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Jean-Simon Berthélemy
Description
- Jean-Simon Berthélemy
- Les bourgeois de Calais
- Signé et daté en bas au centre Berthelemy 1782
- Huile sur toile
Provenance
Par descendance jusqu'au propriétaire actuel.
Exhibited
Literature
M. Sandoz, Jean-Simon Berthélemy (1743-1811), Paris, 1979, cité dans la notice du n°36, p.88
Catalogue Note
Le Siège de Calais est un thème important dans l'œuvre de Berthélémy qui le choisit comme sujet de son morceau d'Agrément à l'Académie en 1777. L'œuvre fut ensuite exposée au Salon de la même année où elle reçut l'éloge des critiques approuvant l'illustration de cet épisode de l'histoire nationale. En effet, le tableau fut conçu par Berthélémy dans un contexte où les artistes portaient un intérêt grandissant pour le passé médiéval français. Ainsi, au même Salon, le peintre Louis Jean-Jacques Durameau exposait La Continence de Bayard (Grenoble, Musée des Beaux-Arts) et Nicolas-Guy Brenet: La Mort de Duguesclin (Versailles, Musée National du Château). Son succès assuré, l'artiste conçut deux autres versions de l'œuvre, la première pour le Salon de 1779 avec L'Action courageuse d'Eustache de Saint-Pierre au siège de Calais (Musée des Beaux-Arts de Laon) et la deuxième, une réplique réduite de son morceau de réception correspondant au tableau que nous présentons, lui fut commandée par Jean Cousin de Méricourt en 1782. Le contexte historique de l'avènement de Louis XVI était en effet propice aux sujets historiques mettant en valeur la magnanimité royale.
L'histoire des six habitants désignés pour sauver la ville de Calais fut remise à la mode par la tragédie à succès de Buirette de Belloy (Le Siège de Calais, Paris, 1765). La pièce raconte comment les calaisiens furent épargnés par Edouard III d'Angleterre grâce à la volonté de six d'entre eux, prêt à se sacrifier en échange d'une reddition. Finalement la reine Philippa de Hainaut et son fils intercédèrent en faveur des malheureux qui furent épargnés. Ils sont généralement représentés en haillons, la corde au cou, apportant les clefs de la ville aux assiégeants.
Notre composition, également connue par une sanguine du Musée des Beaux-arts de Laon, rappelle fortement la célèbre Tente de Darius de Charles Le Brun (1660-1661, Versailles, Musée du Château) mais la remet au goût du jour en lui attribuant notamment une dimension théâtrale par l'attitude maniérée des personnages et le promontoire sur lequel se trouvent le roi et sa famille. Les bourgeois de Calais sont représentés misérables et pieds nus, toutefois le pathos de l'œuvre est totalement évacué par les couleurs joyeuses et les visages gracieux faisant de notre toile une oeuvre agréable créée pour flatter l'œil. Ces caractéristiques ne sont pas sans rappeler le style de Noël Hallé, maître de Berthélémy dont il resta très proche durant sa carrière.
Nous connaissons une gravure du Siège de Calais par Jean-Louis Anselin qui fut présentée au Salon de 1791 (Paris, Bibliothèque Nationale) ce qui contribua certainement à la diffusion et au succès de notre œuvre.