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Noël Hallé
Description
- Noël Hallé
- Le sommeil ou le Doux Repos
- Huile sur toile
Provenance
Vente Vieuville, Paris, 18 février 1788, n°120;
Vente Midi, d'André, Rouen, 22-23 prairial An VI (16 février 1798), n°58 (comme attribué à Claude Guy Hallé);
Dans la famille des actuels propriétaires depuis au moins la deuxième moitié du XIXeme siècle.
Literature
Mercure de France, septembre 1766, p.178-179;
O. Estournet, La famille des Hallé, Paris, 1905, p.147, n°92;
N. Willk-Brocart, Une dynastie Les Hallé, Paris, 1995, p.368, N24
Condition
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Catalogue Note
Le tableau a été gravé par Jean-Angustin Patour l'un des élève de Noël Hallé (voir fig.1).
Noël Hallé fils de Claude Guy Hallé, peintre lui-même, entreprit des études d'architecture avant de se tourner vers la peinture qu'il étudia tout naturellement aux côtés de son père puis de son beau-frère Jean Restout II. Artiste au parcours classique, prix de Rome et élève de Jean-François de Troy à la Villa Médicis, Noël Hallé fut un des peintres des genres religieux et historique les plus importants du XVIIIe siècle en France et reçut beaucoup de commandes royales, de l'Eglise et de la ville de Paris. Il devint professeur à l'Académie en 1755 et surinspecteur de la manufacture royale des Gobelins en 1770. Un des chantiers les plus prestigieux auquel il participa fut le cycle peint sur la vie de saint Louis pour la chapelle de l'école militaire commandé en 1772.
La réapparition du tableau que nous présentons constitue une importante redécouverte dans l'œuvre de Noël Hallé. En effet, le Sommeil n'était jusqu'à présent connu que par la gravure exécutée par Jean-Augustin Patour, son élève. On y retrouve la même composition que pour la célèbre toile La sainte Famille conservée au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, Là où se tient saint Joseph sur le tableau de l'Ermitage nous avons dans notre composition un berceau qui transforme la scène religieuse en tableau de genre. De plus, la figure de la mère, aux yeux mi-clos baissés vers son enfant endormi dans son giron, est un modèle bien connu de l'œuvre de Noël Hallé. On la retrouve à plusieurs reprises pour incarner la Vierge dans des tableaux représentant la sainte famille. Nous savons que le peintre prit pour modèle sa femme, Geneviève Lorry, qu'il avait épousé en 1751, ce qui peut laisser supposer que notre tableau a été peint autour de cette date. L'amour maternel est un des thèmes favoris de Noël Hallé qu'il exploita dans de nombreux dessins de son entourage pris sur le vif, en témoignent certaines feuilles, au lavis et à la pierre noire, conservées par la ville de Dijon représentant notamment une Jeune femme assise embrassant son enfant debout et une Jeune femme de face embrassant son enfant.
Le Sommeil a été peint durant la première partie de la vie du peintre, période durant laquelle ses scènes de genre sont inspirées du réalisme des frères Le Nain et des Ecoles du Nord qui connaissaient alors un grand succès à Paris. Cette production témoigne d'une analyse pointue de la société du XVIIIème siècle par Noël Hallé sans aucun autre parti pris que le regard objectif du peintre sur un épisode de la vie quotidienne, d'une mère et de son enfant. La simplicité du sujet est renforcée par la présence d'objets du quotidien, coupe contenant des œufs, berceau et brasero, traités comme des natures mortes pour donner plus de véracité à la scène. Ce même procédé se retrouve dans Une Savoyarde daté de 1756, autre charmante représentation d'une famille modeste dans son intérieur. En décrivant avec fidélité et bienveillance cette paisible scène, l'artiste répond aux demandes d'une clientèle affectionnant le caractère intimiste et raffiné des petits tableaux de chevalets qu'elle se plait à acquérir. Notre œuvre semble d'ailleurs avoir connu un certain succès en son temps, en témoigne la gravure de Patour et une copie, perdue, peinte par le comte Bréhan, peintre-amateur qui reproduisait au pastel des œuvres célèbres de tel que le portrait de l'Abbé de Saint-Non par Fragonard conservé au Musée du Louvre.
Notre toile forme à l'origine le pendant d'un autre tableau Un vieillard assis tenant une assiette, aujourd'hui disparu. Il n'est pas inintéressant d'interpréter le rapprochement des deux toiles et de leurs différentes figures comme une évocation des trois âges de la vie.
Nous remercions madame Nicole Willk-Brocard pour son aide dans la rédaction de cette notice.