Statue, Mumuye, Nigeria

Alain Dufour, Saint-Maur
Collection Françoise et Jean Corlay, Paris, 1984

Le corpus de la statuaire Mumuye - dont les solutions plastiques explorent de façon saisissante la suggestion du mouvement - échappe, par la diversité de ses expressions,  à la notion de styles nucléaires. Au-delà de leurs formes caractéristiques, la plupart des œuvres révèlent l'individualité des artistes.

Ici, l'élégance de la silhouette longiforme dont l'étirement met en valeur l'intensité du petit visage aux traits serrés, de même que l'avancée des épaules libérant dans l'espace le mouvement des bras, l'apparentent à deux statues de la collection de Jacques Kerchache (Kerchache, Paudrat, Stephan, 1988, n°121 et 122), dont en 1990 il supposa être l'œuvre d'un même maître-sculpteur (Kerchache in Afrikanische Skulptur, 1990, p. 137).         

Jouant librement des proportions, l'artiste a concentré l'attention sur la gestuelle dansante de la figure, dont la ligne sinueuse est rythmée par les séquences des bras s'enroulant autour de l'abdomen et par les subtils mouvements contradictoires de la tête, des hanches et des jambes. S'ajoute dans l'individualité de l'œuvre le détail - très rare - des hanches signifiées par un double plan circulaire. Une telle conceptualisation de la rupture entre les volumes supérieur et inférieur du corps est illustrée à l'extrême par la statue Mumuye du British Museum collectée en 1921 (Nigeria, Arts de la vallée de la Benue, 2012, p. 81, n°41).