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Figure de reliquaire, XIXe siècle, Kota-Shamaye ou Shaké, Gabon
Description
- Figure de reliquaire, XIXe siècle, Kota-Shamaye ou Shaké
- wood copper and shell (non undanger)
- haut. 43 cm
- 17 in
Provenance
Succession Paul Guillaume, Paris (1934-1965)
Ader & Rheims, Drouot, Paris, Collection Paul Guillaume, novembre 1965, n°138
Collection privée
Exhibited
New York, MoMA, African Negro Art, New York, 18 mars - 19 mai 1935
Paris, Musée Dapper, Gabon, Présence des esprits, 20 septembre 2006 - 22 juillet 2007
Literature
Cunard, Negro. An anthology made by Nancy Cunard 1931-1933, 1934, p. 708
Sweeney, African Negro Art, 1935, p. 48, n°382
Dapper, Gabon, Présence des esprits, 2006, p. 91
Figure sur la photographie de Soichi Sunami des œuvres de l'exposition African Negro Art, à leur arrivée au MoMA
Condition
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Catalogue Note
Figure de reliquaire, Kota-Shamaye ou Shaké, boho-na-bwete, par Louis Perrois
Parmi toutes les figures de reliquaire connues du même type (cf. Fondation Dapper, La Voie des ancêtres, 1986, p. 30, tableau p. 74, Musée Dapper, Gabon, présence des esprits, 2006, pp. 90 à 92 ; Perrois, Kota, 2012, pl. 6 et 7), cette figure est l’une des plus expressives. Par ses volumes épurés et aigus comme par son décor minimaliste, elle reflète une haute spiritualité humaniste.
Cette délicate effigie en bois recouvert de fines plaquettes de cuivre rouge et de laiton jaune maintenues par des agrafes artisanales et de lamelles du même métal, se distingue par son petit visage ovale concave-convexe, pourvu d’un front très proéminent de forme pyramidale à quatre pans, appuyé sur les yeux. Ce volume étonnant est traversé par une bande médiane de métal formant deux des arêtes de la pyramide et le nez, en continuité. La partie haute de la face ainsi que le front sont décorés de lamelles parfaitement jointées, disposées à l’horizontale en arrière-plan des yeux, formant un discret contraste visuel entre les deux zones à lamelles. De part et d’autre du nez, les yeux circulaires en os sont fixés par de petits clous artisanaux. Le visage est particulièrement mis en valeur par une magnifique coiffe constituée de trois grosses nattes, de facture à facettes : deux se déployant en arrière du visage, et au revers, soigneusement traité – ce qui est très rare pour ce type d’effigie – une troisième, centrale, complétant un ensemble en ronde-bosse. Sur les zones non recouvertes de métal, le bois présente partout une épaisse patine brune, résultat d’un usage séculaire.
Le long cou cylindrique, mettant en valeur la tête de l’ancêtre tutélaire, surgit d’un piètement en "losange " évidé (manifestement d’inspiration "kota") mais à segments dissymétriques. Ce type de piètement est un marqueur significatif de cette variante de la boucle de l’Ogooué, probablement d’une forme très ancienne, moins commune – si l’on peut dire – que celle des Kota du Sud en losange régulier.
À cet égard, l’ancienneté de cette figure de reliquaire est évidente, bien qu’on ne sache rien des conditions de sa collecte in situ. On peut estimer qu’elle remonte au XIXe siècle.
En pays Kota-Shamaye, on l’appelle de façon générique "boho-na-bwete", la figure du bwete – c'est à dire l’ancêtre lignager. Elle surmontait un paquet reliquaire contenant des restes humains et autres ingrédients "fétiches", pris dans un amas de feuilles et de lanières de peaux animales (on distingue d’ailleurs une différence de patine, plus érodée, sur la partie inférieure du piétement). Ces sculptures étaient destinées au culte des ancêtres, faisant l’objet d’onctions et d’invocations de la part des initiés, lors des multiples occasions de la vie communautaire. C’était une représentation privilégiée du rapport permanent entre les vivants et les morts, un des concepts essentiels de la vie spirituelle des peuples du bassin de l’Ogooué.
Quant à son identification stylistique précise, elle n’est pas si simple qu’il n’y paraît de prime abord, même si l’usage chez les experts et autres amateurs est de les répertorier, depuis les années 50 surtout, comme "Kota" et maintenant, comme une variante "Shamaye". En effet, à l’étude des collections, on constate que pratiquement aucune des pièces de ce type n’est accompagnée d’indications précises ethno-géographiques de provenance. Or, il est sûr qu’elles viennent bien de la région comprise entre le nord-est de Lastoursville et Okondja, sur la rive droite de l’Ogooué, en aval de Franceville. C’est la zone parcourue par la "piste des Bakota" une ancienne voie traditionnelle allant de Lastoursville à Okondja par la vallée de la Sébé, c’est-à-dire reliant le pays des Bakota proprement dits (de langue dite "Kota-Kota") au pays des Obamba.
Cette région, d’une certaine complexité historique, fut une plaque tournante des déplacements des peuples "Kota" au XVIIIe siècle. Hormis les Shamaye du Nord, étroitement apparentés aux Mahongwe, les Shaké ont également peuplé jadis la zone qui nous intéresse, entre Lastoursville et Okondja. Cependant, aucune effigie funéraire ne leur a jamais été précisément "attribuée", bien qu’il y en eut dans tous les villages, c’est une certitude. Seuls quelques masques-heaumes de type "Emboli" leurs ont été concédés, tandis que leurs expressions sculptées les plus emblématiques se sont "fondues" de façon anonyme dans la masse des productions "Kota". Il est donc probable que cette petite effigie "boho-na-bwete" avec son étonnant front proéminent en pyramide, si délicatement décorée de plaquettes et lamelles de cuivre, ait été façonnée par ces peuples discrets de l’aire Kota.
The sole Kota piece within the auction of the former “Negro Art” collection of Paul Guillaume (1891-1934), this ancestor effigy is a superb illustration of Paul Guillaume's enduring commitment to the recognition of African art in avant-garde New York. In 1930, fifteen years after he first started collaborating with Marius de Zayas at the Modern Gallery (Biro in Dagen et Murphy, 2013, p. 54) Paul Guillaume was asked by Pierre Matisse and Valentine Dudensing to present a large collection of “rare African sculptures” at the Valentine Gallery - a major centre for the dissemination of European modern art in New York - amongst which the one at hand figured. It was subsequently chosen by Nancy Cunard to feature in her revolutionary Negro Anthology, along with poetry and texts by African American writers, and photographs of masterpieces of African art. In 1935, it was displayed at the MoMA in the iconic “African Negro Art” exhibition - the first African art exhibition to be held in a modern art museum - thus rounding off, in the wake of the death of Paul Guillaume, two decisive decades in the history of the reception of African art in the United States.
Reliquary figure, Kota-Shamaye or Shake, boho-na-bwete, by Louis Perrois
Amongst all known reliquary figures of the same type (cf. Fondation Dapper, “La voie des ancêtres”, 1986, p.30, table p. 74, Musée Dapper “Gabon, présence des esprits”, 2006, pp. 90 to 92; Perrois “Kota”, 2012, pl. 6 et 7), this is one of the most expressive. This is a piece, which, both in its streamlined and acute outline and in its minimalist decor, reflects a great humanistic spirituality.
This delicate effigy, fashioned out of wood covered in thin copper and yellow brass plates, held in place by handcrafted staples, and in thin strips of the same metal, is especially distinctive because of its small concave-convex oval face with a very prominent forehead in the shape of a four-sided pyramid that rests on the eyes. This striking volume is traversed by a central strip of metal, which turns into the two remaining edges of the pyramid on the one hand, and into the nose on the other, without interruption. The upper part of the face and the forehead are both adorned with perfectly jointed strips, arranged horizontally in the background, behind the eyes, thus creating a discrete visual contrast between the two strip-covered areas. On either side of the nose, circular eyes made out of bone are attached with small handcrafted studs. The face is especially enhanced by the magnificent coiffure made up of three large faceted braids: two of which unfold back from the face and to the rear, which is finely crafted - a rarity in such effigies - and a third, central one, that completes a set sculpted in the round. On areas not covered with metal, the wood bears a thick brown patina, both on the front and on the back, which indicates secular use.
The long cylindrical neck, emphasising the head of the guardian ancestor, emerges from a hollow “diamond” base (an obvious sign of “kota” inspiration) with asymmetrical segments. This type of base is a significant marker of this variant from the bend of the Ogowe, probably in an ancient, less common - as it were - form, than the Southern Kota's regular diamond shape.
In this respect, the antiquity of this reliquary figure is apparent, although nothing is known of the conditions of collection in-situ. It can be surmised that it dates back to the 19th century.
In Kota Shamaye country it is known generically as “boho-na-bwete”, the bwete figure - i.e. the lineage ancestor. It stood atop a reliquary package containing human relics and other “fetish” ingredients, wrapped in a pile of leaves and of animal hide strips (a different, more eroded patina can indeed be seen on the lower part of the base). These figures were used in ancestor worship rituals, with unctions and invocations made by initiates during the various occasions of community life. It stood as a privileged representation of the permanent relationship between the living and the dead, one of the key concepts of the spiritual life of the people of the Ogowe Basin.
As for its specific stylistic identification, it is not so simple as it first appears, despite the general trend amongst experts and other connoisseurs - especially since the 1950s - to identify them as “Kota” and, nowadays, as the “Shamaye” variant. Indeed, when studying collections, it is striking that almost none of the pieces of this type is accompanied by ethno-specific geographic indications of provenance. Yet it is certain that these effigies originate from the region comprised between the northeast of Lastoursville and Okondja, on the right bank of the Ogowe, downstream of Franceville. This is the area covered by the “Trail of the Bakota”, an old traditional route from Lastoursville to Okondja, through the valley of the Sebe, which is to say between Bakota country itself (where “Kota –Kota” is spoken) and Obamba country.
This region, with its complex history, was a major hub of population movements for the “Kota” in the 18th century. Aside from the Northern Shamaye, who were closely related to the Mahongwe, the Shake also once populated the area in question, between Lastoursville and Okondja. However, no funeral effigy has ever been specifically "attributed" to them, even though they must undoubtedly have existed in every village. Only a few “Emboli” type helmet-masks have been conceded to them, while their most iconic sculpted expressions have "melted" anonymously within the broad masses of “Kota” production. It is therefore likely that this small “boho-na-bwété” effigy, with its stunning pyramidal prominent forehead, so delicately adorned with plates and strips of copper, was fashioned by these discrete peoples of the Kota area.