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Corneille de la Haye dit de Lyon
Description
- Corneille de la Haye dit de Lyon
- Portrait d'homme barbu anciennement dit de Charles de Cossé-Brissac
- Huile sur panneau
- 17,5 x 15 cm
Provenance
Vente anonyme, New York, Christie's, 11 janvier 1989, lot 122
Literature
Condition
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Catalogue Note
La Renaissance aimait à se constituer des galeries de portraits. Qu’elles servirent à installer une famille dans une noblesse séculaire ou au contraire, à démarrer une lignée se préparant à de belles ambitions, les portraits de petites dimensions, mais d’une grande finesse, se jalousaient auprès des peintres flamands ayant ramené leur science de la « pourtraicture » en France.
Corneille de Lyon, natif de La Haye, et d’ailleurs connu de son temps comme « Corneille de La Haye, painctre du Roy demeurant à Lyon » comptait parmi ces artistes septentrionaux installés en France pour offrir leur art de l’observation aux nobles mécènes, désireux de diffuser ou conserver leur image. Si l’on ne connaissait pas son apprentissage soupçonné s’être déroulé à Anvers, on comprit qu’il s’installa à Lyon, attiré par la vitalité de l’une des villes les plus actives d’Europe au XVIe siècle, et forte d’une large communauté de Flamands y faisant étape lors de leur voyage en Italie. Etabli à Lyon de façon certaine dès 1533, il devint d’abord le peintre officiel du Dauphin, futur Henri II, avant de conserver ce titre de peintre royal sous les règnes suivants de François II et Charles IX. Certes, il ne suivit pas la cour à Fontainebleau ou Paris lorsqu’il reçut l’office de portraitiste, mais cette cour nomade venait plutôt à lui et des séries de portraits succédaient ainsi les différents passages de la Reine Catherine de Médicis ou de son entourage à Lyon.
Devenu proche d’Henri II par cette dignité de peintre et vallet du Roi, le 15 février 1557, il jouissait alors des mêmes priorités que ses contemporains d’origine flamande gravitant également dans l’entourage princier, comme la dynastie des Clouet. Cependant, à la différence des Clouet, ou des Dumonstier, également valets du Roi et spécialisés dans la représentation de ces derniers, Corneille de Lyon se démarquait par un style plus libre, plus vif, plus enlevé et qui ne nécessitait aucun dessin préparatoire. La réalité d’une physionomie, la proximité vivante du modèle était ainsi préférée aux effigies plus sclérosées de ses concurrents qui laissèrent à la postérité des dessins presque aussi aboutis que des peintures et dont le succès existait d’ailleurs dès le vivant de ces artistes. A même le panneau, Corneille de Lyon économisait son temps en reprenant continuellement des poses similaires et en privilégiant ainsi une observation minutieuse des expressions. Les visages se tournaient vers la gauche ou la droite et permettaient à Corneille des jeux subtils de lumière effleurant avec douceur ces visages apaisés. Si les compositions restaient semblables, leur manière évolua néanmoins, et l’on observa un traitement plus libre, encore plus leste des ombres après les années 1540. Une constante en revanche se retrouvait dans le soin extrême que prenait l’artiste à traiter les cheveux, poils de barbe, cols en fourrure souvent « un à un », ainsi que dans la préparation bleutée du blanc des yeux ou dans cette légère adjonction de blanc dans l’iris pour interpeller un regard.
Notre tableau qui fut un peu audacieusement présenté comme le portrait de Charles de Cossé-Brissac illustre avant tout l’art de ce Flamand, consacré aux représentations fidèles des notables de son époque. L'identification du modèle comme étant Charles de Cossé-Brissac (1506-1563) est fantaisiste. Ce personnage important aurait certainement pour le moins porté la médaille de l'ordre dans ce portrait postérieur d'une bonne dizaine d'années à la date où il la reçut (1543). Le fond neutre évoque l’originalité de ce peintre qui fut un des premiers à se détacher des fonds à paysages de ses anciens compatriotes et l’on y retrouve cette attention particulière attachée à la pilosité et le soutenu d’un regard, traité avec une même intensité qu’il s’agisse d’un Valois ou d’un simple notable lyonnais.
Il existerait une autre version de ce portrait mais avec des dimensions supérieures ( 24,9 x 19 cm) chez Wildenstein, Londres en 1951.