PF1301

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Lot 140
  • 140

Suite de sept papiers peints à l'aquarelle, travail de Flandre Orientale par P. de Loos, datés 1796

Estimate
30,000 - 50,000 EUR
bidding is closed

Description

  • 1) Haut. 283 cm, larg. 75 cm 2) Haut. 293 cm, larg. 95,3 cm 3) Haut. 283 cm, larg. 96 cm 4) Haut. 283 cm, larg. 153,5 cm 5) Haut. 283 cm, larg. 42,5 cm 6) Haut. 80,5 cm, larg. 171,5 cm 7) Haut. 83 cm, larg. 17,5 cm
  • 1) Height 111 1/2 in; width 29 1/2 in 2) Height 115 1/4 in; width 375 1/4 in 3) Height 111 1/2 in; width 37 3/4 in 4) Height 111 1/2 in; width 4 in 5) Height 111 1/2 in; width 16 3/4 in 6) Height 31 3/4 in; width 67 1/2 in 7) Height 32 3/4 in; width 6 3/4 in
à décor de caprices architecturaux animés de chinoiseries, la partie basse représentant une scène vue à travers un tunnel ou un pont ; les papiers marouflés sur panneaxu et encadrés de bois peint bleu gris

Provenance

Commandés par Pierre-Georges de Meulenaere [1751-1823], Commys van het Huysgeld (ministre des finances de la ville de Gand) à l'artiste P.De Loos en 1796 pour orner le salon chinois de son hôtel qu'il commanda en 1791 à l'architecte Jean-Baptiste Pisson (1763 - 1818), petit palais qu'il fit construire sur le Nederkouter à Gand.

Transférés par les descendants de monsieur de Meulenaere dans le château de Desteldonck près de Gand vers 1900

Par descendance jusqu'au propriétaire actuel

Literature

Références bibliographiques

P.J. Goetghebuer: Choix des Monumens, édifices et maisons les plus remarquables du royaume des Pays-Bas anciens, Gand, 1827, fig. 15

Article de Frieda Van Tieghem, dans: Relicta 8 (2011), pp 251-376

I.De Wilde, DE LOOSE een 19-eeuws schildersgeslacht Zele/St.Niklaas, 1985

Gazette van Gent, 28 octobre 1884

Condition

The illsutration is accurate. very delicate colours althlough the paper is sunfaded. The paper has been lined on a later frame. There were some very minor holes which have been restored when the paper has been lined. THe small gilding areas have been slightly refreshed. The green-painted wooden frames are later. Highly decorative pieces with plenty of details. Highly recommanded.
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Catalogue Note

L’hôtel de Meulenaere fut construit par l’architecte Jean-Baptiste Pisson (1763 – 1818) qui laissa un ensemble d’hôtels et de maisons dans la région de Gand dans le goût néoclassique influencé par Jacques-Ange Gabriel ou François-Joseph Bélanger. Ainsi, l’hôtel de Meulenaere s’inspire de l’architecture du Petit Trianon de Versailles par Gabriel. Cet hôtel est un petit palais à colonnade qu'il fit construire sur le Nederkouter à Gand. A l’étage noble, à droite du hall au-dessus du portail, auquel on accédait au moyen d'un double escalier, se trouvait un salon chinois, décoré d'aquarelle sur papier, achevé en 1796. Une chambre à coucher octogonale se trouvait attenante ainsi qu’un grand salon duquel on pouvait accéder à la terrasse en colonnade.

La famille vendant cette suite a gardé un panneau de cette suite portant la signature P. De Loos et daté 1796.  Aucune information ne nous est malheureusement parvenue sur cet artiste. Le peintre décorateur P. De Loos à qui fut commandée la décoration de ce salon appartenait peut-être à la famille de l'épouse de Pierre-Georges De Meulenaere, Thérèse De Loose. Celle-ci était issue d'une riche famille patricienne gantoise. Appartenait-il sinon à la famille d'artistes De Loose active en Flandre orientale à partir de la fin du XVIIIe siècle ? Il n’est pas mentionné dans l’étude sur cette famille écrite par Ignace de Wilde.

Pierre-Georges de Meulenaere et Térèse de Loose n'eurent pas de descendance et habitèrent dans leur hôtel avec une nombreuse domesticité. En 1834 cet hôtel entra dans le patrimoine de la famille Delebecque qui décida de transférer, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le salon chinois vers leur château de plaisance à Desteldonck. Ce fut très probablement Alfred-Joseph Delebecque (Gand, 1831 - Desteldonck, 1909) qui opéra ce changement.

Le goût pour l’Orient

Nos papiers peints, réalisés en 1796, représentent un merveilleux témoignage du goût pour l’Orient qui s’inscrit dans une tradition européenne particulièrement vivace. En effet, depuis le XVIIe siècle et l’amplification des échanges commerciaux entre l’Occident et l’Orient, la demande pour les objets luxueux et exotiques était grande. Les artistes européens, de la France jusqu’aux Pays-Bas en passant par l’Angleterre et l’Allemagne, produisaient des tapisseries, du mobilier ou encore des porcelaines inspirés des objets d’importation et adaptés au goût européen. La sinomanie toucha bientôt tous les arts décoratifs, donnant naissance à ce goût très particulier que l’on nomme « chinoiseries », goût caractérisé par une combinaison d’éléments orientaux et européens exprimant un Orient fantasmé et reflétant la fascination de l’occident pour l’exotisme des mœurs et la richesse des matières de Chine et du Japon.    

Cette évocation fantaisiste de l’Orient fut une composante particulièrement prégnante du style rocaille, en raison notamment de la légèreté de ses sujets aux couleurs claires et vives. C’est notamment au milieu du XVIIIe siècle qu’est construit le Pavillon Chinois du Château de Sans Souci et que Chippendale crée ses meubles chinois.

L’importance des chinoiseries diminua à partir des années 1770, à la faveur du néoclassicisme. Toutefois, l’attrait pour l’Orient ne disparut pas complètement : les artistes adaptèrent les chinoiseries à une esthétique nouvelle et une vision réaliste coexistait avec les visions imaginaires préexistantes. La Cour de France restait attachée à un certain esprit rocaille et les motifs orientaux s’appliquaient aux nouvelles formes classiques, sur les porcelaines de Sèvres comme sur le mobilier (Riesener livra un ensemble de mobilier en laque pour Marie-Antoinette en 1787). En France toujours, les toiles de Jouy qui connurent leur apogée à la fin du XVIIIe siècle présentaient souvent des chinoiseries, de même que les papiers peints de la manufacture Réveillon jusqu’en 1789. En Italie, les appartements du Roi à la Villa Favorita (1799) étaient ornés de ‘chinoiseries pompéiennes’. Quant au Prince Régent d’Angleterre, futur Georges IV, il fut l’un des plus fervents amateurs de chinoiseries de la fin du XVIIIe siècle : les intérieurs de Carlton House, puis du Brighton Royal Pavilion en firent la démonstration éclatante. 

 

La composition de nos panneaux, mêlant personnages européens et mandarins, bouquets et guirlandes occidentaux et plantes et oiseaux exotiques, pagodes chinoises et architecture, est fortement inspirée de l’œuvre de Jean-Baptiste Pillement (1728-1808). Artiste très recherché pour ses chinoiseries dans toute l’Europe, ce dernier travailla pour la cour d’Angleterre, de Pologne et d’Espagne. Chacun se devait encore à la fin du siècle d’avoir un salon chinois pour exposer ses collections de porcelaines, laques et mobilier d’esprit chinois et l’hôtel de Meulenaere n’y manqua pas grâce à P. de Loose. Ce dernier dut retenir les compositions de Pillement d’après le recueil que ce dernier publia en 1755 « Nouveau Livre des Ornements Chinois ». Les années 1770-1773 furent une période de grande création pour Pillement puisqu’il publia vingt quatre  recueils de chinosiseries et de projets floraux. Tous ces recueils circulèrent dans toute l’Europe jusqu’en Russie en passant par Gand. P. De Loose sut s’en inspirer tout en privilégiant des couleurs et une touche plus légère que Pillement, effet de légèreté renforcé par le choix de l’aquarelle. Ces couleurs dominées par le gris et le bleu pâles ainsi que ces compositions évoquent une atmosphère en demi-teinte entre la mélancolie et le rire, sentiment tout mozartien dominant la fin du XVIIIe siècle.