Lot 37
  • 37

Jean-Baptiste Deshays de Colleville dit le Romain

Estimate
10,000 - 15,000 EUR
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Description

  • Jean-Baptiste Deshays de Colleville dit le Romain
  • Le passage du gué
  • Huile sur toile, ovale

Catalogue Note

Le tableau présenté, qui illustre un passage de gué, fait partie des célèbres « caravanes » du peintre qui en fit l’un de ses sujets de prédilection, représentant des caravanes de voyageurs et leurs troupeaux dans des paysages pittoresques en perspective. Des morceaux qu’il se plu à traiter dans le style du grand maître en la matière Benedetto Castiglione  et grâce auxquelles il obtint un certain succès dans les Expositions publiques de son temps.
Le passage du gué représente une marche de voyageurs s’apprêtant à traverser un cours d’eau. Les couleurs vives dans la composition sont essentielles, Deshays les utilise d’une manière très personnelle, elles donnent une réelle force au tableau. A gauche de la composition un mulet qu’un homme conduit, est chargé de batterie de cuisine et de bagages. L’homme pointe ici le spectateur du doigt, donnant une certaine dynamique à l’œuvre, une narration à la scène. On retrouve dans presque chacune des caravanes de Deshays un personnage qui pointe une scène hors champ du doigt, cela rend la composition plus réelle. Ici, le personnage semble s’adresser à une figure féminine à droite du tableau qui, tout en s’occupant de deux enfants semble surveiller le troupeau de mouton qui la devance. Sur un plan plus éloigné, des hommes, des femmes et des animaux les suivent, se détachant d’un paysage coloré. Ce tableau très animé et dans une palette vive est typique de l’œuvre de Deshays, très influencé dans son travail par son maître et beau père, François Boucher.

Originaire de Rouen, Jean-Baptiste Henry Deshays apprit les rudiments du dessin avec son père qui était artiste lui aussi. Conscient du talent de son fils, il l’envoya vers 1743 à Paris où il travailla dans l’atelier de Jean Restout avant d’entrer dans celui du grand peintre François Boucher.

En 1751 il obtint le grand prix de peinture avec La guérison miraculeuse de Tobie (aujourd’hui perdu). A la suite de cela, il intégra l’école des élèves protégés, dirigée par Carle Van Loo. Sous la direction de ce maître, Deshays peignit trois tableaux qui furent présentés au roi Louis XV. Consécration royale qui donna un vif élan à la carrière du jeune peintre. En 1754 il partit pour Rome, à l’Académie de France son talent fut vite remarqué par ses professeurs.
A son retour à Paris, Jean-Baptiste épousa Jeanne-Elisabeth Victoire Boucher, fille aînée du peintre. En entrant dans la famille de Boucher, Deshays s’allia avec le célèbre peintre qui eut sur l’œuvre de son gendre une grande influence. Jean-Baptiste fut reçu, en 1758, à l’Académie de Peinture avec, pour morceau de réception Vénus versant sur le corps d’Hector une essence divine pour le garantir de la corruption. (Montpellier, musée Fabre, inv.D.803.1.8).

Deshays s’essaya à tous les genres et se montra toujours plus talentueux, le Mercure de France écrivit après le salon de 1763 : « M. Deshays ne paroit […] voir aucune manière affectée : c’est le peintre de tous les genres, & il seroit difficile de déterminer celui dans lequel il excelle le plus.» (Mercure de France, Octobre 1763, p.194). Dans l’œuvre de l’artiste se marient les lyrismes bolonais et romains, l’exubérance du Rococo, et le tragique d’une veine ténébreuse. Ses contemporains lui accordèrent une place parmi les plus grands de la peinture française. Ainsi, le célèbre critique d’Art, Diderot dit de lui : « Ce peintre, mon ami, est à mon sens, le premier peintre de la nation. Il a plus de chaleur et de génie que Vien et il ne le cède aucunement pour le dessin et pour la couleur à Van Loo […]. Son imagination est pleine de grands caractères […] Sa scène vous attache et vous touche.» (Diderot salon de 1761)