Lot 20
  • 20

Apollinaire, Guillaume

Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description

  • Apollinaire, Guillaume
  • Lettre autographe signée Gui à Louise de Coligny-Châtillon (Lou), datée 13 Avril 1915 et constituée par un long poème autographe, intitulé Agent de liaison. 4 pages in-12 sur un double feuillet, écrites à l’encre brune recto-verso, sous chemise demi-maroquin noir moderne.
  • paper
TRÈS BEAU ET IMPORTANT POÈME DE GUERRE ADRESSÉ À LOU.

Intitulé Agent de liaison, ce poème de 93 vers est une sorte de monologue lyrique, où Apollinaire juxtapose des visions de la guerre et des souvenirs - parfois très libres - de son amour passé. Le point de départ en est une mission qu'il avait faite la veille, sur le front, en tant qu'agent de liaison :

Mon cœur est comme l'horizon où tonne et se prolonge
La canonnade ardente de cent mille passions
Ah ! miaulez. Ah ! miaulez les chats d'enfer
Le 12 avril 1915
O ciel ô mon beau ciel gemmé de canonnades
Le ciel faisait la roue comme un phénix qui flambe …
Canonnier n'entendez-vous pas ronfler deux avions boches
Mettez votre cheval dans le bois Inutile de le faire repérer…

En contrepoint, il évoque un souvenir érotique très libre :
Soldat Te souviens-tu du soir
Tu étais au théâtre Dans la loge d'un ambassadeur
Et cette jeune femme pâle et glorieuse
                               Te branla pendant le spectacle
Dis-moi soldat dis-moi t'en souviens-tu

Autre souvenir érotique, celui de séances sado-masochistes avec Lou :
Te souviens-tu du jour où l'on te demanda la schlague
                     Devant la mer furieuse
Dis-moi Guillaume dis-moi t'en souviens-tu….

Apollinaire poursuit son récit, avec toujours le même contrepoint de présent et de passé :
Vous avez un laisser-passer
Agent de liaison
Le mot
C'était c'était la Ville où Lou je t'ai connue
[Nice]
                            O Lou mon vice
Le 12 avril 1915
Un agent de liaison traversait au galop un terrain découvert
Puis le soir venu il grava sur la bague
Gui aime Lou
… Baïonnette au canon devant le commandant d'armes
Je m'en fous amenez-moi votre lieutenant
Enfin je me tirai de cette infanterie Je ne sais pas comment…
Les chatons des noisetiers nuancent les mousses
Et les lichens sont pâles
Comme les joues de Lou quand elle jouit…

Par son lyrisme et son écriture très moderne, CE POÈME EST SANS DOUTE L'UN DES PLUS IMPORTANTS ET DES PLUS BEAUX DE TOUS CEUX QU'APOLLINAIRE ADRESSA DU FRONT À LOU.

Lettres à Lou (éd. M. Décaudin), lettre n° 123.