Lot 13
  • 13

Jean Dubuffet

Estimate
800,000 - 1,200,000 EUR
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Description

  • Jean Dubuffet
  • Jardin de fouille roucoule
  • signé et daté 56; signé, titré, et daté novembre 55 au dos
  • huile sur toile (assemblage)
  • 116 x 89 cm; 45 5/8 x 35 in.
  • Executé en 1955-56.

Provenance

Pierre Matisse Gallery, New York
William Rubin, New York
Galerie Daniel Cordier, Paris (acquis auprès de ce-dernier en 1959)
Elie de Rothschild, Paris (acquis auprès de celle-ci en 1960)
Acquis auprès de ce-dernier et transmis par descendance au propriétaire actuel

Exhibited

New York, Pierre Matisse Gallery, Exhibition of 'Peintures d'assemblages, Graffiti, Sols, Texturologie' and other recent works done in 1956 and 1957 by Jean Dubuffet, 4 février - 22 février 1958; catalogue, p.10, no.2, illustré
Paris, Musée des arts décoratifs, Jean Dubuffet 1942-1950, 16 décembre 1960 - 25 février 1961; catalogue, p.71, no.151, illustré
New York, The Solomon R. Guggenheim Museum, Jean Dubuffet: a retrospective, 26 avril - 29 juillet 1973; catalogue, p.118, no.83, illustré
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Jean Dubuffet, 28 septembre - 20 décembre 1973; catalogue, no.91
Berlin, Akademie der Künste, Dubuffet: Retrospektive, 7 septembre - 26 octobre 1980; catalogue, p.164, no.154, illustré
Paris, Galerie de France; Galerie Baudoin Lebon, Dubuffet: sols et terrains, 1956-1960, 12 janvier - 5 mars 1988; catalogue, p.43, illustré en couleurs
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Dubuffet, 4 mars - 10 juin 1993; catalogue, p.93, no.52, illustré en couleurs

Literature

Max Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Tableaux d'assemblagesFascicule XII, Lausanne, 1969, p.20 no.3, illustré
Andreas Franzke, Dubuffet, Cologne, 1990, p.130, no.46, illustré 

Catalogue Note

Au début de l’année 1955, Jean Dubuffet s’installe dans le petit village perché de Vence, au cœur du massif provençal. S’amorce alors dans l’œuvre de l’artiste une nouvelle phase d’expérimentations sur la matière et le relief autour du genre du paysage qui est le plus à même d’exprimer ces recherches et recouvre progressivement la quasi-totalité de sa production.

La série des Tableaux d’assemblages et routes et chaussées que Jean Dubuffet réalise entre octobre 1955 et juillet 1956 est marquée par le pittoresque. Jardins négligés et mystérieux des villas alentours, sols rocailleux des sentiers, mauvaises herbes et plantes fanées parmi un semis de feuilles rousses sont autant de séduisants sujets à représenter.

Parmi cette rare série des Jardins qui comprend seulement douze œuvres, le Jardin de Fouille Roucoule se démarque par sa taille et sa datation exceptionnelle. Exécuté en novembre 1955, il s’agit du premier mais également d’un des plus grands jardins que l’artiste ait réalisé. Dès lors, on comprend aisément que l’œuvre ait été retenue pour figurer parmi les plus importantes expositions monographiques consacrées à l’artiste, de la rétrospective de la Pierre Matisse Gallery en février 1958 à celle du Guggenheim de New York en 1973.

Sa provenance n’en est pas moins impressionnante, l’œuvre évoluant parmi les collections privées les plus prestigieuses du XXème siècle. Le marchand d’art Pierre Matisse perçoit tout de suite l’importance de la série des Assemblages dans l’œuvre de Jean Dubuffet et achète à l’artiste le Jardin de Fouille Roucoule pour sa galerie de New York. Puis c’est William Rubin, alors directeur du département des peintures et sculptures au MOMA, et généraux donateur du musée, qui acquière l’œuvre. Passant ensuite entre les mains du célèbre collectionneur Daniel Cordier qui avait très tôt défendu l’œuvre de Jean Dubuffet, le tableau rejoint finalement la mythique collection du baron Elie de Rothschild en 1959 avant d’être acquise par le propriétaire actuel.

Des avant-gardes, Jean Dubuffet a retenu la leçon cubiste qui depuis Cézanne autorise à fragmenter les formes et à incliner les plans pour trouver une nouvelle réalité visuelle. Il va encore plus loin en inclinant le sol à la verticale et propose une vision panoramique radicale et résolument moderne du paysage qui place le spectateur au-dessus de son jardin, littéralement le nez dans la nature. 
Cette vision frontale et aérienne, unique dans la peinture occidentale, fait écho à la construction typique des paysages de l’art aborigène. « Rien que des morceaux de sol de peu d’étendue et vus perpendiculairement » dira jean Dubuffet en 1958.

Pour ce faire, il initie une technique révolutionnaire qui rappelle les découpages de Matisse ; sur des toiles brutes, Dubuffet, colore, tache, écorche, estampe... Puis, à l’aide de ciseaux, l’artiste les découpe arbitrairement en pièces de formes élémentaires aux couleurs et motifs variés qu’il assemble et colle enfin sur une toile.


At the beginning of 1955, Jean Dubuffet moved to the small, perched village of Vence in the heart of the Massif Provencal. A new phase thus begins in the artist’s work, a phase of experimentation with matter and relief effects in landscapes which were the best way of representing his research and will become one of the primary subjects of his production.

The series of Tableaux d’assemblages and Routes et Chaussées (Roads and Pavements) that Jean Dubuffet made between October 1955 and July 1956 is marked by the picturesque. Mysterious and neglected gardens from the surrounding villas, the rocky ground of paths, weeds and faded plants amidst a seedbed of red leaves are the seductive subjects of his works.

Amidst this rare series of Jardins which only includes twelve works, the Jardin de Fouille Roucoule stands out by its exceptional size and date. Painted in November 1955, it is not only the first but also one of the largest gardens made by the artist. Consequently, it is easy to understand that the work was chosen for the artist’s most important solo shows, such as the retrospective at the Pierre Matisse Gallery in February 1958 or the exhibition at the Guggenheim in New York in 1973.

Its provenance is no less impressive. The work was held in some of the most prestigious private collections of the 20th century. The art dealer Pierre Matisse immediately perceived the importance of the Assemblages series in Jean Dubuffet’s work and bought Jardin de Fouille Roucoule from the artist for his gallery in New York. Then William Rubin, Director of the Painting and Sculpture Department at the MOMA at the time, and generous donator to the museum, acquired the work. The work passed through the hands of the famous collector Daniel Cordier who defended Jean Dubuffet’s work from very early on, joining the mythical collection of the Baron Elie de Rothschild in 1959 before its acquisition by the current owner.

Jean Dubuffet learnt the Cubist lesson that since Cézanne authorized the fragmentation of forms and the inclination of planes to find a new visual reality. He goes even further by inclining the ground into a vertical position and proposes a radical and resolutely modern, panoramic vision of landscape that places the spectator above his garden, literally with his nose in nature.
This frontal and aerial vision, unique in Western painting, echoes the typical construction of landscapes in Aboriginal art. “Nothing but sparsely spread pieces of ground seen from a perpendicular angle” as Jean Dubuffet would say in 1958.

In order to do this, he initiates a revolutionary technique reminiscent of Matisse’s cut-outs. Dubuffet colors, stains, tears and stamps unprimed canvas. Then, with the help of scissors, the artist arbitrarily cuts them into elementary forms of various colors and designs that he assembles and finally glues to canvas.


« Jardin de Fouille Roucoule… : Jardins aussi dépaysant que leurs appellations, et où se reconnaissent… les touffes d’herbes en étoile digitées si caractéristiques des tableaux d’assemblages. »
Max Loreau, 1971

« Garden of Fouille roucoule …: Gardens as exotic as their names, and where we recognize… tufts of grass in digital star-shapes so characteristic of the assemblage paintings.”
Max Loreau 1971