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Gide, André -- Maurice Denis
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description
- Gide, André -- Maurice Denis
- Le Voyage d’Urien. Paris, Librairie de l’Art Indépendant, 1893.
- ink on paper
Exceptionnel exemplaire de Mallarmé.
In-8 carré (201 x 190 mm). Broché, couverture rempliée. Sous chemise en demi-box à bande beige et étui bordé d'Alix.
Edition originale.
Exemplaire n° 1. Premier des 300 exemplaires sur Hollande.
Envoi autographe signé, contresigné par Maurice Denis :
"À Monsieur Stéphane Mallarmé
en hommage
André Gide
Maurice Denis".
Premier livre illustré par Maurice Denis : un bois sur la couverture et 30 lithographies originales en camaïeu, dont 2 à pleine page.
Un des plus beaux livres illustrés symbolistes.
Gide avait rencontré Maurice Denis par l’intermédiaire de Jacques-Émile Blanche et de son éditeur Edmond Bailly. Comme bien des Nabis, le jeune Maurice Denis rêvait d'approcher Mallarmé. Peut-être l’envoi de son ami Gide a-t-il aidé sa carrière, puisque un an après Le Voyage d’Urien -- peut-on y voir une conséquence de cet envoi ? -- il illustrera Mallarmé : d’abord son "Petit Air" dans la revue L’Épreuve (décembre 1994 ; voir lot 231), puis le poème Apparition mis en musique par André Rossignol, illustré en 1894 d’une lithographie aux trois couleurs de l’artiste.
Le Voyage d'Urien est un des grands livres illustrés dans la tradition du livre de peintre, inaugurée par Charles Cros et Stéphane Mallarmé en 1874. La collaboration entre le peintre et l'auteur, âgés respectivement de 22 et 23 ans, fut des plus étroites. "Ce livre est la trace la plus accentuée du Symbolisme, la ratification par les Nabis du principe du livre de dialogue" (Y. Peyré, Peinture et Poésie. Le Dialogue par le livre, 2001, p. 106).
Après la lecture de l’ouvrage, Mallarmé adresse cette lettre élogieuse à son jeune disciple : "Vous avez fait, avec Le Voyage d’Urien, quelque chose de solitaire ; qui restera, entre Poe et de rares, une de mes lectures. Je ne sache qu’on soit parti jamais, avec autant, disons, de naturel, selon un fil de fiction ténu et pur ; comme le vôtre qui mène à la totalité du Songe ! […] Or, satisfaction suprême, on est conscient du sortilège. Tel groupe de mots apparu sans faste, hante parmi les très beaux qui jamais se soient écrits. Vous deviez faire cela, Gide pensif et musical ; rien ne me surprend, excepté peut-être une prestesse et une exactitude dans les analogies, que je ne devinais à personne". Se référant au numéro de l’exemplaire, il ajoute : "comme je suis touché d’un certain numéro 1, authentique s’il cote l’admiration." A l’intention de Maurice Denis, il poursuit : "remerciez M. Denis ; sa décoration d’une étrange suavité, magistrale et ingénue !"
Parce que Le Voyage d'Urien relate notamment une chasse aux eiders le long des falaises du Spitzberg, Mallarmé demanda à Gide s'il avait fait un voyage dans les régions polaires ; à une réponse négative, Mallarmé répondit : "Vous m’aviez fait grand’peur ! Je craignais que vous n’y fussiez allé !" (Martin, I, p. 193).
Exposition : Mallarmé, Musée d'Orsay, 1998, n° 259.
Références : Naville, Bibliographie des écrits d’André Gide, 1949, VI. -- Martin, André Gide, Fayard, 1998. -- Mallarmé, Correspondance, VI, p. 102.
In-8 carré (201 x 190 mm). Broché, couverture rempliée. Sous chemise en demi-box à bande beige et étui bordé d'Alix.
Edition originale.
Exemplaire n° 1. Premier des 300 exemplaires sur Hollande.
Envoi autographe signé, contresigné par Maurice Denis :
"À Monsieur Stéphane Mallarmé
en hommage
André Gide
Maurice Denis".
Premier livre illustré par Maurice Denis : un bois sur la couverture et 30 lithographies originales en camaïeu, dont 2 à pleine page.
Un des plus beaux livres illustrés symbolistes.
Gide avait rencontré Maurice Denis par l’intermédiaire de Jacques-Émile Blanche et de son éditeur Edmond Bailly. Comme bien des Nabis, le jeune Maurice Denis rêvait d'approcher Mallarmé. Peut-être l’envoi de son ami Gide a-t-il aidé sa carrière, puisque un an après Le Voyage d’Urien -- peut-on y voir une conséquence de cet envoi ? -- il illustrera Mallarmé : d’abord son "Petit Air" dans la revue L’Épreuve (décembre 1994 ; voir lot 231), puis le poème Apparition mis en musique par André Rossignol, illustré en 1894 d’une lithographie aux trois couleurs de l’artiste.
Le Voyage d'Urien est un des grands livres illustrés dans la tradition du livre de peintre, inaugurée par Charles Cros et Stéphane Mallarmé en 1874. La collaboration entre le peintre et l'auteur, âgés respectivement de 22 et 23 ans, fut des plus étroites. "Ce livre est la trace la plus accentuée du Symbolisme, la ratification par les Nabis du principe du livre de dialogue" (Y. Peyré, Peinture et Poésie. Le Dialogue par le livre, 2001, p. 106).
Après la lecture de l’ouvrage, Mallarmé adresse cette lettre élogieuse à son jeune disciple : "Vous avez fait, avec Le Voyage d’Urien, quelque chose de solitaire ; qui restera, entre Poe et de rares, une de mes lectures. Je ne sache qu’on soit parti jamais, avec autant, disons, de naturel, selon un fil de fiction ténu et pur ; comme le vôtre qui mène à la totalité du Songe ! […] Or, satisfaction suprême, on est conscient du sortilège. Tel groupe de mots apparu sans faste, hante parmi les très beaux qui jamais se soient écrits. Vous deviez faire cela, Gide pensif et musical ; rien ne me surprend, excepté peut-être une prestesse et une exactitude dans les analogies, que je ne devinais à personne". Se référant au numéro de l’exemplaire, il ajoute : "comme je suis touché d’un certain numéro 1, authentique s’il cote l’admiration." A l’intention de Maurice Denis, il poursuit : "remerciez M. Denis ; sa décoration d’une étrange suavité, magistrale et ingénue !"
Parce que Le Voyage d'Urien relate notamment une chasse aux eiders le long des falaises du Spitzberg, Mallarmé demanda à Gide s'il avait fait un voyage dans les régions polaires ; à une réponse négative, Mallarmé répondit : "Vous m’aviez fait grand’peur ! Je craignais que vous n’y fussiez allé !" (Martin, I, p. 193).
Exposition : Mallarmé, Musée d'Orsay, 1998, n° 259.
Références : Naville, Bibliographie des écrits d’André Gide, 1949, VI. -- Martin, André Gide, Fayard, 1998. -- Mallarmé, Correspondance, VI, p. 102.