Hendrick de Clerk

Collection de la Comtesse de Missiessy, Villa Regina, Pau;
Acquis auprès de celle-ci par la mère de l'actuel propriétaire le 27 octobre 1969.

This condition report has been provided by the parisian restorer Isabelle Leegenhoek. The panel is made of five oak planks vertical assemblies and consolidated on the reverse by cleats and enlined scotches. The center joint of the panel is opened and we note the presence of a slit developing from the top edge. The paint layer is applied on a clear preparation made with glue and is covered with a yellow varnish very irregularly cleaned and with several localized and altered repaints. We notice an accident on the wood at the baby Jesus. This accident presents an old restoration and it is covered with old varnish. The material is quite thin in places and present some worn places. The painting is in a state of preservation very decent but irregular. Some worn place need restoration, especially in the sky.
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Le tableau que nous présentons est une oeuvre inédite d'Hendrick De Clerck. Daté 1623, il peut donc être considéré comme un tableau tardif de l'artiste qui né vers 1570 à Bruxelles et y meurt en 1630. Nous retrouvons ici son style très distingué, caractérisé par l'élongation de ses figures, l'usage des couleurs métalliques ainsi que par le rendu sculptural de la lumière.
Nous ne savons que très peu de choses sur la vie et la formation d'Hendrick De Clerck. Il est répertorié comme élève du maître anversois Marten de Vos (1532-1603) [1], dont l'influence sur notre peintre est particulièrement notable dans sa façon de mettre en place ses compositions de manière claire et symétrique ainsi que dans sa préférence à présenter ses sujets de manière frontale.
Cependant le travail d'Hendrick De Clerck montre aussi une influence maniériste italienne, qu'il a certainement acquis lors de son séjour à Rome, où il est mentionné dans les écrits en 1587. Il a d'ailleurs probablement travaillé avec Joos van Winghe (1544- 1603) durant son séjour en Italie.
Notre tableau est peint alors qu'Hendrick De Clerck est rentré d'Italie. Toutefois on y trouve toujours une grande influence italienne, notamment celle du Parmesan avec qui l'artiste a très certainement été familier lors de ses années à Rome. Les poses allongées des figures, comme ici celle du mage Balthazar, et les expressions des visages très sentimentales, notamment dans la figure de Marie ou l'expression très humble que l'on retrouve sur le visage du Mage le plus âgé, Gaspard, sont typiques du maniérisme italien. L'attention que De Clerck a porté aux détails de sa composition est remarquable. On peut notamment admirer, à l'arrière-plan,  l'entière procession qui accompagne les mages, les costumes des mages sont magnifiquement travaillés par le peintre avec une attention portée aux détails très méticuleuse.
Il est difficile d'établir une chronologie dans l'œuvre d'Hendrick De Clerck car son style reste constant tout le long de sa carrière. Cela s'illustre lorsque l'on compare ce tableau de 1623 avec un tableau daté plus tôt, de 1590, Sainte Anne, la Vierge et l'enfant Jésus, réalisé pour l'église Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles, toujours conservé dans cette ville mais aux Musées royaux des Beaux-Arts (inv. no 53). On retrouve dans les deux œuvres le même usage de la lumière et les postures allongées des personnages. Un autre tableau représentant l'Adoration des Mages, daté 161(4), conservé au musée de Tarbes (inv. no. D56.1.1), présente les mêmes caractéristiques : un travail très précis sur les détails, une même grâce dans les personnages et une palette métallique aux reflets vibrants.

Au cours de sa vie Hendrick De Clerck a peint plusieurs grandes compositions religieuses pour des églises et des monastères à l'extérieur de Bruxelles, devenant ainsi le premier peintre à Bruxelles à répondre aux commandes de nouveaux tableaux qui permettraient de remettre en état les églises endommagées lors de la Réforme. Bien que nous ne connaissions pas la provenance ancienne de ce grand panneau, il est fort probable, au vue de sa taille, qu'il ait été peint pour une chapelle, une église ou un monastère.

En 1606, De Clerck devient le peintre de cour des archiducs Albert et Isabella, à partir de cette date il s'est mis à peindre un nombre croissant d'œuvres de cabinet reprenant des sujets mythologiques, il peignait souvent ces œuvres en collaboration avec des artistes tels que Jan Brueghel l'Ancien et Hendrick van Balen.

1. C. de Bie, Het Gulden Cabinet vande Edel Vry Schilder Const, Anvers 1661, p.163.