Lot 36
  • 36

Couple, Mbanza, République Démocratique du Congo

Estimate
150,000 - 200,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Mbanza
  • Couple
  • wood
  • haut. 44 cm et 40 cm
  • 17 1/3 in and 15 2/3 in

Provenance

Acquis à Kinshasa en 1983
Collection Françoise et Jean Corlay, Paris

Exhibited

Berg en Dal, Afrika Museum, Ubangi, Art and cultures from African Heartland, 13 octobre - 31 mars 2007

Literature

Grootaers, Ubangi, Art and cultures from African Hearland, 2007, p. 131, n°3.32

Catalogue Note

La statuaire des peuples de langue ubangienne situés à l’extrême Nord-Ouest du Congo puise dans une dynamique créatrice commune à une vaste mosaïque ethnique, occupant la région du fleuve Ubangui et répartie sur les territoires de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo et du Sud Soudan. Ce très rare couple de statues Mbanza en illustre à la fois la profonde homogénéité stylistique, empreinte d’une force singulière, et la diversité des expressions.                        

Son étude et son interprétation sont délicates du fait de la quasi-absence de données historiques (informations de collecte et études de terrain), propre aux œuvres de cette région, de l’étroitesse du corpus sculptural et aussi de l’identité complexe des Mbanza. Répartis géographiquement en quatre groupes, leur langue les apparente aux Banda mais leur culture les rapproche davantage de leurs voisins Ngbaka, dont ils encerclent le territoire (Burssens in Grootaers, 2007, p. 129). Burssens (ibid.) souligne en particulier, qu’en raison du manque d’« informations de première main sur les Mbanza, seules quelques données permettent de leur attribuer une série de statues ». Parmi ces éléments figure un dessin du belge Geo Morissens (1898, p. 377) réalisé en 1897 lors d’un voyage d’exploration le long de la rivière Lua, où sont représentés six « Fétiches des Banza » en bois – quatre figures humaines et deux animales. Ce dessin et quelques précieux spécimens collectés au début du XXe siècle, ont permis de définir un style Mbanza dont le couple de la collection Corlay constitue l’archétype (Meurant in Grootaers, ibid., p. 185). Très apparenté à celui des Ngbaka voisins (volumes résumés à leurs formes essentielles, base rectiligne de la large tête, bras dégagés du corps, tête ronde, scarification en « crête de coq »), il se caractérise notamment par cette coiffe singulière évoquant un bonnet strié, des oreilles orientées de face, des yeux larges et une nervure médiane divisant le visage en deux plans.

Sa rareté réside également dans la conservation des deux figures formant le couple. Selon Meurant (ibid., p. 152-153), l’iconographie de la statuaire ubangienne « s’exprime le plus souvent par la figuration de couples [en particulier] chez les Banda, Mbanza, Ngandi et Zande ». Très peu nous sont parvenus complets. Si leur signification précise demeure incertaine, « les figurations du couple symbolique étaient honorées et nourries pour obtenir santé, prospérité et fécondité ; pour protéger les cultures ou le village ou pour que la chasse soit fructueuse. Elles intercédaient – pour le village, le clan, la famille ou la personne – auprès des esprits qui régissaient les conditions naturelles et surnaturelles » (ibid.). Voir Grootaers (2007, p. 123, n° 3.17) pour un couple de statues Ngbaka comparable. 

Enfin, malgré leur parenté stylistique, la signification des statues Ngbaka et Mbanza diffère. Ces derniers n’érigeaient pas de châsse et de figures en l’honneur de leurs défunts. Selon l’administrateur territorial Georges Bril, les statuettes mbanza « attachées à un grand piquet placé devant la maison (ou placées dans la maison) stylisent le protecteur de la famille » et « chaque chef de famille cherche à s’en procurer une » (Bril, 1912, cité par J. Maes, 1938, p. 124). Morissens (cf. supra) les avaient décrites installées à l’entrée du village sous un toit de hutte, à l’instar des statues Ngombe honorées afin d’obtenir une chasse fructueuse (cf. Sotheby’s, Paris, 12 décembre 2012, n° 104). L’usure et la profonde patine sombre résultant d’onctions successives révèlent l’ancienneté de ce couple de figures protectrices, archétype de la rare statuaire Mbanza. 

Mbanza couple, Democratic Republic of the Congo

The statuary of Ubangi-speaking peoples from the north-westernmost part of the Congo is a product of the creative dynamic shared by a vast ethnic mosaic which occupies the Ubangi River region and spreads across the territories of the Central African Republic, the Democratic Republic of Congo and South Sudan. These very rare Mbanza couple figures illustrate both its profound stylistic homogeneity - imbued with a singular force - and the diversity of its expressions.

The study and interpretation of these figures is made complex both by the almost complete lack of historical data characterizing pieces from this region (collection information and field studies), the small size of the sculptural corpus, and the complexity of the Mbanza identity. The Mbanza are split geographically into four groups and, although they are linguistically related to the Banda, their culture is more akin to that of their Ngbaka neighbours, whose territory they encircle (Burssens in Grootaers, 2007, p. 129). Burssens (ibid.) stresses that due to the scarcity of "first-hand information on the Mbanza, only a few elements make it possible to attribute a specific series of statues to them." Amongst these elements is a drawing made by Belgian captain Geo Morissens (1898, p. 377) in 1897, during an expedition along the Lua river, and featuring six wooden "Banza Fetishes" - four human figures and two animal figures. This drawing, along with a few specimens collected in the early twentieth century, helped define a style, the archetype of which is considered to be embodied in this Mbanza couple (Meurant in Grootaers, ibid, p. 185). This pair of figures are very closely related to the neighbouring Ngbaka's style (outlines pared down to their essential features, broad head with a rectilinear base, arms away from the body, round head and "cockscomb" scarification), and are characterized by their unique coiffures, reminiscent of striped hats, their forward facing ears, which are incorporated into the outline of the face, their large eyes, and the central rib that divides their face into two separate planes.

The rarity of this couple is enhanced by the fact that both figures are in very good condition. According to Meurant (ibid, p. 152-153), the imagery of Ubangi sculpture "is most often expressed through the representation of couples (especially) for the Banda, Mbanza, Ngandi and Zande people." Very few of these couples have survived undamaged. Although their precise significance remains unclear, "the symbolic representations of couples were honoured and fed to ensure health, prosperity and fertility; to protect the crops or the village or to bring successful hunting. They interceded - on behalf of the village, the clan, a family or an individual - with the spirits that governed natural and supernatural conditions." (ibid). See Grootaers (2007, p. 123, n°3.17) for a pair of related Ngbaka statues. 

Finally, despite their stylistic closeness, the significance of Ngbaka and Mbanza statues is not the same. The latter did not make reliquaries or figures in honour of their dead. According to territorial administrator Georges Bril, Mbanza statuettes, "tied with a rope to a large pole in front of the house (or placed in the house), are a stylized embodiment of the protector of the family" and "the head of each family seeks to procure one" (Bril, 1912, mentioned in J. Maes, 1938, p.124). Morissens (cf. supra) described them standing at the entrance of the village, under a hut roof, like the Ngombe statues that were honoured in order to obtain a successful hunt (cf. Sotheby’s, Paris, 12 December 2012, No. 104). The wear marks and deep dark patina resulting from successive unctions reveal the age of this pair of protective figures, the archetypes of rare Mbanza statuary.