Lot 174
  • 174

Rare suite comprenant un baromètre et un cartel en bronze doré, le baromètre de la fin d'époque Louis XIV, le cartel d'époque Louis XVI, d’après un modèle attribué à André-Charles Boulle

Estimate
150,000 - 250,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Baromètre : haut. 70 cm, larg. 29 cm ; cartel : haut. 71 cm, larg. 29 cm
  • Barometer: height 27 1/2 in; width 11 1/2 in; cartel clock: 28 in; width 11 1/2 in
le cadran inscrit dans une caisse en forme de lyre sur fond de treillage ajouré et ciselé, surmontée d’un pinacle en doucine, ornée de têtes de béliers retenant  des guirlandes de fleurs, rehaussée de feuilles d’acanthe en enroulement  et surmontant un masque ceint de branches de laurier nouées, terminée par un cul-de-lampe à volutes et graines ; le cadran du baromètre signé PASSEMENT / OPTICIEN DU ROY / A VERSAILLES ; (le mécanisme du baromètre et le mouvement du cartel remplacés au XIXe siècle ; légères différences entre les deux caisses, notamment au niveau du treillage, du sommet et du cul-de-lampe)

Condition

The illustrations of the catalogue are acurate. Good overall condition despite the usual minor scatches and marks throughout. The gilding is slightly tarnished. The movement of the barometer and of the cartel are later, mid 19th century. The case of the barometer was originally fitted with a movement for a cartel clock. There is a little hole (visible on the illustration) between the mask and the rim of the dial of the barometer. This hole was originally created for the wire to rewind the previous original movement (cartel à tirage). Please note that we do not guaranty the working order of the movements of the barometer and of the clock.
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Catalogue Note

Ce modèle est tantôt attribué à André-Charles Boulle, tantôt à son atelier. Il est à rapprocher d’un dessin de l’atelier de Charles Le Brun (Musée du Louvre, Cabinet des dessins, inv. 30162.8190) qui servit probablement de source d’inspiration à Pierre I Legros pour une fontaine du Théâtre d’eau dans le parc du château de Versailles. Rappelons que la lyre est l’attribut d’Apollon, Dieu du Soleil, astre symbolisant Louis XIV. Le théâtre aquatique, dont le fonctionnement fut jugé trop onéreux, fut démantelé en 1756. La statue en plomb, représentant deux chérubins assis dans une coquille et tenant une lyre ressemblant étroitement à notre lot, fait aujourd’hui partie des collections de la National Gallery of Art de Washington (inv. 1940.1.16). Un autre rapprochement peut être fait avec une gravure réalisée vers 1690 par Jean I Bérain avec une lyre décorée de têtes de griffons (N. Langlois, Ornemans petits dans les appartements des Tuileries, dessinez et gravez par Berain, Paris, vers 1690).

Outre l'allure générale, on retrouve également ici des motifs chers à Boulle, comme le masque et surtout les têtes de béliers aux angles qu'il utilisa fréquemment sur des guéridons, des lustres ou encore des chenets. Plusieurs documents attestent des recherches stylistiques menées par l'ébéniste pour intégrer ces différents motifs de la manière la plus harmonieuse, à l’exemple de la sanguine conservée aux Arts Décoratifs (inv.  723 D 2) qui présente un projet de régulateur orné d’un masque encadré de volute semblable au nôtre et placé dans un corps en forme de lyre (ill. in cat. expo. André-Charles Boulle, un nouveau style pour l'Europe, Paris, 2009, n° 72, p. 336)

Ce modèle de cartel fut une source d'inspiration tout au long du XVIIIe siècle : un projet de Gilles-Marie Oppenord conservé à l'Ecole des Beaux-Arts illustre le réemploi des têtes de bélier, cette fois-ci aux angles inférieurs du cartel (ill. in J.D. Augarde, Les Ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 125). En outre, il fut à nouveau produit à l'identique, lors du "Boulle revival" qui fit fureur à la fin du XVIIIe : en témoigne notre cartel, dont la ciselure Louis XVI se distingue nettement de celle du baromètre, exécuté soixante-dix ans plus tôt.

L’attribution à Boulle est d'ailleurs relayée dès cette époque dans les inventaires et les catalogues de vente : ainsi est-il mentionné comme l'auteur des cartels en forme de lyre figurant dans l'inventaire après-décès de Jean Pâris de Montmartel en 1766, dans la vente de la collection du comte du Luc (vente du 22 décembre 1777, lot 49), dans la seconde vente de celle du grand amateur Harenc de Presle (1795, lot 291) ou, plus tard au XIXe siècle, dans celle du comte de Choiseul-Praslin (12 mars 1866, lot 121). Ces cartels sont alors souvent décrits comme dotés d'un mouvement à répétition ou à réveil, ce qui indique leur destination première de pendule d'alcôve.

Plusieurs exemplaires similaires sont parvenus jusqu'à nous. Celui conservé au J. Paul Getty Museum (inv. 73.DB.74), daté vers 1710, diffère par la présence d’un panneau en corne teintée bleu placé derrière le treillis ; il est pourvu d'un mouvement anglais d'époque postérieure (cf. G. Wilson, European clocks in the J. Paul Getty Museum, 1996, pp. 10-13). Le Victoria & Albert Museum possède un exemplaire (inv. 130-1865) pourvu d’un fond identique : son mouvement, signé Louis Mynuel, est certainement d’origine car cet horloger est connu pour avoir fourni les mécanismes des pendules de Boulle. Le Musée des Arts Décoratifs compte parmi ses collections un cartel (inv. GR 141) qui se distingue par son fond décoré de fines bandes en bronze doré rappelant les cordes de la lyre.
Dans La Pendule française de Tardy (tome I, 1949, p. 103) est reproduit un exemplaire à fond d'écaille et portant une plaque inscrite Thuret, comme les deux modèles qui figuraient dans le commerce parisien en 1977. Enfin, P. Kjellberg, dans son Encyclopédie de la pendule française (Paris, 1997, p.90), illustre un modèle dont le fond de la caisse est en treillage non ajouré.
Le dernier exemplaire de cartel vendu aux enchères fut adjugé 162 500 € à Paris, le 13 avril 2012. Mais la seule vente qui a proposé une paire de cartel et baromètre remonte au début du XXe siècle : cette paire, à fond de corne teintée, provenait de la collection de M. Rikoff et fut vendue à la Galerie Georges Petit, les 4-7 décembre 1907, lot 255.

Ce baromètre et ce cartel ont très probablement été réunis au cours du XIXe siècle : c’est sans doute à ce moment-là que leurs mécanismes et leurs cadrans ont  été remplacés, le baromètre étant à l’origine également un cartel à tirage comme le laisse supposer la présence de trous à droite et sous le cadran.