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Tête commémorative, Akan, Ghana
Estimate
200,000 - 300,000 EUR
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Description
- Tête commémorative, Akan
- terracota
- haut. 33 cm
- 13 in
Provenance
Acquis au Ghana, ca. 1960
Collection privée
Lance et Roberta Entwistle, Londres
Collection Joseph Casier, Izegem, Belgique, acquis le 15 septembre 1980
Transmis par descendance
Collection privée
Lance et Roberta Entwistle, Londres
Collection Joseph Casier, Izegem, Belgique, acquis le 15 septembre 1980
Transmis par descendance
Exhibited
Africa: the Art of a Continent, 4 Octobre 1995 - 21 janvier 1996
Literature
Gillon, Collecting African Art, 1979, p. 103, n° XIII
Phillips, Africa: the Art of a Continent, 1995, p. 439, n° 5.99d
Bargna, L'arte Africana, la grande storia dell’arte, 2006, p. 331, n° 67
Phillips, Africa: the Art of a Continent, 1995, p. 439, n° 5.99d
Bargna, L'arte Africana, la grande storia dell’arte, 2006, p. 331, n° 67
Catalogue Note
LA TÊTE AKAN DE LA COLLECTION CASIER
Par Doran H. Ross
Cette majestueuse tête féminine pourrait avoir été, soit conçue comme une sculpture indépendante, soit autrefois associée à une figure en pied. Dans les deux cas, elle se distingue du vaste corpus des têtes commémoratives Akan par l'élaboration de sa coiffure, minutieusement détaillée. Cette dernière suggère la représentation d'un haut membre de la famille royale, peut-être même d’une Reine Mère - statut hautement privilégié dans la société matrilinéaire Akan. Cette hypothèse est renforcée par la présence de trois bosses circulaires sur la partie inférieure de la coiffure, qui représentent vraisemblablement des ornements en or. Ce privilège, symbole de richesse dans l'ancienne "Côte d'or", leur était en effet exclusivement réservé.
Les terres cuites commémoratives Akan constituent l’une des rares traditions artistiques du continent africain dont les premiers témoignages remontent à plus de quatre-cents ans. Pieter de Marees fit plusieurs voyages sur la côte ouest de l'Afrique à la fin du XVIe siècle et en publia, en 1602, ses observations détaillées. Il y évoque notamment, dans un passage maintes fois cité, les funérailles de « Rois » : « Toutes leurs possessions, comme leurs armes et vêtements, sont enterrées avec eux, et chacun des nobles les ayant servi est représenté d'après nature par un modelage en terre, peint puis placé, l'un à côté de l'autre, autour de la tombe. Leurs Sépultures sont ainsi à l'image d'une Maison, aménagée comme s’ils étaient encore en vie » (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, p. 184-185). Selon l'époque et la région du Ghana méridional dont elles proviennent, ces figures en terre cuite peuvent être disposées, soit autour de la tombe, soit à proximité d’un lieu sacré. Elles étaient aussi parfois placées le long de l’une des routes principales menant à une ville et certaines furent même, dans certains cas précis, retrouvées dans les salles dédiées aux trônes sacrés des Akans. A l'instar des autres premiers observateurs, de Marees en revanche ne mentionne pas que ces représentations d'un chef et des membres de sa cour étaient toutes sculptées par des artistes femmes.
L’assertion de Pieter de Marees selon laquelle les personnages étaient "modelés d’après nature" est fondée sur la notion encore communément admise que ces œuvres en terre cuite sont des « portraits », au moins du défunt, si ce n'est de sa suite royale. Cependant, l'examen de la douzaine de sites documentés révèle, quelle que soit leur localisation, le caractère hautement conventionnel des visages, et souvent la similarité de leurs traits. Cependant, même s'il demeure impossible de le prouver, l’identité de l'individu pouvait être suggérée par la coiffure ou les marques faciales. Si d'autres régions stylistiques que celles déjà documentées sont encore à découvrir, la tête de la collection Casier se rattache vraisemblablement, dans le traitement des yeux, du nez et de la bouche, aux sculptures de la région de Twifo Heman, à l’extrême ouest du Ghana central. Une autre superbe tête en terre cuite Twifo Heman, très apparentée et dotée d’une coiffure tout aussi élaborée, est illustrée et décrite dans l’ouvrage de Bernard de Grunne consacré aux terres cuites anciennes d'Afrique de l'Ouest (De Grunne, Terres cuites anciennes de l'Ouest africain. 1980, p. 114-115).
La tradition des terres cuites commémoratives subsista dans certaines régions Akan du Ghana jusque dans les années 1970. Avec l’influence du Christianisme et le développement de pratiques d’inhumation plus égalitaires, les sculptures en terre cuite ont été peu à peu remplacées dans les lieux de sépulture par des portraits peints ou photographiés ou, pour certaines élites, par des sculptures en ciment grandeur nature.
THE AKAN HEAD FROM THE CASIER COLLECTION
By Doran H. Ross
This impressive nearly life-sized female memorial head may have been a free-standing sculpture or alternatively may have been attached to a full figure. In either case, its elaborate and detailed coiffure distinguish it from the vast majority of other heads in the genre and suggest that it represents elite royalty, perhaps even a Queen Mother, a highly privileged position among the matrilineal Akan. This is supported by the presence of the three circular bosses on the lower front of the hairdo most likely representing cast gold hair ornaments once the exclusive prerogative of that high office and an obvious symbol of wealth in the former “Gold Coast” of West Africa.
Akan memorial terracottas are one of the few African art traditions with a first-hand description that dates back over four hundred years. Pieter de Marees visited the coast of West Africa several times in the late 1500’s and published his often detailed observations in 1602. In a frequently quoted passage about the funerals of “Kings” he wrote: “All his possessions, such as his Weapons and clothes, are buried with him, and all his Nobles who used to serve him are modeled from life in earth, painted and put in a row all around the Grave, side by side. Thus their Sepulchers are like a House and furnished as if they were still alive . . .” (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, pp. 184-185). Depending on time and place in southern Ghana, the figures may be situated around the grave or on a nearby sacred space. In some instances they were located just off one of the main roads accessing a given town and in select instances the figures are even found in the sacred stool rooms of the Akan. Not mentioned by de Marees, or other early observers, is the fact that these representations of a chief and his court seated in state were all sculpted by female artists.
De Marees’ assertion that the figures are “modeled from life” is based on the still popular notion that the terracottas are “portraits” of at least the deceased, if not the rest of the royal retinue. On the other hand, even a cursory examination of the dozen or so documented sites with a tradition of memorial heads (or figures), reveals that the facial features of works from a given location are highly conventionalized and often undisguisable from one to another. That said, identity may be conveyed through details for coiffure and facial markings, although at this point in time it is quite difficult to confirm this. Even though there are undoubtedly many more unknown style areas than the number of those already documented, the present head does seem to conform in its treatment of the eyes, nose and mouth to sculptures associated with the Twifo Heman area in the far west of Ghana’s Central Region. Another stunning Twifo Heman terracotta head with an equally elaborate hairdo is illustrated and discussed in Bernard de Grunne’s volume on West African terracottas and his attribution applies equally to the present work (De Grunne, Ancient Terracottas from West Africa, 1980. pp. 114-115).
The tradition of terracotta funerary art lingered in a few areas of Akan Ghana up until the 1970s. The influence of Christianity and more egalitarian burial practices has led to terracotta sculptures being replaced by painted portraits or photographs at grave sites or in more elite situations life sized cement sculptures.
Par Doran H. Ross
Cette majestueuse tête féminine pourrait avoir été, soit conçue comme une sculpture indépendante, soit autrefois associée à une figure en pied. Dans les deux cas, elle se distingue du vaste corpus des têtes commémoratives Akan par l'élaboration de sa coiffure, minutieusement détaillée. Cette dernière suggère la représentation d'un haut membre de la famille royale, peut-être même d’une Reine Mère - statut hautement privilégié dans la société matrilinéaire Akan. Cette hypothèse est renforcée par la présence de trois bosses circulaires sur la partie inférieure de la coiffure, qui représentent vraisemblablement des ornements en or. Ce privilège, symbole de richesse dans l'ancienne "Côte d'or", leur était en effet exclusivement réservé.
Les terres cuites commémoratives Akan constituent l’une des rares traditions artistiques du continent africain dont les premiers témoignages remontent à plus de quatre-cents ans. Pieter de Marees fit plusieurs voyages sur la côte ouest de l'Afrique à la fin du XVIe siècle et en publia, en 1602, ses observations détaillées. Il y évoque notamment, dans un passage maintes fois cité, les funérailles de « Rois » : « Toutes leurs possessions, comme leurs armes et vêtements, sont enterrées avec eux, et chacun des nobles les ayant servi est représenté d'après nature par un modelage en terre, peint puis placé, l'un à côté de l'autre, autour de la tombe. Leurs Sépultures sont ainsi à l'image d'une Maison, aménagée comme s’ils étaient encore en vie » (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, p. 184-185). Selon l'époque et la région du Ghana méridional dont elles proviennent, ces figures en terre cuite peuvent être disposées, soit autour de la tombe, soit à proximité d’un lieu sacré. Elles étaient aussi parfois placées le long de l’une des routes principales menant à une ville et certaines furent même, dans certains cas précis, retrouvées dans les salles dédiées aux trônes sacrés des Akans. A l'instar des autres premiers observateurs, de Marees en revanche ne mentionne pas que ces représentations d'un chef et des membres de sa cour étaient toutes sculptées par des artistes femmes.
L’assertion de Pieter de Marees selon laquelle les personnages étaient "modelés d’après nature" est fondée sur la notion encore communément admise que ces œuvres en terre cuite sont des « portraits », au moins du défunt, si ce n'est de sa suite royale. Cependant, l'examen de la douzaine de sites documentés révèle, quelle que soit leur localisation, le caractère hautement conventionnel des visages, et souvent la similarité de leurs traits. Cependant, même s'il demeure impossible de le prouver, l’identité de l'individu pouvait être suggérée par la coiffure ou les marques faciales. Si d'autres régions stylistiques que celles déjà documentées sont encore à découvrir, la tête de la collection Casier se rattache vraisemblablement, dans le traitement des yeux, du nez et de la bouche, aux sculptures de la région de Twifo Heman, à l’extrême ouest du Ghana central. Une autre superbe tête en terre cuite Twifo Heman, très apparentée et dotée d’une coiffure tout aussi élaborée, est illustrée et décrite dans l’ouvrage de Bernard de Grunne consacré aux terres cuites anciennes d'Afrique de l'Ouest (De Grunne, Terres cuites anciennes de l'Ouest africain. 1980, p. 114-115).
La tradition des terres cuites commémoratives subsista dans certaines régions Akan du Ghana jusque dans les années 1970. Avec l’influence du Christianisme et le développement de pratiques d’inhumation plus égalitaires, les sculptures en terre cuite ont été peu à peu remplacées dans les lieux de sépulture par des portraits peints ou photographiés ou, pour certaines élites, par des sculptures en ciment grandeur nature.
THE AKAN HEAD FROM THE CASIER COLLECTION
By Doran H. Ross
This impressive nearly life-sized female memorial head may have been a free-standing sculpture or alternatively may have been attached to a full figure. In either case, its elaborate and detailed coiffure distinguish it from the vast majority of other heads in the genre and suggest that it represents elite royalty, perhaps even a Queen Mother, a highly privileged position among the matrilineal Akan. This is supported by the presence of the three circular bosses on the lower front of the hairdo most likely representing cast gold hair ornaments once the exclusive prerogative of that high office and an obvious symbol of wealth in the former “Gold Coast” of West Africa.
Akan memorial terracottas are one of the few African art traditions with a first-hand description that dates back over four hundred years. Pieter de Marees visited the coast of West Africa several times in the late 1500’s and published his often detailed observations in 1602. In a frequently quoted passage about the funerals of “Kings” he wrote: “All his possessions, such as his Weapons and clothes, are buried with him, and all his Nobles who used to serve him are modeled from life in earth, painted and put in a row all around the Grave, side by side. Thus their Sepulchers are like a House and furnished as if they were still alive . . .” (De Marees, Description and Historical Account of the Gold Kingdom of Guinea (1602), 1987, pp. 184-185). Depending on time and place in southern Ghana, the figures may be situated around the grave or on a nearby sacred space. In some instances they were located just off one of the main roads accessing a given town and in select instances the figures are even found in the sacred stool rooms of the Akan. Not mentioned by de Marees, or other early observers, is the fact that these representations of a chief and his court seated in state were all sculpted by female artists.
De Marees’ assertion that the figures are “modeled from life” is based on the still popular notion that the terracottas are “portraits” of at least the deceased, if not the rest of the royal retinue. On the other hand, even a cursory examination of the dozen or so documented sites with a tradition of memorial heads (or figures), reveals that the facial features of works from a given location are highly conventionalized and often undisguisable from one to another. That said, identity may be conveyed through details for coiffure and facial markings, although at this point in time it is quite difficult to confirm this. Even though there are undoubtedly many more unknown style areas than the number of those already documented, the present head does seem to conform in its treatment of the eyes, nose and mouth to sculptures associated with the Twifo Heman area in the far west of Ghana’s Central Region. Another stunning Twifo Heman terracotta head with an equally elaborate hairdo is illustrated and discussed in Bernard de Grunne’s volume on West African terracottas and his attribution applies equally to the present work (De Grunne, Ancient Terracottas from West Africa, 1980. pp. 114-115).
The tradition of terracotta funerary art lingered in a few areas of Akan Ghana up until the 1970s. The influence of Christianity and more egalitarian burial practices has led to terracotta sculptures being replaced by painted portraits or photographs at grave sites or in more elite situations life sized cement sculptures.