Claude-Joseph Vernet

Possiblement le tableau commandé par M. Poulhariez à Vernet en 1759;
Possiblement  vente d’Héricourt, Paris, 29 décembre 1766, n° 75 ;
Possiblement Cabinet de l’abbé Reynoir, 1771 ;
Vente anonyme, Versailles, Palais des congrès, Maître Martin, 23 novembre 1969, n°48 (comme Vernet et atelier);
Acquis à cette vente par un membre de la famille de l'actuel propriétaire.

Réalisé en 1758, Le retour de la pêche, prend place dans la seconde partie de la vie de Joseph Vernet, après son séjour de vingt ans en Italie, et avant son établissement définitif à Paris. Cette période qui s’étend de 1753 à 1762 est considéré comme très importante dans l’œuvre de l’artiste. Dès son retour en France, Vernet se voit confier par le marquis de Marigny la réalisation de la série des Ports de France. Cette importante commande de vingt-deux tableaux (quinze seront réalisés), conduit l’artiste à se rendre dans un certain nombre de ports français. Son voyage commence à Marseille, lieu où il dut faire la connaissance du commanditaire de notre tableau. Les nombreux déplacements nécessaires à l’exécution des Ports de France, permirent à l’artiste de se maintenir proche de la nature, empêchant son art de se figer et de devenir, comme par la suite, une répétition de motifs basée sur des souvenirs.
Notre peinture est typique dans son traitement des œuvres peintes par Vernet à son retour d’Italie. L’harmonie des tons froids et chauds est caractéristique ; les personnages colorés viennent renforcer les tons pastel de l’arrière-plan. La lumière pénétrante joue à travers les arbres et sur le bâtiment, et vient donner à ce paysage un aspect idyllique, qui demeure cependant plus proche de la nature que ceux peint à la même époque par Boucher.

Notre tableau, probablement celui gravé en 1771 par Pierre-Paul Benazech faisait certainement partie d’une paire achetée par Monsieur Poulhariez, négociant à Marseille, en 1759, pour mille livres. Le Marseillais était un client régulier de Vernet. En effet, en 1754, il achète au peintre une paire de marines, parmi lesquels la Tempête (Accrington, Haworth Art Gallery), dont la gravure par Baléchou connut un très grand succès. En 1755, Poulhariez commande à Vernet une autre paire, Lever de soleil dans un brouillard et les baigneuses, pour mille livres aussi. Notre tableau pourrait être le pendant du Matin, paire de toiles commandée par le même mécène à Vernet en 1759.
La composition faisant pendant de notre peinture, Le matin ou la Pêche à la ligne, daté de 1758, fit notamment parti des collections de Madame Laetitia, mère de Napoléon Ier.