PF1213

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Lot 23
  • 23

[Fleurs -- Anonyme]

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
bidding is closed

Description

  • [Fleurs -- Anonyme]
  • [certificat illustré d'horticulteur de la famille la broye, de lille].Lille [Pays-Bas espagnols], 1630.
In-folio (env. 440 x 310 mm). Sur peau de vélin. Originellement en 2 rouleaux, découpés en 19 feuillets de diverses tailles, parfois doubles, parfois dépliants, dont 27 sont ornés de fleurs et scènes diverses illustrant la vie de cette famille. Rouleau I : 15 feuilles, doubles ou dépliantes, 2 fois signées du clerc de la Chambre des comptes de Lille, J. Simon. -- Rouleau II : 4 feuilles, doubles ou dépliantes, portant une signature de J. Simon. Reliure de vélin du XIXe siècle.

Provenance

Louis-François Quarré-Reybourbon, de Lille (ex-libris du XIXe siècle). -- Paul Anatole Marie Denis du Péage, de Lille (1874-1952, ex-libris armorié).

Literature

Blunt & Stearn, The Art of Botanical Illustration (1994), pp. 127-146 ; P. Denis du Péage, Recueil de généalogies lilloises (1906-1908) ; A. Pavord, The Tulip (1999), pp. 137-177 ; L. Tongiorgi Tomasi, An Oak Spring Flora (1997), pp. 267-306.

Catalogue Note


En dépit de leur évidente importance historique, l'intérêt principal de ces manuscrits est d'illustrer le contexte de la culture des fleurs au temps de la "tulipomania" .
Le thème général est floral. Il porte non pas sur les fleurs sauvages, ou spontanées, mais sur les fleurs cultivées extrêmement coûteuses qui occupaient le devant de la scène au début du XVIIe siècle. L'insistance du présent manuscrit sur les fleurs exotiques est une tentative délibérée d'associer la famille La Broye à l'idée implicite d'opulence que présentent ces fleurs. La plus célèbre de ces plantes luxueuses était la tulipe, il n'est donc pas surprenant étant donné l'époque et l'endroit où ont été réalisés ces dessins de trouver une prédominence de tulipes dans ces manuscrits.
L'intérêt pour les fleurs dépassa dans les années 1620 le cadre de la cour, et de 1634 à 1637, les tulipes multicolores telles que celles qui sont illustrées ici alimentaient l'engouement pour la "tulipomania" des Pays-Bas. A l'apogée de cette mode, le coût d'un seul bulbe atteignait l'équivalent de la somme nécessaire à l'achat d'une maison de bonne taille au bord de la mer à Amsterdam. 
Ce manuscrit fait partie des plus anciens recueils illustrant les différentes variétés de tulipes : plus de vingt variétés sont représentées, et bien qu'elles ne soient pas identifiées, elles sont un précieux témoignage sur les plantes cultivées de l'époque. On y trouve également oeillets, narcisses, iris, lys martagon, roses et asters.

La majorité des images sont animées par l'ajout de différents membres de la famille La Broye, tous masculins, tous vêtus de costumes d'époque, et tous engagés dans de dignes occupations. Ces occupations sont principalement militaires : chassant, à cheval ou à pied, à la dague, ou même cuisinant, etc.

Ces deux documents, réalisés pour la famille La Broye de Lille, peuvent être datés de l'âge d'or de la ville, alors annexée aux Pays-Bas espagnols sous gouvernement espagnol. Un examen attentif de ce qui est aujourd'hui un recueil relié de feuilles de vélin de différentes tailles révèle qu'elles étaient initialement collées ensemble, en deux rouleaux, les panneaux d'illustrations agissant comme séparateurs entre chaque colonne verticale du texte. 
Ces rouleaux sont à rapprocher des certificats de noblesse réclamés dans le royaume d'Espagne. Pour atteindre au statut de gentilhomme, il était nécessaire à un individu dans le commerce d'arguer d'un statut suffisant pour justifier de son élévation sociale. Pour dresser cette preuve, la famille La Broye a retenu les services de J. Simon, premier greffier de la Chambre des Comptes de Lille. Les archives furent examinées pour trouver toute référence au bon travail et au niveau social élevé de la famille. Des extraits tirés de documents du XIIIe au XVIe siècles furent recopiés, chacun étant précédé d'un résumé et d'une note, et  attesté par J. Simon. Une synthèse globale porte la signature de J. Simon (rouleau 1 : signé deux fois et daté une fois 26 octobre 1630 ; rouleau 2 : signé une fois).