Lot 216
  • 216

Académie Goncourt

Estimate
6,000 - 8,000 EUR
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Description

  • Académie Goncourt
  • Lettre à Marcel Proust. Paris, 10 décembre [1919].
  • ink on paper
1 p. in-8 (210 x 137 mm). En-tête de l’Académie Goncourt.

Très importante lettre, annonçant que le Prix Goncourt a été décerné à Marcel Proust pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs.



"Monsieur et cher confrère,
Nous avons l’honneur et le plaisir de vous annoncer que vous avez été désigné aujourd’hui pour le Prix Goncourt pour votre livre :
À l’ombre des jeunes filles en fleur [sic].
Veuillez recevoir, Monsieur et cher confrère, l’expression de nos sentiments dévoués."



Huit membres du jury ont signé : Gustave Geffroy (président de l'Académie Goncourt), Léon Daudet, J.-H. Rosny aîné, J.-H. Rosny jeune, Henry Créard, Elémire Bourges, Léon Hennique et Paul Ajalbert.



En juin 1919, alors que les Jeunes filles en fleurs viennent de paraître, Proust apprend que son ami Léon Daudet, membre du jury, a l’intention de voter pour lui. Le prix lui est décerné par 6 voix contre 4 : Ajalbert, Hennique, Bergerat et Descaves ont voté pour Les Croix de bois de Roland Dorgelès. En avançant des critères bien peu littéraires, la presse conteste vivement le choix des académiciens, accusés d’avoir favorisé un auteur âgé, trop riche et qui, à la différence de Roland Dorgelès, n’a pas combattu au front.



Le prix Goncourt prit Gallimard au dépourvu : le premier tirage de 3000 exemplaires était épuisé, et, dès le début du mois de décembre, Proust se plaignit que la réimpression ait pris du retard. Celle-ci s’éleva à 6 600 exemplaires et fut suivie de deux autres tirages en février et en juillet 1920. Malgré ces chiffres, les ventes ne furent cependant pas un succès : le tirage total ne dépassa pas celui de Swann, à la différence des Croix de bois, dont le tirage s’avéra trois fois supérieur à celui du roman primé…



"C’est le seul prix de valeur, aujourd’hui, parce qu’il est décerné par des hommes qui savent ce qu’est un roman, et ce que vaut un roman", dira Proust à Céleste Albaret (p. 367).



Expositions : B.N.F., n° 450. -- Jacquemart-André, n° 298.



Références : Kolb, XVIII, n° 293. -- Album Pléiade, repr. p. 260.



[On joint :]
Geffroy, Gustave. Lettre à Marcel Proust. 13 décembre [19]19. 1 p. in-16 (106 x 140 mm).
Lettre inédite du président de l’Académie Goncourt.
Dans les jours qui suivent le prix, Proust, malade, multiplie les lettres de remerciement ; il prétendra avoir reçu 870 lettres de félicitations. En réponse à celle qu’il adresse à Geffroy, celui-ci lui répond par ces mots admiratifs : "C’est moi, monsieur et cher confrère, qui vous dois des remerciements pour la lecture de vos livres forts et délicieux. J’en aime la netteté vivante, le solide dessin intérieur. J’en aime aussi les méandres et les ombres où je vois toujours briller, proche ou lointaine, la lumière ou la lueur de l’art. J’espère redire mieux tout cela un jour quand vous serez rétabli et que vous viendrez déjeuner chez l’académie Goncourt. De tout cœur à vous, Gustave Geffroy".