Canne de dignitaire, Luba, République Démocratique du Congo

Collection privée, Belgique
Alain de Monbrison, Paris
Sotheby’s, Londres, 11 juillet 1988, n°109
Collection privée

Cette canne kibango se distingue par la beauté de la tête féminine marquant la transition entre la hampe recouverte de lamelles de cuivre enroulées en spirale, et la palette dibulu ornée de motifs géométriques profondément gravés. Emergeant en haut-relief, le visage impose dans la finesse des traits et l'élégance du haut front orné d'un diadème, l'autorité et la sagesse de la femme cautionnant le pouvoir dont le propriétaire de la canne était investi. Le volume - remarquable - est équilibré à l'arrière par un lourd chignon ajouré s'étirant à l'aplomb de la nuque, achevé par des tresses disposées en croix. 

Conceptuellement aussi complexes que les sièges à cariatides, les cannes cérémonielles font partie des regalia Luba. Transmises de manière héréditaire, elles constituaient des objets de prestige, et les insignes majeurs de l'autorité des dignitaires. Appartenant aux devins, aux membres du Mbudye, aux nobles et aux chefs territoriaux, les cannes kibango fonctionnent comme les réceptacles des histoires, des généalogies et des migrations d'une famille, d'un lignage ou d'une chefferie spécifique (Nooter Roberts & Roberts, 2007, p. 38-41). Les Luba considérant que les femmes sont les plus aptes à garder et préserver les secrets du pouvoir terrestre et spirituel, elles font partie des thématiques principales de ces cannes, comme ici. La tension des courbes et la douceur des modelés permettent d'attribuer cette canne de dignitaire à un atelier de l'entre Luvua-Lukuga. Voir Neyt (in Dapper, 1993, p. 142), pour une statuette cultuelle stylistiquement apparentée.