Lot 32
  • 32

Ecole Française du XVIIeme siècle

Estimate
4,000 - 6,000 EUR
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Description

  • Portrait de Charles de L’Aubespine, marquis de Châteauneuf, Garde des sceaux(La Celle-Condé, 22 février 1580 - château de Leuville-sur-Orge, 26 septembre 1653)
  • Au verso, une inscription du XIXeme siècle à l’encre brune : « henri de Mesmes / Cheer Sñgr de / Roissy Ier President / mort en 1651 [corrigé au crayon 0]. »
  • Huile sur panneau, sans cadre

Condition

The painting is in overall very good condition. It is painted on a panel made with one non cradle plank of oal. The painted surface is perfectly stable. It is under a dry and dirty varnish which needs to be removed. There are some minor little lacks along the edges. Some retouching in the right of the white collar and in the blue ribbon. Under UV light: Under a green uniform varnish. We can notice the restoration previously mentionned and a little dot of retouching in the black coat on the left. There are some thin retouching on the cheeks and the beard.
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Catalogue Note

Très conventionnel dans la présentation du modèle, et en même temps intime par ses dimensions réduites et par l’utilisation – déjà presque désuète – du support en bois, ce portrait est un heureux rescapé d’une production artistique abondante à destination familiale et privée, mais plus fragile et sujette aux dégradations que les réalisations officielles et publiques. Le modèle est représenté en buste, sur fond brun uni, avec un cadrage serré propre aux peintures issues d’une galerie de portraits. Il ne possède pourtant pas d’annotation, qui devait vraisemblablement se trouver sur le cadre dont les traces sont toujours visibles. L’homme, proche de la cinquantaine, est vêtu d’un habit de soie noire composé d’un pourpoint boutonné et d’une veste ajustée. Contrairement à la mode de l’époque qui appréciait les taillades, les couleurs éclatantes, les broderies et les boutons d’orfèvrerie, ce vêtement est d’une grande sobriété, les manches de la veste tout au plus rehaussées de passements ton sur ton. Apparu dans l’habillement masculin à la fin des années 1620 en remplacement des cols plats à armature métallique, le large col cartonné dit rabat est orné de dentelle festonnée, moins large que celle qu’affectionnaient alors les courtisans de Louis XIII. Les cheveux du modèle sont également plus courts et moins bouclés que ceux des gentilshommes du roi, mais sa barbe taillée à la royale et ses moustaches retroussées en crocs sont à la toute dernière mode de la cour. Une seule couleur vive rompt la sévérité du vêtement : le ruban bleu ciel de l’Ordre du Saint-Esprit que l’homme porte en sautoir comme les prélats, les magistrats et les officiers de l’Ordre, et non en écharpe sur l’épaule droite comme les chevaliers et les militaires. La dentelle, interdite aux ecclésiastiques, et l’absence de soutane et de calotte, ont fait rechercher le nom du modèle parmi les gens de Loi plutôt que d’Église. Toutefois, il ne peut s’agir de Henri II de Mesmes, seigneur de Roissy (1585-1650), président à mortier (et non premier président) du Parlement de Paris, qui n’a jamais été reçu dans l’Ordre du Saint-Esprit. L’identité de son frère Claude de Mesmes, comte d’Avaux (1595-1650) doit également être écartée, ce dernier n’ayant été fait greffier de l’Ordre et commandeur qu’en 1637. On possède par ailleurs de lui plusieurs gravures qui montrent un visage assez différent. La ressemblance est en revanche parfaite avec Charles de L’Aubespine, chancelier et garde des sceaux de l’Ordre sur démission de son père entre 1611 et 1633, puis depuis 1645 et jusqu’à sa mort en 1653. Son visage est connu grâce à deux gravures, l’une non datée, signée « Peinct par D. du Monstier / Gravé par F. Ragot » (voir D. Lecœur, Daniel Dumonstier (1574-1646), Paris, Arthéna, 2006, p. 198-199, no280), et l’autre le montrant très âgé tirée vers 1656 par Pierre Daret d’après un artiste inconnu. Si, dans l’estampe de François Ragot, le cadrage est plus large et le vêtement, complété par une casaque doublée de fourrure, plus solennel, le visage est absolument identique à la présente peinture : yeux effilés et cernés, nez épais et légèrement busqué, joues creusées, sourcils en demi-cercles. Les deux portraits reprennent sans doute le seul et même original de Daniel Dumonstier, dessinateur hors pair et dernier représentant de l’art du portrait « à la française » remontant à Jean Clouet. Son style, à la fois traditionnel et très personnel, transparaît dans ce panneau bien que l’œuvre de l’artiste se compose essentiellement de portraits aux crayons et que quelques peintures seulement puissent lui être attribuées. On y retrouve sa ligne plastique, ses ombres très prononcées et fondantes, les yeux et la bouche finement contournés, les cils traités en masse, les cheveux vaporeux et l’attention toute particulière portée aux rides. La touche trop épaisse et crispée et une certaine rigidité de l’ensemble contrastent pourtant trop avec la manière de Dumonstier pour pouvoir lui attribuer ce tableau. Tout porte à croire qu’il a été peint par un autre artiste d’après une œuvre de celui-ci, peinte ou dessinée.

D’une illustre famille de secrétaires d’État, ambassadeurs et conseillers, Charles de L’Aubespine est le fils de Guillaume de L’Aubespine et de Marie de La Châtre. Abbé de Préaux, de Massay et de Noir-Lac, marquis de Châteauneuf, il commence sa carrière à vingt et un an, aux finances et comme chancelier et garde des sceaux de l’Ordre du Saint-Esprit. Il est envoyé à La Valteline en 1626, puis en Angleterre. Après la journée des Dupes, le cardinal de Richelieu lui confie les sceaux du royaume et le gouvernement de Touraine (1630). En tant que Garde des sceaux, il préside les commissions extraordinaires de justice qui condamnent le maréchal de Marillac et le duc de Montmorency. Mais il noue aussi des relations avec la duchesse de Chevreuse et lui révèle certains projets du roi. En 1633, le cardinal lui retire sa charge et le fait enfermer au château d’Angoulême qu’il ne peut quitter qu’à la mort de Louis XIII dix ans plus tard. Revenu aux affaires, Châteauneuf prend la tête du parti des Importants avec la duchesse de Chevreuse et est de nouveau disgracié en 1645. En 1650, il redevient garde des sceaux par la volonté d’Anne d’Autriche pour les perdre en avril 1651 sous la pression de Condé. Il se retire dans ses terres en 1652 et meurt l’année suivante, « chargé d’années et d’intrigues » aux dires de madame de Motteville.
Nous remercions madame Alexandra Zvereva qui, après avoir étudié ce portrait, en a rédigé la notice.