PF1332

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Lot 516
  • 516

[Gide, André]

Estimate
5,000 - 7,000 EUR
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Description

  • [Gide, André]
  • [Journal] 1902-1905. [Paris, A.N(aville), 1932]. In-12. Veau brique, plats ornés bord à bord de deux cercles de cœurs entrelacés à filets dorés entourant une grande pastille mammaire en galuchat ivoire poli, dos lisse titré et orné de petits filets courbes dorés, bordures intérieures rythmées de filets droits dorés et à froid en alternance, avec aux angles mosaïques de maroquin noir frappées des dates dorées du titre, doublures et gardes de faille lie-de-vin, chemise étiquetée à rabats, étui bordé (J. Anthoine Legrain).
Couverture vélin crème fort imprimée des seules dates, dos muet.

édition originale strictement limitée à 13 exemplaires. Celui-ci, numéroté 12 à l’encre et paraphé par l’auteur, fait partie des 6 derniers à avoir 12 pages recomposées le 26 janvier. L’impression parisienne (et non cette fois brugeoise) est sur un beau vergé léger Polleri au filigrane du cerf élancé, papier identique à celui du cahier relié par Champs pour Gide qui l’utilisa justement comme copie du Journal de l’année 1902 (Pléiade, I, 1996 p. 1328 et 1452).

Il aura fallu attendre la nouvelle Pléiade de 1996 pour lire certains passages demeurés dans la confidentialité des 13 exemplaires. Encore doit-on y prendre garde car les leçons d’Eric Marty sont troublantes. Comment le fragment du 5/1/1902 sur la masturbation collective des pioupious “autour du poêle de la chambrée” l’amène-t-il à publier : "Encore un qui ne dira pas “Merde” à son père", disait G. en s’essuyant les cuisses, alors qu’on lit en 1932 (tiret compris) :  — "Encore un qui ne dira pas Merde à son père", disait G. en s’essuyant la cuisse.  Et le 17/1/1902, en sortant du cabinet d’André Fontainas : “Il me reconduit à sa porte. Il est énorme et un peu bouffi (Une photographie de Demolder était sur sa cheminée, que je prenais pour la sienne). / Au demeurant, excellent garçon ; étouffé par ses bonnes qualités.” La parenthèse Demolder est seulement donnée en note dans la Pléiade, d’après le manuscrit (p. 325,b), alors que cette allusion au meilleur ami de Fontainas  est bien présente en 1932 et devrait donc se trouver dans le corps du texte de la Pléiade. En fait cet ajout est noté par erreur dans la variante précédente (p. 325, a) !



magnifique exemplaire, somptueusement relié avec une délicieuse touche Art déco qu’exploita à merveille le gendre de Pierre Legrain. (La signature d’Anthoine est sans tiret). Charles Hayoit, l’ami et client de Simonson, possédait le n° 7 de la 1ère émission du 5 janvier relié par Huser (Sotheby’s, IV, 768).



[on joint :]
lettre autographe signée à un correspondant non identifié, 4/2/1902, 4 pp. in-12 sur double f. vergé Polleri (voir supra, cahier de la même année). Décidément il ne part pas : “Oh parbleu, je peux bien supporter, moi, la solitude – La faire supporter, voila le difficile.. Dès qu’on est marié, il faut se mettre à deux pour être seul. J’ai renoncé. /Et d’ailleurs je m’en trouve bien. J’étais très joyeux de partir ; je le suis plus encor de rester. Je travaille admirablement, et de façon très différente. Je vais bien ; Madeleine aussi ; j’ai l’esprit libre.- Je sors souvent, mais pour faire plaisir non pas à d’autres qu’à moi même. Je me mène plus souvent aux Musées qu’en visite – et plus souvent encore nulle part. Je porte un carnet dans ma poche et, quand le cœur m’en dit, m’assieds sur un banc pour écrire ; j’ai repris l’habitude de lire tout en cheminant.- L’immoraliste s’imprime, mais seulement depuis hier. Peut-être me souhaiterais-je aux devantures, si ce n’était à côté d’autres. Jamais je n’ai si peu souhaité de “paraître”, et cela repose l’esprit”. Il n’est pas content qu’il l’ait nommé administrateur. “(…) Enfin, s’il faut plus tard gouter de la prison, j’aime mieux que ce soit pour autre chose et que ça tire plus à conséquence. (…)”.
Traces de papier collant, sans atteinte au texte.

références : Naville, 313. Les précisions quant aux 2 émissions ainsi que les initiales A.N. glissées dans sa notice ne laissent, selon nous, aucun doute sur l’initiative éditoriale d’Arnold Naville, banquier genevois et bibliographe, dès 1930, de Gide (mais après Simonson). -– Journal, Paris, Gallimard, “Bibliothèque de la Pléiade”, 1996, édition établie par Eric Marty, t. I pp. 311 sv.