Lot 128
  • 128

Lancelot-Théodore Turpin de Crissé

Estimate
50,000 - 80,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Lancelot-Théodore Turpin de Crissé
  • Daphnis et Chloé demandant à un vieux chevrier ce que c’est que l’amour
  • Signé et daté en bas au centre TURPIN DE CRISSE / 1809
  • Huile sur sa toile d'origine
  • 106 x 136,5 cm ; 41 3/4 by 53 3/4 in

Exhibited

Paris, Salon de 1810, n° 787

Literature

C-G Marcus, Les paysagistes français du néo-classicisme au pré-romantisme, Art et Curiosités, 1967, reproduit fig XXXV
Lancelot-Théodore Turpin de Crissé peintre et collectionneur, catalogue d'exposition, musée des Beaux-Arts d'Angers, 2006, cité p. 38

Condition

A strip of canvas of 8cm high was added by the artist on the upper part of the composition (the mark is visible on the visual in the catalogue). A vertical craquelure, barely visible, 25cm high, on the left of the composition is situated in the pine tree from top to bottom. Under UV light, minor scattered retouches are visible in the greenery, and one in the upper left, in the background. The varnish has yellowed a little and the painting would benefit from a light cleaning. Very thin craquelures, barely visible, witness the fact that the painting has not been altered and sits on its original canvas. Thin craquelures appear in the center of the painting due to the frame. The golden frame presents important cracks on each side. The picture in the catalogue is slighty more yellow than the painting really is.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

Daté de 1809, année du retour de l’artiste à Paris après son séjour italien, notre tableau fut exposé au Salon de 1810.

Le sujet est tiré du roman grec Les Pastorales ou Daphnis et Chloé écrit par Longus vers le IIème siècle. Ce récit idyllique, situé dans l’île de Lesbos, relate la naissance du sentiment amoureux entre deux orphelins Daphnis et Chloé, recueillis par des bergers.

La scène de notre tableau tirée du livre II du roman, représente Philéas un vieil homme, expliquant aux deux jeunes gens innocents le remède aux tourments de l’amour. Le choix de représenter cet instant précis de l’histoire en exprime la problématique : l’amour peut-il s’épanouir uniquement grâce à la nature ou a-t-il besoin d’enseignement spécifique pour apparaître ? On voit qu'il s’agit de l’œuvre d’un artiste nourri de culture classique  et de littérature grecque.

Le sujet est aussi prétexte à l’évocation d’un paysage enchanteur où la végétation luxuriante qui occupe la quasi-totalité du tableau, sert d’écrin aux personnages qui baignent dans la lumière. L’effet de contrejour et de transparence des feuillages traités avec minutie, accentue l’évocation d’une nature intemporelle qui préfigure le courant romantique.

Issu d’une ancienne famille aristocratique angevine, qui lui transmit le goût de l’art, Lancelot Théodore Turpin de Crissé ne suivit pas de formation académique.
Dès sa première exposition au Salon de 1806, il obtint une médaille d’or comme peintre de paysage avec Les adieux de René à sa sœur dont le sujet est tiré de Chateaubriant. Il s’y présente comme l’élève de son père, officier des armées de Louis XVI et peintre amateur. Mais c’est aussi à sa mère, la marquise de Turpin de Crissé, peintre miniaturiste, que le jeune homme doit sa formation artistique. Fervent royaliste, son père émigra en Amérique en 1794 en pleine terreur où il mourut peu de temps après, dans le dénuement. Sa famille, ayant trouvé refuge en Anjou chez des cousins, subsista de la vente des œuvres de la marquise et du jeune Turpin.

Le retour d’exil du comte de Choiseul-Gouffier en 1802 marqua un tournant dans la vie du jeune artiste revenu à Paris sous le Directoire. En 1782, à la suite d’un voyage en Grèce, le comte avait publié un premier ouvrage Voyage pittoresque de la Grèce, illustré de relevés d’architecture et de vues de sites. Il prit le jeune Turpin en amitié, et souhaitant poursuivre la publication de l’œuvre, lui demanda des dessins pour illustrer le second volume, qui parut en 1809.
C’est grâce à son soutien que Turpin put parfaire son métier, en parcourant la Suisse en 1803 puis l’Italie de 1807 à 1808, visitant Rome, Florence et Naples et se liant d’amitié avec d’autres peintres comme Granet et Le Nepveu.

De ce séjour, datent de nombreux dessins et études peintes sur le motif qu’il utilisa pour ses tableaux tout au long de sa vie. De retour en France, il entra dans le cercle de la reine Hortense et après le divorce du couple impérial en 1809, il fut nommé chambellan de l’Impératrice Joséphine de 1810 jusqu’à la mort de celle-ci en 1814.

Avec le retour des Bourbons, Turpin reprit son titre de comte en 1816.
Son mariage en 1813 et l’héritage de son cousin le marquis de Lusignan lui assurant une aisance financière, il continua à peindre et reprit la route de l’Italie en 1818, 1824 et 1829 à la recherche de beaux sites. Il exposa au Salon jusqu’en 1835.

En 1824, il est membre du Conseil des Musées royaux puis en 1825, proche de Charles X, il est nommé inspecteur général du département des Beaux-Arts comprenant les musées, les grands théâtres, le conservatoire de musique, les manufactures royales. Il reçoit la croix de la Légion d’honneur la même année.

Nous remercions Madame Caroline Chaine qui a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.