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Rare suite comprenant un baromètre et un cartel en bronze doré, le baromètre de la fin d'époque Louis XIV, le cartel d'époque Louis XVI, d’après un modèle attribué à André-Charles Boulle
Description
- Baromètre : haut. 70 cm, larg. 29 cm ; cartel : haut. 71 cm, larg. 29 cm
- Barometer: height 27 1/2 in; width 11 1/2 in; cartel clock: 28 in; width 11 1/2 in
Condition
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Catalogue Note
Outre l'allure générale, on retrouve également ici des motifs chers à Boulle, comme le masque et surtout les têtes de béliers aux angles qu'il utilisa fréquemment sur des guéridons, des lustres ou encore des chenets. Plusieurs documents attestent des recherches stylistiques menées par l'ébéniste pour intégrer ces différents motifs de la manière la plus harmonieuse, à l’exemple de la sanguine conservée aux Arts Décoratifs (inv. 723 D 2) qui présente un projet de régulateur orné d’un masque encadré de volute semblable au nôtre et placé dans un corps en forme de lyre (ill. in cat. expo. André-Charles Boulle, un nouveau style pour l'Europe, Paris, 2009, n° 72, p. 336)
Ce modèle de cartel fut une source d'inspiration tout au long du XVIIIe siècle : un projet de Gilles-Marie Oppenord conservé à l'Ecole des Beaux-Arts illustre le réemploi des têtes de bélier, cette fois-ci aux angles inférieurs du cartel (ill. in J.D. Augarde, Les Ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 125). En outre, il fut à nouveau produit à l'identique, lors du "Boulle revival" qui fit fureur à la fin du XVIIIe : en témoigne notre cartel, dont la ciselure Louis XVI se distingue nettement de celle du baromètre, exécuté soixante-dix ans plus tôt.
L’attribution à Boulle est d'ailleurs relayée dès cette époque dans les inventaires et les catalogues de vente : ainsi est-il mentionné comme l'auteur des cartels en forme de lyre figurant dans l'inventaire après-décès de Jean Pâris de Montmartel en 1766, dans la vente de la collection du comte du Luc (vente du 22 décembre 1777, lot 49), dans la seconde vente de celle du grand amateur Harenc de Presle (1795, lot 291) ou, plus tard au XIXe siècle, dans celle du comte de Choiseul-Praslin (12 mars 1866, lot 121). Ces cartels sont alors souvent décrits comme dotés d'un mouvement à répétition ou à réveil, ce qui indique leur destination première de pendule d'alcôve.
Plusieurs exemplaires similaires sont parvenus jusqu'à nous. Celui conservé au J. Paul Getty Museum (inv. 73.DB.74), daté vers 1710, diffère par la présence d’un panneau en corne teintée bleu placé derrière le treillis ; il est pourvu d'un mouvement anglais d'époque postérieure (cf. G. Wilson, European clocks in the J. Paul Getty Museum, 1996, pp. 10-13). Le Victoria & Albert Museum possède un exemplaire (inv. 130-1865) pourvu d’un fond identique : son mouvement, signé Louis Mynuel, est certainement d’origine car cet horloger est connu pour avoir fourni les mécanismes des pendules de Boulle. Le Musée des Arts Décoratifs compte parmi ses collections un cartel (inv. GR 141) qui se distingue par son fond décoré de fines bandes en bronze doré rappelant les cordes de la lyre.
Dans La Pendule française de Tardy (tome I, 1949, p. 103) est reproduit un exemplaire à fond d'écaille et portant une plaque inscrite Thuret, comme les deux modèles qui figuraient dans le commerce parisien en 1977. Enfin, P. Kjellberg, dans son Encyclopédie de la pendule française (Paris, 1997, p.90), illustre un modèle dont le fond de la caisse est en treillage non ajouré.
Le dernier exemplaire de cartel vendu aux enchères fut adjugé 162 500 € à Paris, le 13 avril 2012. Mais la seule vente qui a proposé une paire de cartel et baromètre remonte au début du XXe siècle : cette paire, à fond de corne teintée, provenait de la collection de M. Rikoff et fut vendue à la Galerie Georges Petit, les 4-7 décembre 1907, lot 255.
Ce baromètre et ce cartel ont très probablement été réunis au cours du XIXe siècle : c’est sans doute à ce moment-là que leurs mécanismes et leurs cadrans ont été remplacés, le baromètre étant à l’origine également un cartel à tirage comme le laisse supposer la présence de trous à droite et sous le cadran.