Lot 21
  • 21

Georges Mathieu

Estimate
300,000 - 600,000 EUR
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Description

  • Georges Mathieu
  • Grand hommage à Jacques de Molay, brûlé vif à Paris en 1314
  • signé et daté 58; titré au dos
  • huile sur toile
  • 190 x 399,5 cm; 74 13/16 x 157 1/4 in.
  • Exécuté en 1958.

Provenance

Collection particulière, France (acquis auprès de l'artiste en 1958)

Exhibited

Paris, Galerie Internationale d’Art Contemporain, Mathieu commémorant le 840e anniversaire de la Fondation de l’Ordre du Temple, 10 juin - 20 octobre 1958; catalogue, no. 7
Bâle, Kunsthalle; Neuchâtel, Musée des Beaux Arts, Karel Appel, Georges Mathieu, Mattia Moreni and Jean-Paul Riopelle, 24 janvier - 12 avril 1959

Literature

Georges Mathieu, Mathieu, 50 ans de création, Paris, 2003, no. 7, p. 74, illustré

Catalogue Note

Né comme Godefroy de Bouillon - l’un des premiers à répondre à l’appel d’Urbain II en 1095, il fut une figure emblématique de la première croisade, à l’issue de laquelle il fût sacré premier souverain du royaume de Jérusalem - dont il serait selon certains le descendant- aux pieds des remparts de Boulogne-sur-Mer, Georges Mathieu fut dès l’enfance fasciné par le Moyen Âge. En 1957, alors qu’il prépare une exposition à la Fondation Internationale d’Art Contemporain de Zurich, c’est donc tout naturellement qu’il décide de rendre hommage aux plus nobles chevaliers de l’époque médiévale en réalisant plusieurs œuvres monumentales célébrant le 840e anniversaire de la fondation de l’Ordre du Temple. Parmi celles-ci figure Grand hommage à Jacques de Molay, brûlé vif à Paris en 1314, faisant écho selon l’artiste à la « mystérieuse et tragique destinée des Templiers, dont les deux siècles d’histoire coïncident avec ce que la civilisation occidentale a élaboré de plus parfait . »

Jacques de Molay fut le dernier grand maître des Templiers. Arrêté sur ordre de Philippe le Bel, qui voyait en lui une menace pour le royaume, il fut torturé jusqu’à ce qu’il avoue avoir commis de nombreux crimes contre l’Eglise et la foi. Brûlé vif le 19 mars 1314, il maudit sur le bûcher le pape et les rois de France jusqu’à la treizième génération. Une malédiction qui s’avéra exacte lorsque Philippe le Bel et le pape Clément V succombèrent à une attaque cérébrale et un cancer dans les mois qui suivirent.

Spectaculaire, Grand hommage à Jacques de Molay, brûlé vif à Paris en 1314, ne l’est donc pas seulement par ses dimensions exceptionnelles mais aussi par l’histoire qu’il évoque. Une histoire à la fois tragique et mystique qu’il brosse à coup d’empâtements, de coulées et de giclures. Car si l’artiste a depuis longtemps rompu avec la figuration pour épouser l’informel, étant l’un des premiers en France à avoir réagi violemment contre les contraintes et habitudes classiques en faveur de cet art libéré qu’est l’Abstraction Lyrique, ses œuvres n’en sont pas pour autant dépourvues de dramaturgie.

La pression du tube à même la toile a seulement remplacé celle du pinceau. Et l’importance du geste celle de l’esquisse. Seules les formes et les couleurs témoignent désormais du souci expressif de l’artiste, la sensibilité primant sur la raison. A travers Grand hommage à Jacques de Molay, brûlé vif à Paris en 1314, le talent de Mathieu s’impose, instaurant un langage pictural autonome très proche de celui de l’Action painting.  On a souvent négligé le fait que la liberté de son geste avait précédé celui de Pollock, de Gottlieb ou de de Kooning. Mais tout est là, Mathieu ayant sans aucun doute les mêmes préoccupations que ses confrères américains. Comme André Breton l’avait pressenti dès 1928, et comme les années trente et quarante les confirmeront à tous les points de vue, « La Beauté sera convulsive ou elle ne sera pas. »

Like his ancestor Godefroy de Bouillon, one of the first to respond to the appeal of Urban II in 1095, an emblematic figure of the first crusade, named first ruler of the crusader state of Jerusalem, Georges Mathieu was born at the foot of the battlements at Boulogne-sur-Mer and was fascinated from childhood with the Middle Ages. In 1957, whilst he was preparing an exhibition for the Fondation Internationale d’Art Contemporain in Zurich, he naturally decided to give homage to the noblest of medieval knights by painting several monumental works celebrating the 840th anniversary of the Temple Order foundation.  Grand Homage to Jacques de Molay, Burnt Alive in Paris in 1314 is part of this series and echoes, according to the artist, the “mysterious and tragic destiny of the Templars, whose two centuries of history coincide with what Western civilization has produced with the most perfection.”

Jacques de Molay was the last grand master of the Knights Templar. Arrested on the orders of Philippe le Bel, who saw him as a threat to the kingdom, he was tortured until he confessed to committing several crimes against the Church and his faith. Burnt alive on March 19th 1314, he cursed the Pope and the kings of France until the 13th generation on the burning pyre. A curse that proved to be exact when Philppe le Bel and Pope Clément V succumbed to a stroke and cancer in the months that followed.

Grand Homage to Jacques de Molay, Burnt Alive in Paris in 1314 is spectacular not only for its exceptional size but also for the historical story that it evokes; a story that is both tragic and mysterious caught in drips and splashes of thickly applied paint. At the time of this painting, the artist had long ago broken with figuration, concentrating instead on an informel art. Indeed, he was one of the first in France to have reacted violently against the constraints and habits of classical art in favour of the liberated art style of Lyrical Abstraction, and yet his works are still imbued with drama.

In this work, the paintbrush has been replaced by the paint tube, pressed against the very surface of the canvas and line is caught in a gestural sketch. Only forms and colours now testify to the artist’s expressivity, and sensibility presides over reason. Mathieu’s talent is palpable in Grand Homage to Jacques de Molay, Burnt Alive in Paris in 1314 which establishes an independent pictorial language very close to Action Painting. It is often forgotten that the freedom of his gesture preceded that of Pollock, Gottlieb or de Kooning. Here however it is evident that he had much in common with his American peers.  As André Breton foresaw in 1928, and as the 1930s and 1940s confirmed in every way, “Beauty will be convulsive or not at all”.