Lot 12
  • 12

Baudelaire, Charles

Estimate
8,000 - 12,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Lettre autographe signée à sa mère. [Paris, 15 novembre 1859].
  • ink on paper
6 p. petit in-4 (197 x 155 mm) sur 2 doubles feuillets, adresse autographe au verso du second, timbre et marques postales. Signée "C.B."

Longue lettre au sujet de ses dettes envers Poulet-Malassis, et de ses écrits en cours, publiés ou en préparation, dont la notice sur Théophile Gautier, qu’il a envoyée à sa mère, et ses traductions d’Edgar Allan Poe.



Se désolant de l’"extraordinaire imagination" que possède Mme Aupick pour s’inquiéter, Baudelaire veut la rassurer en faisant le compte de ce qui doit paraître, expliquant que le papier qui lui a été présenté par un banquier d’Honfleur n’est pas un billet d’escompte mais une traite qu’il est prêt à honorer.



"Voici l'acceptation que je ne mets pas sous enveloppe, afin que le timbre de la poste en garantisse l'authenticité. Il faut la faire remettre au banquier dont tu ne m'as pas envoyé l'adresse.
Vraiment, ma chère mère, tout cela aurait pu me faire rire, si je n'avais deviné que selon ton habitude tu te mettais martel en tête de la manière la plus sincère.
Excepté Machiavel et Condorcet, qui n'est même pas commencé et que je ferai à Honfleur, tous les ouvrages annoncés au dos de ma brochure, sont finis et paraîtront l'année prochaine de mois en mois, 1 vol. par mois.
Les Notices littéraires sont finies.
Eureka est fini.
&c &c….
Je ne t'ai pas envoyé les nos de la Revue de Genève, parce que l'ouvrage que j'y fais imprimer (Eureka) est pour toi d'une nature inintelligible, et ensuite est devenu plus obscur encore par les abominables fautes d'impression commises par ces imbéciles. […] Es-tu contente de la brochure ? Je ne parle pas de moi. Je parle de la forme que Malassis a donnée à la chose, caractère et papier ?
(Cette dette Malassis finira. Ainsi, sur 5 ouvrages annoncés ici, il y en a 4 qui lui appartiennent pour un tirage à 1100 ex. et qui diminueront ma dette d'au moins 1.200 fr).
Je t'embrasse et te supplie de ne plus inventer des monstres".



Sur le second double feuillet, Baudelaire a rédigé une note "pour le banquier d'Honfleur chez qui se trouve la traite de M. Poulet-Malassis tirée sur M. Baudelaire", par laquelle il s’engage à payer la dite traite de mille francs, avant le terme de l’échéance fixé au 12 décembre suivant.



Théophile Gautier, notice littéraire précédée d'une lettre de Victor Hugo, venait de paraître chez Poulet-Malassis et De Broise. Le deuxième plat de la couverture indiquait les ouvrages de Baudelaire sous presse chez les mêmes éditeurs : Les Fleurs du mal (2e édition), Opium et haschich, Curiosités esthétiques  et "en préparation" : Notices littéraires, Machiavel et Condorcet, dialogue philosophique, ainsi que les titres disponibles ou en préparation chez Michel Lévy : Histoires extraordinaires, Nouvelles Histoires extraordinaires, Aventures d'Arthur Gordon Pym et Eureka.



Malgré ce qu’affirme ici Baudelaire à sa mère, seuls les Paradis artificiels virent le jour en 1860. La deuxième édition des Fleurs fut retardée jusqu'en février 1861, et Eureka jusqu'en 1864. Quant au volume des Notices littéraires, il ne fut publié qu’à titre posthume et le projet sur Machiavel et Condorcet resta inachevé.



Références : Correspondance, I, p. 1613-618 et notes.