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Serge Poliakoff
Description
- Serge Poliakoff
- Composition Abstraite
- signé
- huile sur panneau
- 89 x 116 cm; 35 x 45 11/16 in.
- Exécuté circa 1954.
Provenance
Collection Dr Bachmann, Teufen
Vente : Perrin, Royere, Lajeunesse - Versailles Enchères, Tableaux Abstraits et Contemporains, Sculptures, 26 juin 2005, lot 90
Collection particulière, Paris
Exhibited
St-Gallen, Kunstmuseum, Serge Poliakoff, 1966 ; catalogue, no.19
Paris, Musée National d’Art Moderne, Serge Poliakoff, 1970 ; catalogue, no.37
St-Gallen, Galerie Im Erker, Serge Poliakoff, 1973
St-Gallen, Kunstverein St-Gallen, Ostschweizer Privatbesitz, 1977 ; catalogue, no.31
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Serge Poliakoff, 1986 ; catalogue, p.35, illustré en couleurs
St-Gallen, Kunstverein St-Gallen, Sammlung T, 1988 ; catalogue, no.52, illustré en couleurs
Literature
Alexis Poliakoff, Serge Poliakoff, Catalogue Raisonné, Volume I, 1922-1954, Paris, 2004, p.524, no.54-99, illustré en couleurs
Alexis Poliakoff, Serge Poliakoff, Catalogue Raisonné, Volume I, Monographie 1900-1954, Paris, 2004, p.117, no.105, illustré en couleurs
Condition
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Catalogue Note
Serge Poliakoff in his studio in 1954. © D.R.
« Pour l’avenir je mise sur Poliakoff ». En 1939, Kandinsky fait ce pari prophétique. Arrivé à Paris en 1923, Poliakoff rencontre Kandinsky en 1938. Au début des années 1940, il fait ses premiers pas dans l’Abstraction. Une décennie plus tard, il confirme sa place au premier rang de l’art non figuratif européen, entre Abstraction-Création et Seconde Ecole de Paris. Cinquante ans plus tard, Poliakoff est l’artiste le plus recherché de sa génération.
Dans les œuvres de Poliakoff en général, dans l’œuvre de 1954 en particulier, les formes organiques s’auto-construisent et s’auto-équilibrent. "Dans l'art, espace, proportion et rythme, sont le principal" (Poliakoff). Le peintre ne projette pas le tableau dans sa forme globale et définitive. Il crée à partir d’un nombre d’or dont l’ordonnance procède des voies impénétrables de la création. Dans l’œuvre de Poliakoff, l’inspiration, élaborée et cultivée, est empreinte d’une religiosité dont la source est à rechercher dans l’identité slave du peintre russe émigré en France. Si les formes construites et pourtant indéfinissables, équilibrées sans être calibrées, sont abstraites du référent à la réalité visuelle, la structure d’une toile comme celle de 1954 n’est pas sans évoquer les icônes orthodoxes. Comme elles, la composition des œuvres de Poliakoff repose sur le rayonnement et l’imbrication simultanés des formes. Elles atteignent solennité autant que plénitude. Avec Poliakoff, l’âme trouve pour ainsi dire une nouvelle grandeur dans l’Abstraction.
Juxtaposées sans cernes, les formes ne prennent chez Poliakoff leur forme générale et définitive que dans la couleur. Contrairement aux premières impressions, la couleur n’est pas une à l’intérieur des contours inexistants de la forme. En somme, pas un seul jaune dans un polygone peu ou prou polygonal. Reprenant l’image de l’œuf où le jaune est contenu dans le blanc, Poliakoff considère qu’une forme a (au moins) deux couleurs. Il fait de ce constat un principe. Ainsi le jaune, le rouge, le noir et le blanc de la toile de 1954 ne sont pas monochromes mais recèlent de nuances vibrant sous la couche picturale laissée mate. La technique de Poliakoff va de pair avec sa vision. Renonçant aux couleurs vendues en tubes, le peintre broie lui-même ses pigments et expérimente solvants et liants pour atteindre des effets de texture originaux. Sur une trame abstraite où la référence au ton local est abolie, les zones de couleurs surjacentes et sousjacentes entrent en communion. Il y a dans une toile comme celle de 1954, une mystique raisonnée de la couleur.
A la croisée des formes et des couleurs, Composition abstraite atteint magnifiquement cette zone de silence éloquent cher à Poliakoff : « Pour être peintre, il faut trouver le point exact où se rencontrent l’art, la science et la chimie… Si l’on y arrive, il règne alors dans les tableaux un silence complet : non seulement l’absence de bruit, mais un silence positif qui ouvre les yeux des humains sur un autre monde ».