Lot 55
  • 55

Statue, Baulé, Côte d’Ivoire

Estimate
30,000 - 50,000 EUR
bidding is closed

Description

  • wood
  •  haut. 51 cm
  • 20 in

Provenance

Lucien Van de Velde, acquis in situ ca. 1970
Collection Walter Kaiser, Stuttgart
Collection Franz Armin Morat, Freiburg
Jo De Buck, Bruxelles, ca. 2005
Collection privée, Belgique

Catalogue Note

Célébrée pour sa « concentration paisible », sa « réflexion introspective » (Vogel, Baulé : African Art, Wester Eyes, 1997, p. 28) et pour le « classicisme » des critères de beauté qu’elle véhicule, la statuaire Baulé toucha immédiatement et à l’évidence la sensibilité occidentale. Elle compte ainsi parmi les œuvres d’art africain dont l’esthétique s’est imposée le plus tôt auprès des artistes modernes et des collectionneurs européens.

La patine croûteuse qui recouvre par endroits cette statue permet selon toute vraisemblance de l’identifier à un asie usu - représentation dictée par le devin d'un "génie de la brousse" sous la forme d'un bel humain. Les statues d’asye usu étaient conçues comme un réceptacle, un lieu de résidence pour les esprits permettant aux hommes, et au devin lui-même, de les apaiser, de les honorer et de communiquer avec eux. Plus la statue était belle, plus l’esprit était bienveillant. Dans cette métamorphose de l’esprit de la nature, l’art remplissait une fonction supérieure : « surmonter l’instinct, l’irrationnel, dépasser le désordre du monde pour inscrire dans des plans nets, des contours précis, un équilibre, dominer l’impulsivité, immobiliser l’esprit volatile, lui fixer la contrainte d’une mesure, d’une musicalité. […] Imposer à un être indocile et turbulent une architectonique, une densité, des lignes harmonieuses, doucement incurvées » (Boyer, Baulé, 2008, p. 33-34).

Par ses dimensions majestueuses et l’exaltation d’une beauté parfaitement maîtrisée, cette statue illustre avec force la démarche des devins komyen les plus puissants qui, pour capter leur auditoire et démontrer leurs pouvoirs, commanditaient les sculptures les plus éloquentes. Sublimation des forces sauvages de la nature, elle s’affirme dans l’harmonie du visage aux traits idéalisés, et dans la délicatesse des signes de beauté façonnés par la main de l’homme, en particulier la coiffe d’une complexité raffinée et les nombreuses scarifications dont les lignes contribuent au rythme de la composition.