Jan van Noordt

Collection d'une famille de l'ouest de la France depuis les années 1930.

Musée des Arts Décoratifs, Paris, Exposition retrospective de la Vigne et le vin dans l'Art, mai - juillet 1936, n°97 (comme Van Noordt, Bacchus et Ariane, collection de M. Jean Savin).

The painting is in overall moderately favourable state of conservation. It is under a yellow very dirty varnish. The painting has been, strongly relined, during the beginning of the 20th century. This operation slightly press the painted surface. They are two little tears, due to the relining, of about 2 centimetres each in between the legs of Mirtillo. There is a little accident in the landscape above Mirtillo (visible on the reproduction). We can see a little worn area in the torso and neck of Mirtillo. The colours are slightly more yellowed than photo shows (due to the varnish). Under UV lamp: Under a thick uniform varnish. There is a little restoration on the lower edge along the frame. Two big covering repaints in the sky along the frame on the right. These repaints probably covers old tears.
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Le tableau de Jan Van Noordt  que nous présentons est une redécouverte dans le corpus de l'artiste. La tradition familiale l'attribuait jusqu'à maintenant à Jan Weenix. La composition était cependant connue par une copie passée en vente chez Stockholm Auktionsverk le 3 juin 1996 (lot 261).

Le sujet atypique du tableau retient notre attention. Il est tiré d’une pastorale sous forme de tragi-comédie italienne souvent reprise chez les peintres hollandais et illustre un épisode de la pièce Il Pastor Fido, Le berger fidèle, écrite par l’italien Giovanni Battista Guarini entre 1580 et 1583. Cette œuvre est la plus célèbre  du  poète et diplomate italien qui vécut entre le XVIeme et XVIIeme siècle. Elle rapporte les amours contrariés de différents personnages, mêlant de nobles vertus telles que  le courage, la générosité et la fidélité. L'action se déroule en Arcadie. Alors que la peste désole le pays, l'oracle prédit que les maux de l'Arcadie s'achèveront grâce à un berger fidèle. Le berger Mirtillo s'offre alors à mourrir pour sauver la nymphe Amaryllis. C’est particulièrement de la fidélité de Mirtillo dont il est question dans notre tableau. Les deux bergers Amaryllis et Mirtillo se jurent fidélité à l’abri des regards et de la jalousie des autres personnages. Ils profitent de leur intimité pour se livrer à des marques d’affection, Mirtillo enlaçant celle qu’il aime et Amaryllis déposant une couronne tressée de fleurs et de feuilles sur la tête de son amant.
C’est à Charles–Emmanuel I^erde Savoie que Guarini dédia cette pièce qui fut souvent donnée dès sa parution en 1589. Connue à travers toute l’Europe, il n’est donc pas surprenant que des peintres de l’Ecole du Nord  choisirent de représenter un épisode de la pièce qui se fit ensuite plus rare et revint au goût du jour au XVIIIeme siècle, Haendel illustra le sujet dans son opéra Il Pastor Fido en 1712.

En effet,  l’épisode d’Amaryllis couronnant Mirtillo fut souvent repris par des artistes tels que Jacob Van Loo ou Adrian Nieulandt, tous deux peintres de scènes mythologiques. C’est chez l’un d’entre eux que Jan van Noordt se forma : Jacob Backer. Egalement portraitiste, Backer réalisa avec un talent reconnu certains tableaux à sujets religieux, mythologique ou littéraire. Auprès de ce dernier, Van Noordt développa son goût pour ce genre pictural et tira son inspiration des œuvres de  son maître. C’est probablement dans cet atelier qu’il eut l’idée de notre tableau, Backer ayant déjà peint un tableau représentant Amaryllis couronnant Mirtillo en 1641. Notre artiste s’en inspira probablement en reprenant certaines particularités du style de son maître, notamment l’absence de paysage à peine suggéré par un arbre, laissant place à la narration et mettant ainsi en valeur le groupe de personnages qu’il choisit de nous présenter. Comme Backer avant lui, il s’intéressa aux scènes pastorales et  peignit beaucoup de bergers ou bergères à partir de 1646. On peut donc penser que notre tableau daterait de cette deuxième période de la carrière de l’artiste.

Nous remercions le Professeur David de Witt de nous avoir confirmé l'authenticité de ce tableau d'après une photographie.