphyre sont aujourd’hui inventoriées dont la majorité est conservée dans des églises romaines, transformée en maîtres-autels – telles qu’à San Bartolomeo all’Isola, San Giovanni in Latrano ou Santa Maria Maggiore -, en reliquaire ou en fonts baptismaux comme à la cathédrale de Milan. Une autre baignoire antique en porphyre, provenant de la collection Borghèse, est conservée au musée du Louvre (Rome, IIe / IVe siècle avant J.-C., inv. n° MR 993) ; une autre encore, dite Baignoire de Dagobert  (musée du Louvre, inv. n° MND 1585) aurait été ramenée de Poitiers par le roi des Francs avec la dépouille de saint Hilaire. De multiples légendes, malheureusement invérifiables, se sont construites autour de cette baignoire. D’aucuns y reconnaissaient la cuve baptismale de saint Hilaire - voire pour certains de Clovis en personne -, d’autres le sarcophage de Charles le Chauve.

L’absence de système de vidanges dans la plupart de ces cuves laisse à penser qu’elles ont purement été conçues comme ornements fastueux des thermes impériaux romains, sans aucune fonction usuelle. Des versions de dimensions plus petites sont connues telles que la vasque de la fondation Santarelli, à Rome (3e / 4e siècle av. J.-C.; fig. 1), ou l’urne dédiée à sainte Madeleine sur l'autel de l'église de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (fig. 2). Cette urne, ornée de bronzes dorés réalisés par Alessandro Algardi, fut commandée par l’archevêque d’Avignon pour contenir les reliques de sainte Madeleine et fut bénie par le pape Urbain VIII en 1634 (cf. D. del Bufalo, op.cit., p.145, n° V 52).

Une aquarelle par Jeffrey Bailey, qui sera également présentée à la vente lors des sessions suivantes, illustre l'urne couverte telle qu'elle était disposée dans le cabinet de travail de la rue de Varenne.