Lot 116
  • 116

Antonio Molinari

Estimate
50,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Antonio Molinari
  • L'enlèvement d'Hélène
  • Huile sur toile
  • 139 x 149 cm ; 54 3/4 by 58 5/8 in

Condition

A l'œil nu : Le tableau se présente dans un état de conservation très satisfaisant. Le tableau a fait l'objet d'un rentoilage, très correctement réalisé, qui n'a pas tassé la matière et la toile est assez souple. On remarque une marque du châssis à 5cm du bord droit, et quelques petits points de restauration sur la tête du personnage de dos à droite. Le tableau est sous un vernis légèrement sale mais il a une belle matière, bien préservée. A la lampe U. V. : Le tableau apparaît sous un vernis vert uniforme. On remarque quelques très légers petits points de restauration épars sur la composition mais sans importance. Le tableau est en bel état général. Le rapport de condition a été réalisé le 1er septembre 2016 en l'hôtel particulier rue de Varenne de M. de Balkany, dans ces conditions le tableau n'a pas pu être décroché. Ce lot fera l'objet d'un transport préalablement aux expositions et à la vente. To the naked eye: The painting is in good condition. The painting has been relined very correctly, the paint surface has not been flattened and the canvas remains flexible. We notice a mark at 5 cm. from the right edge, few restorations on the head of the figure turning his back on the right. The varnish is a little bit dirty, but the painting has a beautiful and well preserved pictorial matter. Under the U. V. light: The U. V. light reveals a green varnish. Few very light restoration points on the composition, but without importance. The painting is in good condition. Please note that this condition report was made on August 20th 2016 inside Robert de Balkany's hôtel rue de Varenne and that the painting was not hang off the wall. This lot will be shipped to Sotheby's galleries before the exhibit and the sale.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Notre œuvre est à rapprocher d’un tableau, très similaire, conservé à la Northampton Art Gallery (voir fig.1)[1]. Toutefois, la composition se trouve modifiée par rapport à notre tableau : Pâris est déporté à droite et l’homme au bâton à gauche. La figure d’Énée y est plus présente, tandis que dans notre œuvre, elle est reléguée au second plan. Antonio Molinari reprenait très frequemment ses compositions avec quelques variantes dans deux formats différents, l'un rectangulaire et le second carré.
Né en 1655, Molinari fit son apprentissage auprès d’Antonio Zanchi, à Venise. Fortement influencé par les peintres napolitains comme Giordano, ses œuvres révèlent une progressive adhésion aux formules baroques ainsi qu’une accentuation des effets de lumière. Malgré l’élégance que Molinari savait imprimer à la dynamique de ses figures et de l’éclaircissement de sa palette de couleurs, il est l’artiste, qui au moment du passage entre le XVIIe et le XVIIIe siècle vénitien demeura le plus fidèle à la poétique des ténébristes. Ainsi, comme l’ont écrit Donzelli et Pilo [2], « de la brutalité anatomique presque ostentatoire, au sens naturaliste, de certains détails » il parvient à libérer « le pinceau dans une souplesse et une fluidité de rythme et de couleurs gaies qui préfigurent Giovanni Antonio Pellegrini : une ouverture brillante et précoce au rococo. ».
Ainsi, la seule personnalité dont la stature puisse rivaliser avec celle de Sebastiano Ricci au moment du passage entre Seicento et Settecento est incontestablement celle de Molinari. Molinari a compris le sens profond de ce naturalisme de nature ribéresque que les ténébristes avaient introduit à Venise sous l’aspect d’un clair-obscur plus profond, rendant actuelle cette charge naturaliste, qui aux premiers temps du Settecento alimentera une mode dont le chef de file fut Giovanni Battista Piazzetta.

Jetant au ciel un regard plein de désespoir, Hélène tente un mouvement pour se dégager de l’emprise de son ravisseur, tandis que sa main droite agrippe la cape rouge de Pâris. Cet Enlèvement d’Hélène fait partie des scènes à caractère narratif et romanesque issues de l’histoire romaine ou de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans lesquelles Molinari a su le mieux déployer son talent et son vocabulaire figuratif. Parmi ces œuvres, on peut mentionner le Christ et la Femme adultère du Staatliche Kunstsammlungen de Cassel, Rébecca et Eliezer de l’Auckland City Art Gallery ou encore La mère des Gracques conservée dans une collection privée bolonaise. Ces œuvres se distinguent par leur liberté narrative, leur ton un peu mélodramatique, conjugués à des éléments figuratifs solidement construits mais déclinés avec une certaine élégance et qui se détachent de fonds architecturaux lumineux.

[1] A. Crievich, Antonio Molinari, Soncino, 2005, p. 146, fig. 85 reproduit.
[2] C. Donzelli et G. M. Pilo, I pittori del Seicento Veneto, Florence, 1967.