Lot 264
  • 264

Les Chasses de Maximilien, tapisserie royale d'époque Louis XIV, vers 1704-1706, Manufacture des Gobelins, d'après Bernard van Orley, par Jean de la Croix (Père)

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
bidding is closed

Description

  • tapistery
  • 420 x 337 cm
  • 165 1/3 in by 132 2/3 in
en laine et soie, symbolisant le mois de Novembre et représentant une scène de banquet de chasse, probablement au cœur de la forêt de Soignes ; au premier plan, une table de fortune entourée de nobles seigneurs, chasseurs et serviteurs apportant des plats ; au second plan à droite, deux hommes préparant  un feu et un autre ramassant du bois ; une seconde table dressée au centre d’une assemblée de personnages en armures ; bordure richement ornée de motifs de tors de lauriers et guirlandes de fruits et de fleurs animées d'oiseaux, attribuée probablement à Jean ou Guillaume Tons ; la partie haute à décor d'un médaillon symbolisant le signe du Sagittaire, la partie basse ornée d'une frise de tritons en camaïeu ; signée en bas à droite L.CROIX.P et porte le numéro d'inventaire n°187/Entref.P./r.les B.CH.N°172./3 au de cours, Sur 3 au 9/16.6.P. 

Provenance

- Cette tapisserie et la suivante furent commandées par Louis XIV pour compléter la tenture inventoriée sous le numéro 172, ; inventoriée sous le numéro 186 et complétée en 1705-1706
- Inscrite au Garde-Meubles à Paris en 1789
- Probablement château de Fontainebleau
- Vente Sotheby's Londres, le 15 décembre 1961, lots 57 et 58

Literature

A. Balis, K. De Jonge, G. Delmarcel et A. Lefébure, Les Chasses de Maximilien, Paris, Réunion des musées nationaux 1993.
E. A. Standen, Les tapisseries du Metropolitan Museum of art, New York, Metropolitan Museum of art1985. 
Tapisseries des Gobelins au château de Fontainebleau, Paris, Réunion des musées nationaux, 1993.
Chefs d'oeuvre de la tapisserie du XVIème au XVIIIème siècle, dans les collections de la ville de Paris, Paris, Presses Artistiques, 1986.

Condition

The illustration is a little too white. Even colors overall, some are still vivid (blue, red, green) ; the background (sky) is slightly faded as expected. Beautiful composition, lovely details.Good restored condition. Linen, ready to be displayed.
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Catalogue Note

Ces deux tapisseries font partie de la tenture des Chasses de Maximilien symbolisant le mois de novembre, mois du sagittaire, commandées par Louis XIV à la manufacture des Gobelins et exécutées entre 1704 et 1706. Cette suite de douze tapisseries tissées d’après les cartons de Bernard Van Orley réalisés entre 1528 et 1533 est également connue sous le titre des « Belles Chasses de Guise ». Elle représente une assemblée de chasseurs au cœur de la forêt de Soignes, près de Bruxelles, lieu alors privilégié par les empereurs pour les chasses, un de leurs passe-temps favoris. Ils sont assistés, lors de ce banquet, par des serviteurs reconnaissables au torchon blanc qu’ils portent au bras ou autour de leur cou. 

Histoire des Chasses de Maximilien

A l’origine, la tenture aurait été réalisée pour Charles Quint ou Marie de Hongrie comme en atteste une première mention dans l’inventaire d’Henri de Lorraine, duc de Guise en 1589. Les emblèmes des chasseurs font référence à Charles V, confirmant l’hypothèse d’une commande de la cour des Habsbourg.  Cette suite de tapisseries entre dans les collections de Louis XIV - sous le n° d’inventaire 32 - en 1665 grâce au concours de Colbert à la suite de la succession du duc de Guise.

Bien que ce dernier ait souhaité la vendre en 1654 pour des raisons financières, la transaction n’a pu avoir lieu qu’après son décès en 1664. Une nouvelle version comprenant douze tapisseries d’entre-fenêtres fut commandée en 1704 et tissée en 1708 dans les ateliers d’Étienne le Blond et Jean de la Croix. Une référence au monarque commanditaire est reconnaissable sur le vase posé en dessous de la table centrale au motif de soleil. En 1789, cette suite fut divisée en deux parties : cinq tapisseries furent placées au château de Fontainebleau et les sept autres, dont la nôtre, déposées au Garde-Meuble de la Couronne.

 

Bernard Van Orley (entre 1487 et 1492 - 1542)

Peintre de scènes religieuses et de portraits, auteur de cartons de tapisseries et de vitraux, Bernard van Orley est le fils du peintre Valentin van Orley. Il apprit le métier dans l'atelier de son père, jouit rapidement d'une renommée et accède au statut de peintre de la cour de Marguerite d'Autriche le 23 mai 1518. Au mois d'août 1520, il reçoit avec faste Albrecht Dürer. Cette rencontre eut certainement une influence déterminante sur l'évolution de sa peinture. Doué d'un réel talent de conteur et de décorateur, Bernard Van Orley fait figure de novateur, conciliant harmonieusement la tradition flamande et les influences nouvelles de la Renaissance –principalement celles de Dürer et Raphaël. L’art de la tapisserie révèle la pleine mesure de son talent. Sur bases de considérations stylistiques, on attribue en effet à Van Orley un très grand nombre de pièces tissées dans les ateliers bruxellois tels les cartons de La légende de Notre-Dame du Sablon (1518) commandées par François de Taxis pour sa chapelle funéraire à l'église du Sablon. Vers 1530, Henri III de Nassau lui commanda une série de cartons illustrant la « Généalogie de la Maison de Nassau ». A ce titre, la suite des douze tapisseries des Chasses de Maximilien (Paris, Musée du Louvre) est considérée comme un des chefs d'œuvre du XVIe.

 

Manufacture des Gobelins

Depuis le regroupement en 1662 par Colbert des ateliers de tapisserie parisiens avec ceux que Fouquet avait installés à Maincy, la manufacture des Gobelins n'a cessé de démontrer l’importance du rôle qu’elle a joué dans l’évolution de l’art de la tapisserie.  Charles Le Brun (1619-1690), premier peintre de Louis XIV, en est le premier directeur. Dans l'enclos des Gobelins, il installe non seulement des peintres et des tapissiers mais encore des orfèvres, des fondeurs, des graveurs, et des ébénistes. Parmi les plus célèbres tentures d’après Le Brun, on peut citer les Elements, les Saisons, l'Histoire d'Alexandre et l’Histoire du Roi. Ce dernier faisait également tisser des tentures d’après Raphaël comme l’Histoire de Constantin et les Actes des Apôtres, et d’après Poussin dans l'Histoire de Moïse. Sous la direction de Louvois (1641-1691), Coypel fournit également des modèles dont les Triomphes des Dieux, et d'après les tableaux d'Albert Eckhout, la Tenture des Indes. Les « Alentours » correspondaient à une invention des Gobelins très appréciée au XVIIIe siècle : un riche décor floral et ornemental y encadre un sujet central. Parallèlement à ces innovations, la manufacture a continué à tisser, dans la tradition, de grandes tentures d'inspiration religieuse, historique ou mythologique. De 1860 à 1871, les Gobelins et Beauvais sont réunis sous la direction de Pierre-Adolphe Badin, qui a lancé un important programme de décoration textile à destination des palais impériaux.

Autres tapisseries similaires se trouvant dans les musées :
- Musée du Louvre, département des objets d'art, tenture d'origine en 12 tapisseries rehaussées de fils d'or, atelier Bruxellois vers 1530.
- Musée national du château de Fontainebleau, les tapisseries de la manufacture des Gobelins exposées dans le salon François 1er proviennent de tentures différentes, comme l'entrefenêtre de Septembre reprenant le même carton que celui décrit mais avec un tissage inversé par rapport au modèle de la Renaissance et entouré d'une bordure différente.
- Musée National du château de Pau, salle des cent couverts, les bordures des entrefenêtres présentées ci-dessus sont identiques aux tapisseries de la manufacture des Gobelins du château de Pau.
- Musée Condé à Chantilly, tenture exécutée aux Gobelins à la fin du XVIIème pour le comte de Toulouse, fils naturel de Louis XIV
- Musée du Petit Palais, Mois de mars appartient à la 3ème tenture tissée aux Gobelins entre 1691 et 1693.
- La Beaverbrook art Gallery à Frédéricton, Canada
- Le Metropolitan Museum à New-York, deux tapisseries de la manufacture des Gobelins de la tenture des Chasses de Maximilien, le mois d'avril par l'atelier de Jean de La Croix